mardi 22 octobre 2013

Nouveau manuel du menuisier, de l'ébéniste et du layetier par les Encyclopédies Roret en 1843.


La collection des Manuels-Roret se présente sous la forme  de petits manuels, complets en eux-mêmes, abordant tous les thèmes de la vie pratique. En 1822, Nicolas Edme Roret publia son premier manuel et posait ainsi la première pierre de ce qui allait devenir l'incontournable "Encyclopédie Roret". Vingt ans plus tard la collection dépassait les deux cent titres. Elle augmenta jusqu'à la fin du 19eme siècle pour avoisiner les trois cents titres, puis déclina pour prendre fin dans les années 1930 avec son fils Edme Roret.


Soucieux de mettre en oeuvre une pensée raisonnée, le projet s’inspire de la philosophie des Lumières. C’est aussi un projet d'industrie, soucieux de raisonner la production. C’est enfin un projet grand public soucieux de mettre cette raison pratique à la portée de tous. Et ce fut une réussite, quand  on constate l’abondance des rééditions et la renommée du produit ! Une renommée toujours actuelle : presque deux siècles après le lancement des premiers volumes, les Manuels-Roret continuent d’être utilisés par les praticiens et hommes de l’Art, voire les industriels en recherche de légitimité historique.


Un regard rapide sur l’utilisation qui peut être faite des Manuels-Roret, donne à voir deux sortes d’usage. Soit une utilisation pratique comme ce manuel du menuisier, de l'ébéniste et du layetier (fabricant de caisses d'emballage), semé de bons conseils et de méthodes infaillibles, soit une approche que l'on appellerait aujourd'hui de "sociétale" et qui utilise ces manuels comme une source d'informations essentielle sur la vie au 19eme siècle. Le collectionneur fait souvent partie de cette deuxième catégorie.


Et le bibliophile, me direz-vous ? Ces livres populaires, à la typographie simple, aux illustrations ramassées et aux reliures sans éclat (quand elles existent) devraient moins l'intéresser, je suppose…


Les artistes, les artisans continuent de consulter les manuels, comme à l’époque de leur publication. Pour connaître une technique, savoir comment elle était pratiquée, pour communiquer ce savoir, voire le remettre en vigueur, on va voir ce qu’en disent les Manuels-Roret.  Plusieurs domaines se distinguent néanmoins au travers de la multiplicité des champs couverts : un domaine franchement technique, un domaine nettement artistique, un domaine plus directement scientifique, un domaine culturel enfin, tout particulièrement au sens du savoir-vivre.


Qui l’éditeur employait-il pour remplir ce contrat ? La compétence primait, on s’en doute, dans le recrutement des auteurs. Une compétence solide ce qui ne signifiait pas forcément - ce qui signifiait même rarement - le plus diplômé dans le domaine : trop chers, trop occupés, ces auteurs là auraient donné à la collection une allure d’ouvrages universitaires, ce qui aurait pu effrayer le lecteur commun, le détourner de l’acquisition des volumes, et donc provoquer un résultat opposé au but recherché…


On peine donc à savoir qui fut ce Monsieur Nosban ! Tout juste nous dit-il dans la préface qu'il a amélioré cette édition par rapport aux précédentes et en particulier par rapport à la première mouture qu'il écrivit en 1827. On croit reconnaître, dans la formulation, un fervent républicain tendance franc-maçon. Mais je peux me tromper !


En fait, il faut voir dans ces manuels des ouvrages de vulgarisation et non des traités scientifiques. Les encyclopédies Roret sont et resteront un imposant témoignage des savoirs faire artisanaux et technologiques des 18eme et 19eme siècles. C'est peut-être pour cette raison qu'ils nous sont si chers et si abordables à la fois.... Pierre


NOSBAN. Nouveau manuel complet du menuisier, de l'ébéniste et du layetier, contenant tous les détails utiles sur […]. 2 Tomes in 16 (14,5/9cm). Paris, Librairie Encyclopédique De Roret, 1843. Rliure demi-basane fauve, dos lisse, motifs, filets et titres en lettres dorées. X , 311pp – 338pp. Complet des 14 planches dépliantes en fin d'ouvrage. Quelques rousseurs. Bel état. 130 € + port

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Pierre,
Je les trouve particulièrement beaux.
mais je ne vois pas pourquoi vous faites une différence entre les collectionneurs de ce type de livres et les bibliophiles. Y-aurait-il une catégorie de personnes dont la bibliophilie se résume à la grosseur du porte-monnaie ou à l'intransigeance sur la qualité parfaite.
je ne comprends pas pourquoi les uns ont le dessus sur les autre?
merci de bien vouloir éclairer ma lanterne, si besoin avec l'aide de votre ami et maître M. Gandillet.
Bien à vous,
Sandrine
;-)

Pierre a dit…

Sa présence ne sera pas nécessaire (dans un premier temps) ;-))

Il y a dans ces manuels Roret une volonté politique de dépouillement des publications, que ce soit pour la typographie, le papier, le format ou la couverture qui font que ces ouvrages (collectionnables par ailleurs) n'ont pas les critères des livres de bibliophilie.

Cela ne veut pas dire qu'ils ne seront pas prisés par certains bibliophiles mais reconnaissons cependant qu'ils ne mettent pas en valeur les artisans du livre (typographes, relieurs, etc...) !

- Ce sera tout ?
- Un jour, je l'aurai... Un jour, je l'aurai ;-))

Amicalement. Pierre

Textor a dit…

Appelez-moi le Directeur !
Je partage l’avis de Sandrine, il n’y a pas de haute et de basse bibliophilie il n’y a que l’amour des livres, point-barre, et il ne se mesure pas au prix d’acquisition, qui est une valeur relative (Regardez les Elzevier qui s’arrachaient à prix d’or au XIXème et qu’il faut maintenant regrouper par lot de trois dans les ventes pour décider un amateur) ni à la qualité du papier.
Ces petits Roret ont bien du charme, surtout aussi joliment reliés que les vôtres; ils nous décrivent des techniques artisanales en voie de disparition, ils ont leur place sur les rayons des bibliophiles.

Textor

Daniel a dit…

Ils ont au moins un gros avantage pour le bibliophile, c'est qu'après les avoirs lus il peut se construire une belle bibliothèque pour ranger ses vrais livres de collection

Textor a dit…

Juste ! Alors qu’après avoir lu le Confessionale Defecerunt scrutantes scrutinio de Antoninus Florentinus, (Ulrich Zell,1468) il n’est guère plus avancé pour monter sa bibliothèque…
Textor

Pierre a dit…

Vos avis éclairés sont d'un grand secours, Sandrine, Daniel et Textor ;-))

L'erreur est peut-être de confondre les livres de bibliophilie et les livres des bibliophiles qui sont dans la même bibliothèque mais pas sur les mêmes rayonnages.

Je vous présenterai bientôt un petit livre de Marcel Domergues intitulé : Les Après-midi d'un libraire. C'est un ouvrage sur les bibliophiles, ce n'est pas un ouvrage de bibliophilie à proprement parlé, mais c'est un ouvrage qui a sa place sur les rayonnages de tous les bibliophiles...

Parler des livres, c'est déjà de la bibliophilie ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

je reviens vers vous,
merci pour ces éclairages dans la nuit de ma bibliophilie.
c'est vrai un livre de bibliophile et un livre à caractère bibliophilique ...
:-)
Je note.
Et je suis quand même bien d'accord avec Textor.
cependant posséder un livre sur les équerres et la façon de les utiliser ne fait pas de vous un bon équerreur ... Il n'y a guère que mes livres qui sont d'équerres. les étagères ... Font ce qu'elles peuvent.
je viens de lire votre article sur l'après midi d'un libraire et ... Dommage, il est déjà vendu!!!!
Bien à vous,
Sandrine.