lundi 29 juillet 2013

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Le tango argentin à l'honneur…


Vous ai-je dit que j’avais inventé, il y a quelques années, une danse alors que je m’ennuyais pendant un séjour à Buenos-Aires ? C’était à l’occasion d’une série de conférence organisée par mes collègues de l’Académie. J’avais amené ma guitare et comme je parle parfaitement espagnol avec un petit accent argentin, les gens aimaient m’écouter chanter, le soir, sur les places de la ville.


Plus tard, j’ai appris que des instrumentistes s’étaient inspirés de mes improvisations pour créer une danse populaire, appelée " Tango " - du nom de mon chien à cette époque - qu’ils exécutaient à l’occasion de milongas, bals populaires très prisés par les autochtones...


J’ai, depuis ce temps, suivi avec beaucoup de bienveillance cette mode passagère dont je fus l’involontaire instigateur jusqu’à ce que, la semaine dernière, la ville de Tarascon organise deux milongas sur la place du théâtre en mon honneur . Je n’aime pas trop parler de moi, vous le savez, mais il m’était difficile, et Pierre notre libraire tarasconnais le comprendra aisément, de passer sous silence cet événement qui restera dans la mémoire des habitants et dans cette dernière causerie de la saison estivale…


J’ai un peu dansé, exécuté quelques nouvelles passes qui ont fait frémir mes partenaires mais c’est quand j’ai pris le bandonéon, quand j’ai fait glisser mes doigts sur le clavier et tiré profondément le soufflet que j’ai compris que ma notoriété dépassait largement le cadre de la gloire littéraire dans laquelle on me réduit au Quai Conti.


Ils m’appelaient "El Gandillot" ! Ma voix, pleine de magie disaient-ils, triompha même à New York où je fis la connaissance d'un jeune argentin de 13 ans à qui j’appris à jouer du bandonéon et qui fit une belle carrière par la suite. Mais ce succès, bordé de nuits blanches, m’éloignait du dictionnaire… Mes collègues de la coupole, buttant sur l’orthographe du  mot " aménorrhée ", me demandèrent de rentrer en France. Je pris alors le prétexte d’un grave accident d’avion où je survécu par miracle pour retourner à mes livres et laisser la fausse légende de ma disparition faire le reste…


Tous ceux qui parlent aujourd’hui du tango ou entendent parler de cette musique l'associent  maintenant à mon nom " El Gandillot " ; Philippe Gandillet en français.  Est-ce mon charme et ma prestance qui ont fasciné les femmes ?  Ma voix unique et éternelle gravée sur les sillons de quelques disques de vinyle qui les a troublées ?  Je ne saurais le dire. Toujours est-il que cette renommée, adossée à mes talents de plume, fait qu’il m’est de plus en plus difficile de passer inaperçu à la librairie de Pierre, en ce moment.


Ce matin, encore, j’ai trouvé des bouquets de fleurs devant la porte close. Il semble que toutes les générations qui ont assisté aux différentes facettes de mon génie aient rivalisé à qui y laisserait le plus imposant témoignage de sa reconnaissance. Ce spectacle organisé en mon honneur en est la preuve. Il est à souhaiter que les tarasconnais, quels qu’ils soient, fassent cependant abstraction de leur goût personnel, et comprennent que tout l’art français n’est pas concentré dans ma seule personne…


Je retourne donc, dès la fin de semaine, à Paris où je me perdrai dans l’anonymat dû aux immortels. A ce propos, à part le mien, pourriez-vous, de mémoire, citer cinq noms d’académiciens encore vivants ?

Votre dévoué. Philippe Gandillet

5 commentaires:

christophe a dit…

El Gandillot, Homo perfectus, que de surnoms glorieux !

Pierre a dit…

Si on ne peut accorder du crédit à toutes les gausseries de Ph Gandillet, voici, relaté par un spécialiste dont je tairai le nom la vrai histoire du Flamenco !

Histoire du Flamenco, La Historia del Flamenco.
(en néerlandais Het Geschiedenis van het Stam Planché.)

A l’époque de Charles Quint, se produisait en Belgique un très grand artiste : Jean de Malines et de Furnes mieux connu comme Jan van Mechelen en Veurne ou en espagnol, Rrrruan Malinos y Fuernès.

Nous sommes donc à la cour de Charles V en juin 1523 ( la date est importante) où il y a grand spectacle de chanteurs, jongleurs et autres artistes dont Jan van Mechelen en Veurne. Il jouait de la guitare à long manche et portait le pantalon fort étroit de l’époque : « el calçon ».

L'artiste est tout à sa prestation quand brusquement el calçon se déchire et une partie intime de l’individu se coince dans les cordes. Sous la douleur, il se met à pousser des cris : « Ouie, ouie, ouie ». Comme un malheur ne vient jamais seul (nous sommes en juin) une guêpe, qui n'attendait que ça, le pique cruellement et cette fois, il s’écrie : « Aie, aie, aie ». Il essaye de l’attraper en tapant des mains et parvient finalement à la faire tomber au sol, il la piétine alors sauvagement (mouvement bien connu des danseurs espagnols et qu’on appelle zapateado).

Sa majesté est fort impressionnée et se tournant vers un de ses conseillers lui demande, bien entendu en flamand qui était la langue de la cour à cette époque lors donc que Charles V était né à Gand : « Wie is da peï ? » (Qui est ce bonhomme ) . « Esta el flamenco, exellencia »

Depuis lors des milliers de Belges et d’étrangers d'extractions diverses - basses de préférence - se rendent en Espagne pour admirer ce qui au fond fait partie du patrimoine culturel belge.

Jeanmi a dit…

Si ce n'était une tête de fémur hors d'usage, comment j'irai le danser ce tango ! Danse la plus lascive que je connaisse, c'est faire l'amour au carré...

Pierre a dit…

Très lascive (la femme ferme souvent les yeux) sans vulgarité, je confirme... Pierre

Nadia a dit…

Moi, je préfère Keen'V.....