Calvo : Illustrateur de bandes dessinées à la française...

Calvo fait partie de ces auteurs de bandes dessinées dont le nom a été oublié alors qu'ils ont marqué leur époque et influencé les plus grands, Uderzo le premier. Presque une cinquantaine d’oeuvres répertoriées, dont certaines font aujourd’hui figures de classiques, sont à mettre à l'actif de ce remarquable illustrateur animalier. Mais il n’a cependant jamais eu la renommée d’un De Brunhoff avec son Babar ou d’un Rabier avec son Gédeon…

Pourtant, ses œuvres sont rarement inconnues de la génération d’après guerre qui appréciait ses petits "Mickeys" : Cricri et Matou, Coquin le cocker, Patamousse le lapin, Moustache et Trottinette... Parallèlement il illustre des fables et des grands classiques de la littérature enfantine (Le Petit Poucet, Cendrillon, Robin des bois ...) et publie directement aux éditions G.P., ce que l’on a coutume de considérer comme ses chefs-d’œuvre : La bête est morte et Rosalie.

Ce sont ces deux ouvrages que je propose aujourd'hui à la vente. Il est intéressant de noter que Calvo ne voulut jamais évoluer dans l’anonymat et qu'il refusera par exemple un emploi d’animateur chez Disney, qui connaissait bien son œuvre. 

Calvo était un bourreau de travail, un auteur boulimique d’un petit monde grouillant sans cesse grandissant voire même délirant ; il pouvait passer plus de douze heures de sa journée, attaché à sa table à dessin. A partir de 1955 et jusqu’à la fin de sa vie il ne se consacrera plus qu’à une seule série Moustache et Trottinette qui reste son œuvre la plus connue du grand public et qui court sur des centaines de pages. Il revient au noir et blanc ce qui permet d’apprécier pleinement son talent graphique sans le moindre artifice.

Calvo meurt en 1958 dans l’indifférence quasi générale à l’exception toutefois d’Uderzo qui lui fera un bel hommage posthume dans Pilote. 

Le style graphique de Calvo se caractérise par un sens extraordinaire du mouvement. Cette dynamique est renforcée par un savant dosage de la figuration en arrière-plan. Certes, on peut déplorer le fait qu’il n’ait jamais rencontré l’intérêt qu’il méritait sûrement. Peut-être est-il arrivé ou trop tard ou trop tôt, comme disait de lui Wronka dans un article qu'il lui avait consacré ? Pierre

CALVO. La bête est morte! .La guerre mondiale chez les animaux. Fascicule premier. Quand la bête est déchaînée. Editions G.P., Paris 1944. In-4. 15 feuillets sans pagination. Édition originale (caricature de la couverture avant le procès de Disney) avec des nombreuses illustrations en couleur. Cartonnage illustré sur les deux plats. Dos restauré. Couverture frottée, intérieur parfait. Vendu

C'est la guerre mondiale chez les animaux. Dessiné et peint en pleine occupation allemande, l'album «La Bête est morte !» est publié dans le troisième mois de la Libération. Cette œuvre unique, ce bestiaire sanglant qui s'inscrit dans la longue tradition du symbolisme animalier, est à l'image de cet épisode le plus monstrueux de l'histoire de l'humanité : féroce et impitoyable... Et s'il est vrai que Victor Dancette, auteur du scénario, ignore les nuances, on trouve dans cet ouvrage le témoignage émouvant d'une indignation nationale et, surtout, une éclatante démonstration d'art dans la bande dessinée.

CALVO. Les aventures de Rosalie. G.P. Edition GP, 1946. In-4. Cartonnage illustré sur les deux plats. 32 pages. Édition originale. Dos frotté. Bel état extérieur et intérieur. Vendu

On l'appelait Rosalie. Le plus ancien du garage, le vieux balai barbu, racontait qu'au temps de sa jeunesse, il avait connu Rosalie déjà vieille, si bien qu'on pouvait penser que sa naissance remontait aux temps héroïques du début de l'automobile. Pourtant Rosalie n'aspirait pas au repos et ne rêvait qu'aventures et grands voyages. Le soir, pour se consoler, elle racontait ses souvenirs. Le soir, car dans la journée il régnait au garage une belle ardeur au travail.