mardi 13 août 2013

Louis Jou, Charles Galtier et la Provence...


Bucolique : Relatif à la vie des paysans, à la vie à la campagne ou à la poésie pastorale.
Baussenque : Relatif aux Baux de Provence
Bucoliques baussenques. Pourquoi ce titre alors que Les Baux ne paraissent même pas dans les évocations de paysages et de souvenirs si ce n'est dans les images qui accompagnent le texte (très belles images de Louis Jou, d'ailleurs) ? C'est que la présence des Baux domine la vallée et règne sur les Alpilles… Ce chaos de roches, ce spectacle de ruines, ce plateau, vaste terrasse qui commande les oliviers, la Crau et la mer, s'imposent toujours à vous quand vous descendez dans notre Provence mistralienne.


Charles Galtier (1913-2004) fut instituteur dans sa commune natale, Eygalières. Il se livra à de nombreuses recherches ethnologiques, devint conservateur du musée Mistral de Maillane et chargé de recherche au C.N.R.S. Son œuvre, extrêmement abondante et couvrant plus d'un demi-siècle, comprend des recueils de contes L'erbo de la routo 1953 ; Tres conte pèr Calendo,1965 ; Conte dis Aupiho, de Crau e de Prouvènço, 1970), des nouvelles (le Nid de calao, 1980), des poésies (Lou creirés-ti ?, 1949 ; Sèt saume de la sereneta 1970), un roman (le Chemin d'Arles, 1984) et divers livres descriptifs sur la Provence.


[Glané sur André Feuille] Charles Galtier a rencontré Louis Jou pour la première fois aux Baux en 1945 à l’occasion d’un article qu’il lui consacra. Après avoir lu ses poèmes dans la revue Marsyas, dirigée par Sully-André Peyre, Jou souhaitait depuis plusieurs années faire un livre avec le jeune auteur. Ce projet prit forme en 1952. Lorsque Charles Galtier demanda à Louis Jou quel genre de texte il désirait, celui-ci répondit : 


- C’est toi le poète, tu fais ce que tu veux. (Il disait « tu » et « vous » dans la même conversation, parfois dans une même phrase.)
- Mais encore ?

- Je voudrais une vingtaine de lignes pour remplir la page sous un de mes bois. Un bois, un poème à chaque page. Je fais le bois, toi, le poème, on voit après ce qui va ensemble. Ce qui ne va pas on le jette !


Pour faire cadrer, il fut nécessaire, à plusieurs reprises, de modifier le texte. À ce sujet, Jou écrivait à Galtier le 23 avril 1953 : " Ci-joint deux essais de composition de vos poèmes. (...) Voilà le volume des poèmes à fixer. Qu’ils soient de cette dimension, c’est très nécessaire. Il faudra ou couper ou allonger. C’est un boulot, mon vieux, mais c’est cela qui compte dans la vie. Que les Dieux vous inspirent et amicalement à vous. ". Composition et tirage furent effectués simultanément, de telle sorte, que la composition commencée en avril 1953 fut terminée fin mai 1954, l’achevé d’imprimer étant du mois de juin suivant.


Ce livre est un des plus parfaits de la dernière période de Jou, et Charles Galtier, garda toute sa vie à "l’artisan du livre" une profonde gratitude pour la joie qu’il lui donna en l’associant à son œuvre.


Louis Jou est parvenu à faire du livre typographique l'un des symboles de l'histoire du livre. " Maître des caractères, il dessine et fond ses propres caractères. Maître de la mise en page, il donne des indications précises au fabricant de papier sur le dosage des pâtes ; et il crée, ici, un rouge orange dans les encres que l'on n'a jamais pu reproduire. Dessinant, gravant lui-même les illustrations et ornementations, il parachève avec une presse à bras la construction totale de ses livres. Pierre


GALTIER (Charles). Les Bucoliques baussenques. Les Baux : Les Livres de Louis Jou, 1954. Un volume  In-4° (250 × 330). [6], III, [3], 52 feuilles, [3]. Tirage : 135 exemplaires dont 10 sur japon nacré, numérotés de I à X ; 50 sur vergé Guarro, de 1 à 50 ; 75 sur papier à la forme du Moulin Richard de Bas, de 51 à 125 ; 10 HC, marqués de A à J. Le notre Hors commerce N° J. Broché à couverture rempliée et illustrée. Bois gravé en pleine page, en couleurs (brun, ocre, rouge) : écusson aux armes des Baux dans un large encadrement de feuilles d’acanthe ; sur le deuxième plat, marque de Louis Jou. Deux feuillets blancs, faux titre en noir sur motif gravé. Page de titre : Dans un large encadrement de feuillage, Bucoliques Baussenques, en noir ; une vignette rouge ; Les livres de Louis Jou, en noir. - Préface (3 p.) de Sully-André Peyre : bandeau et lettre ornée. Deuxième faux titre avec bois gravé. Texte : cinquante-deux poèmes en prose tirés en belle page (verso blanc, non numéroté) ; chacun de ces poèmes est surmonté d’un bois gravé (100 × 150) formant bandeau; tirage en noir. Bois gravé en fin d'ouvrage. Colophon également surmonté d’un bois. La suite de bandeaux consacrés au pays baussenc est le seul exemple qu’ait donné Jou d’illustration d’un livre exclusivement avec des paysages. Dix-huitième volume de la collection " Les Livres de Louis Jou ". Des rousseurs parsemées. Vendu

1 commentaire:

Pierre a dit…

J'ai profité de cette occasion pour étoffer le catalogue des œuvres de Louis Jou. Pour amateur, évidemment ! Pierre