La France ne se porte pas très bien, ce matin. C'est du moins le message que vient de m'envoyer notre bon Président. C'est un ami ; nous avons le même âge, nous avons fréquenté les mêmes bancs d'école et séduit les mêmes jeunes femmes. Il lui arrive de me demander mon opinion sur un sujet épineux : là, c'est sur une méthode qu'il se propose de mettre en place pour résorber le chômage… Pierre, notre libraire tarasconnais, ne m'en voudra surement pas d'utiliser son blog de renommée internationale pour diffuser la réponse que je lui fais. François, de son côté, s'engage à lui acheter un livre ancien !
Son idée est toute simple : Il suffirait d'interdire le
droit au travail pour les femmes. D'ailleurs, il nous rappelle que la place de la
femme n'est pas dans l'entreprise. Son rôle est d'adoucir le présent de l'homme
et de préparer l'avenir en soignant ses enfants… Pour cela, elle devrait rester
à la maison (sic).
Il me semble que ces paroles de bon sens et de vérité
méritent d'être toutefois développées. Au moment où la sauvegarde de nos
valeurs morales prend un caractère d'impérieuse nécessité, il incombe aux
femmes d'incarner les idées de renoncement et de bonté qu'on leur a toujours prêtées.
Elles doivent montrer qu'elles sont, avant tout, des épouses et des mères ;
comme telles, n'ont-elles pas pour premier devoir d'assurer et d'assumer la vie
qu'elles ont donnée ? Ainsi, c'est sur la femme qu'il faudra compter pour rétablir
l'équilibre économique de la France… Voilà la grande idée !
Du reste, ce n'est pas sous l'influence de je ne sais
quel bas instinct lubrique que l'homme marié demande à son épouse un peu plus
de féminité, mais bien plutôt sous l'effet de cette loi naturelle qui veut que
chaque élément du couple puisse se compléter l'un par l'autre – l'homme amenant
l'intelligence et la femme, la beauté – afin de réaliser l'union parfaite des
sexes.
En fin psychologue, l'homme se doit cependant de laisser
aux femmes l'illusion de leur propre pouvoir dominateur. Quitte à avoir recours
au mensonge ! Cela tombe bien : le français est naturellement menteur, souvent
envers les hommes, toujours envers les femmes, et particulièrement envers la
sienne…
Il restera néanmoins quelques barrières à faire tomber
pour appliquer cette idée lumineuse. Il y a loin de cet idéal théorique aux
possibilités et aux réalités de la vie pratique. La femme au foyer, c'est très
bien, mais celles qui n'en ont pas, qui n'en ont plus – les hommes qui fument
et qui boivent payent malheureusement un lourd tribut à la société qui bosse – ou
celles qui n'en auront jamais en raison de leurs humeurs variables se verront,
bien souvent, contraintes d'aller chercher le moyen de vivre dans un travail
qui n'a rien de commun avec les aspirations légitimes de la femme au foyer. On
pourrait rouvrir les maisons closes, peut-être ?
Quelle angoissante alternative ! Et comment concilier les
différentes contraintes de l'intérêt national en préservant l'ensemble de ses
membres ? Pour la jeune fille, le
problème résulte du fait que les femmes ont, par malheur, toujours été supérieures aux hommes dans les études ! En attendant l'hypothétique mari de leurs rêves,
beaucoup d'entres-elles ont donc passé, avec succès, des examens et des
concours alors qu'elles eussent certainement préféré tapoter du piano, se
pencher mélancoliquement sur quelque métier de tapisserie, ou, poétiquement sur
quelque interminable broderie en attendant le mari espéré…
La vie est dure et difficile pour tous, François nous le
rappelle. Elle réclame des cœurs vaillants et des âmes trempées. Ce n'est pas
en récriminant contre elle, ou en se retranchant d'un air digne et offensé
derrière le préjugé moderne qu'une jeune fille doit faire des études qu'on
parviendra à résorber ce foutu chômage !
Et voilà pourquoi, nous semble t-il, cette mesure – l'interdiction
du travail aux femmes - doit s'accompagner de l'interdiction pour les
jeunes femmes d'avoir accès à l'instruction. C'est aussi simple que cela ! Cette
mesure est déjà mise en place avec bonheur dans de nombreux pays en voie de développement.
Quelques auteurs – et je pense en particulier à Paul de Magdeleine dont Pierre
présente un ouvrage à la vente aujourd'hui - objecteront, peut-être, que les hommes seraient,
pour la plupart, de gros fainéants qui ne méritent pas ce sacrifice imposé aux
femmes. Je n'en crois pas un mot ! Votre dévoué. Philippe Gandillet
MAGDELEINE (Paul de). L'Agnès d'aujourd'hui ou la femme
moderne. Lettre préface de G. Lacour-Gayet, membre de l'institut, Ouvrage
couronné par l'Académie française. 8eme édition. Paris, edition de la jeune
Académie, 1934.Broché à couverture dorée. Edition numérotée. 361 pages. Evoi
autographe à Mme Yves de Kergolay. 32 € + port
3 commentaires:
Enfin un sujet consensuel ! Pierre
pour les couples de meme sexe je pense dans ce cas a 2 mi-temps !
François n'avait pas pensé à ce cas de figure mais cela va dans le sens des demi-mesures qu'il affectionne...
Ph Gandillet
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