Contrairement à l'idée commune, la séparation des apothicaires d’avec les épiciers n’a été réalisée qu’en 1777 à Paris et les premières écoles de pharmacie, ancêtres des facultés de pharmacie, n’ont été crées qu’en 1803. Ce n'est qu'avec le début du 21eme siècle que ces deux grands corps professionnels ont, de nouveau, étés réunis… Je vous présente aujourd'hui un ouvrage de référence de L. V. Brugnatelli, médecin de Pavie, professeur de chimie générale et membre de nombreuses sociétés savantes dont la " Pharmacopée " fut l'outil de bases de nombreux potards du 19eme siècle.
Avant l’essor d’une discipline pharmaceutique autonome à la fin du XVIIIe siècle, l’apothicairerie était sous tutelle intellectuelle de la médecine universitaire, qui dispensait seule des enseignements de pharmacie. Les médecins qui rédigeaient des ordonnances de préparations, que l’on qualifie aujourd’hui de magistrales, se devaient d’avoir des connaissances approfondies sur la manière de préparer les médicaments. Ces connaissances étaient présentées dans des livres de recettes qualifiés d’" antidotaires " puis de " pharmacopées " au milieu du XVIe siècle. Ces ouvrages de référence, éminemment pratiques, étaient rédigés par des médecins ou des collèges de médecins, et avaient valeur de référence pour les apothicaires qui devaient se conformer aux indications qu’elles renfermaient.
L'apothicaire devait avoir quelques vertus qui se sont transmises au fil des siècles " Il doit être prudent, sage, de bonnes moeurs, modéré en ses passions, sobre, craignant Dieu, laborieux, vigilant, ayant appris la langue latine, qui lui est nécessaire pour pouvoir entendre les livres latins de son art et les ordonnances des médecins, et possédant un bien raisonnable pour subvenir aux dépenses considérables auxquels il est obligé. Il doit faire un apprentissage de trois ou quatre années selon les statuts, chez un habile Maître, après quoi il est bon qu’il voyage, et qu’il travaille dans les principales villes du Royaume, où la pharmacie se fait avec le plus de réputation pour se former dans la vacation et pour apprendre les différentes manières d’opérer… "
En écrivant ces lignes, je me demandais si ce sage conseil de l'époque était encore respecté " Je conseillerais à tous les jeunes médecins d’aller voir opérer les apothicaires, et de mettre la main à l’oeuvre, au moins pendant une année, avant que d’entreprendre de pratiquer, ils seraient bien plus sûrs de leur fait quand il s’agirait de prescrire leurs ordonnances " ! Ce principe judicieux a d'ailleurs été mis en place, dès la création des écoles, chez les vétérinaires français qui sont médecins mais aussi pharmaciens…
Un des plus illustres détracteurs des apothicaires reste Molière qui disait : J’ai connu un homme qui prouvait par bonnes raisons qu’il ne faut jamais dire : « une belle personne est morte d’une fièvre et d’une fluxion sur la poitrine », mais : « elle est morte de quatre médecins et de deux apothicaires ! ». Les temps ont bien changé depuis.
L'ouvrage que je présente est en deux tomes reliés en un
seul volume. Présentant des signes d'usure, il a été habilement restauré par
votre serviteur… Il vient s'adosser à l'excellent recueil de recettes précieuses que j'ai présenté la semaine dernière et qui permettra aux pharmaciens qui n'utilisent pas de génériques
de faire des miracles ;-)) Pierre
BRUGNATELLI (L.V.). Pharmacopée générale à l'usage des
pharmaciens et des médecins modernes ou Dictionnaire des préparations
pharmaceutico-médicales simples et composées les plus usitées de nos jours,
suivant les nouvelles théories chimiques et médicales. Ouvrage traduit de
l'italien, avec des notes, par L.A. Planche. Paris, D. Colas, 1811. 2 tomes en
1 volume in-8. Reliure pleine basane brune, dos lisse. 379 pp. + 360 pp.
Complet du frontispice-portrait de l'auteur et des 5 planches dépliantes. Des
rousseurs et des mouillures claires. Défauts de reliure restaurés. 65 € + port
5 commentaires:
Le blog a donné lieu à la création d'une notice bibliographique dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France. Il lui a été attribué un numéro international normalisé (ISSN) : 2268-4891
Je prends ça pour un compliment ;-)) Pierre
Y a-t-il un pharmacien dans le blog ? Il sera ravi de lire l'introduction de ce billet. :-)
L'avantage de ces anciennes pharmacopées c'est qu'elles sont très lisibles car elles nous parlent encore de la nature. Quant aux modernes pharmaciens ils conservent un aspect de bienfaiteurs au moment du règlement : c'est le plus souvent comme si on les payait avec la carte de crédit d'un autre.
Jean-Michel
J'ai déjà essayé de mettre ma carte vitale dans un distributeur de billet de ma banque. Il ne donne que des certificats de bonne santé ;-)) Pierre
le membre dont il est question au début, c'est une jambe, non ? pour trouver savate à son pied.
Bien lu, Calamar ! De l'approximation de mes doigts sur le clavier, j'ai tiré une symphonie de non-sens.
C'est un truc à perdre l'agrément que vient de m'octroyer la bibliothèque nationale de France ! Il va peut-être falloir que je relise tous mes anciens billets...
Mais j'aime bien l'idée d'une société savate ;-))
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