Une librairie, surtout une librairie de livres anciens, recèle et révèle toujours des trésors. Un coup d’œil rapide au rayonnage de l’excellente librairie tarasconnaise « Librairie ancienne et autres trésors» me l’a encore une fois amplement confirmé.
A côté de merveilles de
la littérature du XVIIIe siècle, à côté de la richesse du fonds
provençal, quelques recoins moins fréquentés permettent des découvertes. Ainsi,
un petit rayon Musique offre, outre
des monographies classiques sur des compositeurs, un ensemble de partitions
modestement mais soigneusement reliées : des opéras comiques, des
opérettes et un volume étonnant intitulé « Chants divers ».
Il s’agit d’un recueil de
16 mélodies pour voix et piano. Cela n’a rien d’extraordinaire à première vue,
mais le choix des morceaux est tout à fait significatif : il nous met en
contact avec les curiosités de mélomanes
de la fin du XIXeme siècle et, de la sorte, fait revivre toute une
époque.
On y trouve bien sûr
quelques compositeurs célèbres : César Franck et Jules Massenet – celui-ci
étant le maître de bien des auteurs rassemblés ici. La plupart sont oubliés
aujourd’hui, mais ils ont connu leur heure de gloire et ont contribué au
caractère particulier de la musique française de la fin du XIXeme siècle. Citons entre autres Emile Pessard (1843-1917), Ange Flégier (1846-1927),
Herman Bemberg (1859-1931) ou Max d’Ollone (1875-1959). Plusieurs d’entre eux
ont reçu la consécration avec un Grand Prix de Rome – le must pour un élève en composition aujourd’hui encore. Beaucoup ont
composé des opéras ou des opéras comiques, et de nombreuses d’autres œuvres
aujourd’hui oubliées.
Dans cet ensemble
d’auteurs, on relèvera deux compositrices dont on redécouvre les œuvres
aujourd’hui. Tout d’abord, Cécile Chaminade (1857-1944) dont un trio est encore
joué ainsi qu’un concertino pour piano. Puis, Augusta Holmès (1847-1903),
peut-être la fille d’Alfred de Vigny, ayant eu elle-même une vie amoureuse
assez remplie – elle épousa quelque temps le poète Catulle Mendès.
Ces mélodies,
généralement sentimentales, dans le goût du post-romantisme, sont toutes
agréables à chanter et à écouter, et très bien écrites. Certaines ont eu leur
moment de célébrité comme par exemple la Sérénade
ou Légende Valaque de Gaëtano Braga
(1829-1907), dialogue qui transpose au féminin une histoire semblable à celle
du Roi des Aulnes.
Il y a également quelques
mélodies populaires dont l’inévitable chanson napolitaine, Ô sole mio (en italien et en français) ou bien une chanson du Velay
intitulée Nicolas, dont le refrain
est en langue d’oc. Quel amateur éclairé - musicien,
musicologue, mélomane - aura la chance d’acquérir ce recueil ? Un client de passage
COLLECTIF. Chants
divers. Recueil de 16 partitions chant
et piano de la fin du 19eme siècle. Un volume in folio. Reliure demi basane
rouge, cartonnage uni rouge, dos lisse avec filets dorés, tranches mouchetées. Page
de garde colorée avec manque. Quelques annotations et rousseurs. 25 € + port
1 commentaire:
Voilatipas que des clients de passage - sans doute émus par l'indigence de mes articles quotidiens - rédigent à main levée des billets bien meilleurs que les miens !
Merci à ces contributeurs de passage pour leur extrême gentillesse. Rond de jambe et moulinets du chapeau devant tant d'érudition... Pierre ;-))
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