« Parmi ceux dont le talent ne peut être comparé à aucun autre, Robida est assurément un des premiers par l’Imagination, l’Esprit de facture, l’Érudition de la plume et du crayon et aussi par la variété des procédés. C’est un des plus extraordinaires tempéraments qui se soient produits dans notre pays au cours de ce siècle, un des mieux inspirés surtout pour la mise en livre hâtive et ingénieuse d’une idée toujours vivante et personnelle, suivi d’une exécution rapide et toujours excessivement fantaisiste...» Ce n'est pas moi qui l'écrit mais Octave Uzanne dans une publication de février 1901.
A Paris, en 1952, Hélène Colobry, orpheline fraîchement
émoulue bachelière ès lettres et sciences, arrive à Paris chez son tuteur, le
banquier Ponto. Celui-ci lui enjoint de se trouver une profession, arguant que
les toutes les carrières sont désormais ouvertes aux femmes. Tout en cherchant
sa vocation, Hélène parcourt la capitale…
Dans son roman, c’est avant tout la vie quotidienne des
années 1952 à 1959 que Robida s'attache à nous dépeindre. Il propose donc des
inventions intégrées à la vie courante : usines alimentaires, maisons
tournantes pour profiter de l’ensoleillement, mariages par téléphone,
spectacles trilingues…et, surtout, un système de télécommunications qui allie
visiophonie et télévision interactive, le téléphonoscope (c'est quand même plus chantant que
"ordinateur" !)
Dans cette société dominée par l’électricité et les réseaux,
les transports aériens, tels les aéronefs omnibus ou les aéroflèches, se multiplient
et côtoient les trains ultra-rapides. Avec le passage à l'audiovisuel, les
loisirs eux-mêmes se démocratisent, et le tourisme se développe.
Donc, aux avancées techniques, il fait bon vivre au XXe
siècle… La misère disparaît ; la justice se réforme : la peine de mort est
abolie, les prisons remplacées par des maisons de retraite. On ne peut pas
reprocher à Robida de s'être beaucoup trompé !
« Robida a su le premier
montrer un avenir où toutes les innovations techniques, aussi folles
aient-elles pu apparaître à ses contemporains, sont parfaitement intégrées, et
utilisées par tout le monde, naturelles en un mot, bref, une civilisation
future. Sans avoir les connaissances et les aides scientifiques de Verne, en se
fiant à sa fantaisie et à son intuition, il est le seul de tous les
anticipateurs du 19eme siècle et du début du 20eme à avoir présenté par avance un
tableau de notre présent qui ne soit pas trop éloigné de la réalité que nous
vivons aujourd'hui... » écrira d'ailleurs Pierre Versins (Avignonnais) dans son
Encyclopédie de la science-fiction.
Contrairement à Jules Verne, il propose des inventions
intégrées à la vie courante et non des créations de savants fous. Et chaque
fois, il imagine les développements sociaux qui découlent de ses inventions,
souvent avec justesse, comme la promotion sociale des femmes qu'il voit
électrices et éligibles, portant le pantalon, fumant, médecins, notaires ou
avocates… Et vous, comment imaginez-vous le monde dans 69 ans (nous serons en
2081) ? Pierre
Le
Vingtième Siècle. Texte et dessins. Paris, Librairie illustrée Montgredien et Cie, sd (vers 1883). Un fort volume petit in-4.
Reliure demi basane rouge, dos lisse, lettres et filets dorés, gardes colorées.
640pages, illustrations couleurs et noir et blanc in et hors texte. Bel
exemplaire sans rousseurs. Vendu
4 commentaires:
En 2081, si tout continue d’aussi bon train, on devrait vivre comme l’a décrit Paul Auster dans le Voyage d’Anna Blum, dans un chaos post-consumériste où tout organisation sociale s’est effondrée et où l’on survit tant qu’on peut rester attaché à son caddie qui sert à ramasser des déchets et que des bandes de pillards essaient de vous dérober. Textor
... ça, c'est pour le scénario.Il nous reste à trouver un bon illustrateur !
Et pourquoi ne pas supposer, comme Robida, que la vie soit meilleure ?
Pierre
Bonjour,
La planche «Paris, un soir de l'an 2000, après la sortie de l'opéra »
Est-elle présente dans cet ouvrage ?
Le voyage d’Anna Blume : belle histoire (enfin pour le souvenir qu’il m’en reste) qui se passe d’ailleurs en partie dans les ruines d’une bibliothèque :)
David
Planche bien connue (postérieure). Je ne sais pas si elle attachée à un ouvrage. Le récit, ici, se passe entre 1952 et 1959. Mais beaucoup de 74 gravures HT de l'ouvrage y font penser. Pierre
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