Les travaux de Mirabeau en Provence…

H.G.R - Un visage qui nous en rappelle un autre - D.S.K

Les éditeurs, la veuve Lejay en l'occurrence, présentent parfois en début de leurs ouvrages des avertissements qui sont révélateurs d'une l'époque. Lisez donc celui-ci :

" J'avais du faire cette collection avec M. Frochot ; et M. Frochot n'a pu m'aider (ce n'est pas ma faute !).

On trouvera dans cette collection des fautes de style. Si elles sont de moi, je m'avoue coupable et je demande grâce ; Si elles sont de Mirabeau, je m'explique – Mirabeau improvisait le plus souvent – il suffisait qu'il fut expressif. – J'ai mis de la religion à conserver les incorrections de Mirabeau. Elles sont le fruit du génie (ce n'est pas ma faute !).

Je ne livre au public que deux volumes, parce que je sais que le public est pressé de lire les travaux de Mirabeau en Provence (ce n'est pas ma faute !).

Mon discours préliminaire n'en est pas un, il est mal ordonné ; mais un ouvrage qu'on pouvait prendre pour le mien venait de paraître, et je me suis pressé d'écrire… à la fin de l'ouvrage, je ferai mieux (ce n'est pas ma faute !). "

De mon côté, je ne vaux guère mieux que notre éditeur car je ne propose, aujourd'hui à la vente, que le tome I de la collection (ce n'est pas ma faute !).

L'auteur de l'ouvrage, M. Méjan, lui-même, reconnaît que son travail aurait pu être facilité : " M. Frochot, devenu l'exécuteur testamentaire de Mirabeau n'a pu m'aider dans ma grande entreprise, quoiqu'il en eût pris avec moi l'engagement (ce n'est pas ma faute !).

Certes, l'ouvrage eût été fait avec plus de talent ; croyez, messieurs, qu'il n'aurait pas été fait avec plus de zèle (ce n'est pas ma faute !). "

Je propose l'ouvrage dans un cartonnage d'époque plutôt bien conservé. L'intérieur est très frais. Quelques défauts d'usures sont cependant à noter sur le premier plat (ce n'est pas ma faute !).

Mon exemplaire est complet de sa carte dépliante mais l'édition originale de 1791 était proposée avec un frontispice qui n'est pas dans cette édition de 1793 (ce n'est pas ma faute !).

Il ne rassemble, dans ce tome I, que les discours faits aux états de Provence (ce n'est pas ma faute !).

Député en 1789, Mirabeau (1749 -1791) faisait lui-même remonter sa famille aux Arighetti, gibelins de Florence chassés de leur patrie en 1268, et réfugiés en Provence, où ils s'occupèrent de commerce. L'ardeur de sa, colère dominait l'Assemblée. Nommé président de l'Assemblée en janvier 1791, il mourut peu après des suites des fatigues de la tribune jointes aux excès ininterrompus d'une vie de plaisirs. " J'emporte avec moi le deuil de la monarchie ; les factieux s'en disputeront les lambeaux " dira t-il avant de mourir (ce n'est pas ma faute !).

En novembre 1792, la découverte d'une armoire de fer aux Tuileries livra la preuve des subsides qu'il avait touchés de la cour. " Capable de tout pour du l'argent, même d'une bonne action ", disait Rivarol. Michelet, plus compréhensif, dira : " Y eut-il corruption ? Oui - Y eut-il trahison ? Non ", formule que l'on pourrait recycler aujourd'hui par : ce n'est pas ma faute !  Pierre

MEJAN (Étienne). Collection complète des travaux de M. Mirabeau l'aîné à l'Assemblée nationale, précédée de tous les discours et ouvrages du même auteur, prononcés ou publiés en Provence, pendant le cours des élections. Paris, Imprimerie de la veuve Lejay, 1793. Un volume in-8 – tome I seul. Reliure cartonnage bleu, dos lisse, pièce de titre en lettres dorées sur fond havane. [1f bl], 60 pp - 396pp - iv, [1f bl]. Bel état. 45 € + port