" La nature commence l'homme, et l'éducation l'achève. Par elle, ses facultés deviennent des talents ; ses penchants, des vertus ; par elle se perpétuent d'âge en âge, avec les traditions de la science, les leçons de la sagesse ". Tel fut le début de l'éloge fait à Charles Rollin par l'Académie (la petite, celle des Inscriptions !).
" Rollin servit l'enseignement par ses travaux ; il honora sa carrière par des talents et des vertus. Pour le louer, il suffit de raconter ce qu'il a fait, de montrer ce qu'il a été. Je n'offenserai point, par le faste de mes louanges, la mémoire d'un sage : je parlerai rarement de sa gloire ; mais je parlerai souvent de sa bonté, et sans doute son ombre ne repoussera point cet éloge…"
Rollin avait soixante ans lorsqu'il commença à écrire en français, n'ayant pratiqué jusque-là que la langue latine. Le succès obtenu par le Traité des études (1726) l'encouragea, et, de 1730 à 1738, se succédèrent les treize volumes de son Histoire ancienne que je propose aujourd'hui à la vente , aussitôt suivie de l'Histoire romaine, dont les cinq premiers tomes, seuls, sont de lui.
L'érudition de Rollin était assurément bornée, et il n'entendait que médiocrement le grec. Ses Histoires ne sont guère qu'une compilation sans critique des écrivains anciens. Ces défauts lui furent durement reprochés par quelques contemporains, mais il en fut dédommagé par le très légitime succès de ses ouvrages, et surtout par le magnifique éloge qu'en fit Montesquieu : " Un honnête homme qui a, par ses ouvrages d'histoire, enchanté le public ; c'est le coeur qui parle au cœur ; on sent une secrète satisfaction d'entendre parler la vertu ; c'est l'abeille de la France ".
Charles Rollin est né à Paris en 1661. Fils d'un coutelier originaire de Montbéliard, il fit un apprentissage du métier de son père. Un bénédictin dont il servait la messe remarqua son intelligence et lui obtint une bourse. Rollin fut pris en grande estime par son principal, il fit ses humanités, sa philosophie et étudia la théologie. Il prit ensuite la tonsure, mais n'entra pas dans les ordres. Son professeur Hersan lui abandonna en 1683 sa classe de seconde, et en 1687 sa chaire de rhétorique, puis en 1688, la chaire d'éloquence au Collège de France. De 1730 à 1738, Rollin publia son Histoire ancienne qui eut un très grand succès. Il récidiva avec son Histoire romaine que je vous propose aujourd'hui à la vente.
Paris
1738-1748. Rollin ne put faire paraître de son Histoire romaine depuis la
fondation de Rome jusqu’à la bataille d’Actium que les premiers volumes
(1738-41) avant sa mort et l'ouvrage fut achevée par Jean-Baptiste-Louis
Crevier. Il est l'auteur des volumes VIII à XVI, et la fit suivre
d'une Histoire des empereurs romains jusqu'à Constantin, qu'il publia en
1750.
Histoire romaine depuis la fondation
de Rome jusqu'a la bataille d'Actium, c'est à dire, jusqu'à la fin de la
République. A Paris, chez les frères Estienne, rue
Saint-Jacques, à la vertu, 1758, Estienne et Desaint & Saillant, 1754. 16
volumes in 12. Reliure plein veau marbré, dos à nerfs filets et motifs des
caissons dorés, pièce de titre en maroquin cerise, filet sur les coupes, gardes
colorées, toutes tranches rouges. 10 gravures sur acier hors texte et cartes
géographiques dépliantes (T1 : 2 / T3 : 1 / T4 : 2 / T5 : 3 / T6 : 1 / T12 : 1).
Nombreuses vignettes, lettrines et cul de lampes. Quelques défauts de reliure,
intérieur parfait. Bel ensemble de l'édition complète. 410 € +port
5 commentaires:
Peut-être une découverte liée à mes préjugés sur la demande d'ouvrages chez le libraire : le XVIIIeme siècle ne semble pas très tendance depuis que j'ai débuté ce métier alors que j'ai toujours eu l'impression que c'était une valeur sûre ?
Sans doute, un confrère qui me lit pourra t-il me donner son avis ?
Pierre
J'ai aussi l'impression que ce siècle est maintenant coincé entre le XIXe XXe qui revient à la mode sur quelques auteurs et les livres plus anciens, une désafection sans doute liée à l'offre trop importante en ouvrage du XVIIIe. Il reste pour le moment une valeur sur et porteuse sur les textes et évenements qui ont marqués ce siècle, édition des lumières, philo, encyclopédie, révolution...Pour ce qui est architecture ou médecine c'est certain qu'il faut mieux un Vitruve de 1547 par Martin,un Vesal ou Ambroise Paré du XVIe qui seront plus prisé que des traités du XVIIIe. Comme dans une fraterie sur cinq siècles d'imprimerie, le XVIIIe a pour le moment la place du milieu, la plus inconfortable, mais attendons un siècle et il sera résolument dans l'ancien, cela reste donc de manière presque certaine une valeur sûre.
Daniel B.
Bien d'accord avec Daniel, le XVIIIe reste le siècle des Lumières et nous lui sommes redevable de nombreuses avancées dans le domaine des sciences, notamment les sciences de la vie ; pensons aux Maupertuis, Spallanzani, Needham ...
Relisons également les nombreux billets de Bernard sur la Physique, dans le Blog du Bibliophile.
René
Vous me rassurez : j'attendrai donc le siècle prochain pour les proposer sur le blog ;-))
Seul avantage de cette désaffection momentanée : leur prix d'achat est raisonnable. Pierre
J'ajouterais que les livres du XVIIIème siècle sont encore bien imprimés, dans de belles mises en pages, avec des fers et culs de lampe variés et qu'on ne pourra pas en dire autant des livres plus récents.
Textor
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