Nicolas de Staël, né à Saint-Petersbourg en 1914 et jusqu'à son suicide, n'a conservé de son ascendance slave que le romantisme et le désespoir. Proche du Tsar, son père est vice-gouverneur de la forteresse Pierre-et-Paul. La révolution russe de 1917 contraint sa famille à s'exiler en Pologne, où meurent ses parents. Orphelin, il est recueilli par un couple russe de Bruxelles. En 1939, il s'engage dans la Légion Etrangère et arrive au début des années 1940, à Nice avec sa compagne, Jeanine, rencontrée au Maroc. Il rencontre là Jean Arp, Sonia et Robert Delaunay, Alberto Magnelli, et sous leur influence, peint ses premières toiles abstraites qu'il baptise "Compositions".
En
1943, il arrive à Paris, où il fait la connaissance de César Domela, un autre
peintre de l'abstraction. C'est une période difficile. Il souffre de la faim et
du froid et doit brûler les boiseries de son appartement pour se chauffer.
Jeanine sa compagne meurt de cette misère, mais il continue à peindre, quelques œuvres figuratives, mais aussi des oeuvres abstraites au besoin sur les draps
de son lit, qui montrent l'influence sur lui de Magnelli et de Domela. La
Galerie Jeanne Bucher accepte en 1944 de l'exposer, en pleine occupation
allemande, alors que les nazis qualifient l'abstraction "d'art
dégénéré".
Il passe un tournant entre 1950 et 1952, et se lance dans la composition de
paysages, de natures mortes selon une approche de la réalité résolument
nouvelle, sans doute sous l'influence de Braque, de Lapicque ou de Lanskoy. Il
simplifie ses compositions, éclaircit sa palette, la peinture prend de la
matière avec de larges à-plats, au couteau ou à la spatule. De ses tableaux
émergent alors la couleur, la lumière, la vie, l'espace.
Il
décide de retrouver alors la lumière du Midi, et s'installe à Antibes, à
l'automne 1954, dans un atelier ouvert sur la mer. En six mois, il réalise,
solitaire, plus de 300 toiles, aux thèmes variés, des natures mortes, des
paysages, des scènes sur le port, un bateau, un vol de mouettes, une carafe sur
une étagère. Sa peinture, qu'il applique alors au coton, apparaît de plus en
plus transparente et fluide. " Je n'ai plus la force de parachever mes
tableaux ", écrit-il alors. C'est au pied du fort Vauban au Cap
d'Antibes que s'achève le 16 mars 1955 son parcours. Une immense toile qu'il
n'a pas achevée, " Le Grand concert " reste orpheline ce jour là…
Toute
l'œuvre de Nicolas de Staël s'est développée en un temps très court d'une douzaine
d'année à partir de 1940, dans une violence de création et une passion rares
caractérisées par l'antinomie constante entre l'expression figurative et
l'abstraction.
Y aura-t-il encore des acheteurs pour faire grimper le prix de
certaines de ses toiles, acquises dernièrement en SVV de 4 à 5 millions
d'euros soit plus du double de l'évaluation de l'expert d'Artcurial ? Il semble que Nicolas de Staël soit bankable comme on dit, en
ce moment, sur le tapis rouge des marches de Cannes… Pierre
DUBOURG (Jacques) / STAËL (Françoise de). Nicolas de Staël.
Paris, Le Temps, 1968. Collection panoramique. Présenté par André Chastel,
lettres de Nicolas de Staël annotées par Germain Viatte, catalogue raisonné des
peintures de Nicolas de Staël (1914-1955) établi par Jacques Dubourg, directeur
de galerie, et Françoise de STAËL, épouse de l'artiste (1925-2012). 1 volume in-4
(21,7 x 27cm). Reliure éditeur pleine toile noire sous jaquette à rabats illustrée
en couleurs, emboîtage noir illustré en blanc. 407 pages. Très nombreuses
illustrations en noir in texte, vignettes et pleines pages, 40 planches
couleurs dont 4 dépliantes. Biographie de l'artiste, bibliographie et chronologie
des expositions in fine. Très bon état. Rare dans son emboîtage illustré. Vendu
2 commentaires:
Je me souviens d'une belle expo à la fondation Gianadda, voici 10 ans, peut-être plus.
On peut être néanmoins surpris par le prix d'achat des toiles vendues par Artcurial. Mon livre à côté fait un peu ridicule ;-)) Pierre
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