jeudi 16 mai 2013

Nicolas de Staël : Une peinture qui se bonifie avec le temps...


Nicolas de Staël, né à Saint-Petersbourg en 1914 et jusqu'à son suicide, n'a conservé de son ascendance slave que le romantisme et le désespoir. Proche du Tsar, son père est vice-gouverneur de la forteresse Pierre-et-Paul. La révolution russe de 1917 contraint sa famille à s'exiler en Pologne, où meurent ses parents. Orphelin, il est recueilli par un couple russe de Bruxelles. En 1939, il s'engage dans la Légion Etrangère et arrive au début des années 1940, à Nice avec sa compagne, Jeanine, rencontrée au Maroc. Il rencontre là Jean Arp, Sonia et Robert Delaunay,  Alberto Magnelli, et sous leur influence, peint ses premières toiles abstraites qu'il baptise "Compositions".


En 1943, il arrive à Paris, où il fait la connaissance de César Domela, un autre peintre de l'abstraction. C'est une période difficile. Il souffre de la faim et du froid et doit brûler les boiseries de son appartement pour se chauffer. Jeanine sa compagne meurt de cette misère, mais il continue à peindre, quelques œuvres figuratives, mais aussi des oeuvres abstraites au besoin sur les draps de son lit, qui montrent l'influence sur lui de Magnelli et de Domela. La Galerie Jeanne Bucher accepte en 1944 de l'exposer, en pleine occupation allemande, alors que les nazis qualifient l'abstraction "d'art dégénéré".


Il passe un tournant entre 1950 et 1952, et se lance dans la composition de paysages, de natures mortes selon une approche de la réalité résolument nouvelle, sans doute sous l'influence de Braque, de Lapicque ou de Lanskoy. Il simplifie ses compositions, éclaircit sa palette, la peinture prend de la matière avec de larges à-plats, au couteau ou à la spatule. De ses tableaux émergent alors la couleur, la lumière, la vie, l'espace.


Il décide de retrouver alors la lumière du Midi, et s'installe à Antibes, à l'automne 1954, dans un atelier ouvert sur la mer. En six mois, il réalise, solitaire, plus de 300 toiles, aux thèmes variés, des natures mortes, des paysages, des scènes sur le port, un bateau, un vol de mouettes, une carafe sur une étagère. Sa peinture, qu'il applique alors au coton, apparaît de plus en plus transparente et fluide. " Je n'ai plus la force de parachever mes tableaux ", écrit-il alors. C'est au pied  du fort Vauban au Cap d'Antibes que s'achève le 16 mars 1955 son parcours. Une immense toile qu'il n'a pas achevée, " Le Grand concert " reste orpheline ce jour là…


Toute l'œuvre de Nicolas de Staël s'est développée en un temps très court d'une douzaine d'année à partir de 1940, dans une violence de création et une passion rares caractérisées par l'antinomie constante entre l'expression figurative et l'abstraction.


Y aura-t-il encore des acheteurs pour faire grimper le prix de certaines de ses toiles, acquises dernièrement en SVV de 4 à 5 millions d'euros soit plus du double de l'évaluation de l'expert d'Artcurial ?  Il semble que Nicolas de Staël soit bankable comme on dit, en ce moment, sur le tapis rouge des marches de Cannes… Pierre


DUBOURG (Jacques) / STAËL (Françoise de). Nicolas de Staël. Paris, Le Temps, 1968. Collection panoramique. Présenté par André Chastel, lettres de Nicolas de Staël annotées par Germain Viatte, catalogue raisonné des peintures de Nicolas de Staël (1914-1955) établi par Jacques Dubourg, directeur de galerie, et Françoise de STAËL, épouse de l'artiste (1925-2012). 1 volume in-4 (21,7 x 27cm). Reliure éditeur pleine toile noire sous jaquette à rabats illustrée en couleurs, emboîtage noir illustré en blanc. 407 pages. Très nombreuses illustrations en noir in texte, vignettes et pleines pages, 40 planches couleurs dont 4 dépliantes. Biographie de l'artiste, bibliographie et chronologie des expositions in fine. Très bon état. Rare dans son emboîtage illustré. Vendu

2 commentaires:

Textor a dit…

Je me souviens d'une belle expo à la fondation Gianadda, voici 10 ans, peut-être plus.

Pierre a dit…

On peut être néanmoins surpris par le prix d'achat des toiles vendues par Artcurial. Mon livre à côté fait un peu ridicule ;-)) Pierre