samedi 25 mai 2013

Félicien Rops sans carré blanc...


Vous savez que je rétribue à prix d'or quelques lecteurs qui me font l'honneur de m'envoyer un article sur un ouvrage, un auteur ou un illustrateur qu'ils apprécient. Étant, et c'est bien connu, un spécialiste du genre " Curiosa ", René [de B.L.C] m'envoie ce billet fort bien illustré sur un artiste belge parfois  caricaturé en raison sa réputation sulfureuse… Et notre ami bibliophile de nous montrer, grâce à un carnet de croquis en sa possession, que le talent ne se résume pas à une réputation mais au travail de préparation !
Félicien Rops (1833-1898) artiste belge, peintre, dessinateur et graveur, né à Namur. Le beau Fély est principalement connu par ses gravures érotico-sataniques dont beaucoup ont été réalisées pour servir de frontispice et d'illustrations à des ouvrages sulfureux du XIXe, parmi lesquels : Les Bas-fonds de la Société de Henry Monnier, Le Diable au corps d'Andrea de Nerciat, Les Épaves de Baudelaire, Gamiani de Musset, Point de lendemain de Vivant Denon, les œuvres de Barbey d'Aurevilly, de Péladan, de Mallarmé. Le caractère érotique de cette partie de son œuvre entravera d'ailleurs sa reconnaissance publique. Félicien Rops est avant tout un dessinateur, il fit usage de différentes techniques : les crayons, le pastel, la détrempe, la gomme. Comme graveur il excercera son talent par la lithographie, la gravure en creux (eau-forte, pointe sèche et aquatinte) et l'héliogravure. Il avait pourtant gardé une prédilec-tion pour la peinture, particulièrement les paysages et les scènes de genre, il dessine et peint sur les bords de la Meuse, du Danube, à Barbizon, à Monte-Carlo, en Espagne ou en Algérie. Ces oeuvres furent longtemps délaissées avant d'être redécouvertes dans la seconde moitié du XXe siècle.


Je vous présente ici quelques pièces extraites d'un carnet de croquis où Rops crayonnait des esquisses, soit au hasard, soit dans un but précis. Il y notait également divers renseignements : des adresses, des repérages, des réflexions, des listes de plantes.

Une barque et quelques personnages, marins ou mariniers
Des gens du peuple avec quelques indications vestimentaires, on remarquera l'adresse d'un fournisseur de lampes et un amusant exercice de prononciation anglaise ...

Des gens du peuple
Les spectateurs d'une course hippique.

Derby day.
Détails divers avec quelques indications de matière et de couleur, probablement en vue d'une illustration "médiévale" ? Une liste de fournitures et une adresse. 


Travail de préparation
A gauche une esquisse fort sommaire mais très évocatrice ; à droite le dessin plus achevé d'une femme allongée sur une banquette, avec de nombreuses indications de couleurs.

Esquisses
Rops à réalisé plusieurs gravures sur ce thème, notamment l'eau forte de la Petite Liseuse.

Une femme lisant 
Je n'ai pas pu identifier ce personnage mais j'ai néanmoins une idée, qui n'est peut-être pas la bonne : Tres capita, una mens, le trio Félicien Rops, Étienne Morannes, Eugène Demolder - Etienne Morannes, pseudonyme de Claire Rops, fille de Félicien et Eugène Demolder son mari. Peut-être s'agit-il d'un dessin de sa fille, une des trois Capita ?
Mon cher Capita.
Rops s'intéressa toute sa vie à la botanique et au jardinage, parfois en compagnie de l'éditeur Auguste Poulet-Malassis, exilé en Belgique de 1863 à 1871. Il tenait cette passion de son père, grand amateur de plantes qui faisait croître dans sa vaste propriété des arbres exotiques et cultivait en serre des spécimens de flore tropicale.

Liste de plantes
Ces quelques exemples simplement pour vous montrer que Félicien Rops ne s'est pas cantonné dans le genre particulier qu'on lui connaît généralement... René

16 commentaires:

Pierre a dit…

Encore merci à René pour sa bienveillance à mon égard ;-)) Pierre

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Uzanne aurait été d'accord avec vous René, puisque dans tous les articles qu'il lui a consacré (La Plume, L'Art et l'idée, etc), Uzanne insiste sur le talent "autre" de Rops, celui qui n'est pas attaché au genre érotique ou érotico-satanique. Certes. Et Uzanne l'a défendu bec et ongle dans ce domaine. Cependant. Car il y a un cependant. Uzanne n'a jamais demandé à Rops que des illustrations grivoises et/ou justement fémino-érotiques ou satanistes (voir son Altesse la Femme notamment) et Uzanne a par ailleurs collectionné "aussi" et surtout ce genre de dessins ou gravures de Rops. Par ailleurs, quand on plonge dans la correspondance intime de Rops, que ce soit avec Uzanne ou d'autres, on prend toute la mesure du caractère de Rops en la matière. Rops ne vivait peut-être pas que par les femmes et pour les femmes (certes il y avait ses roses et ses fleurs) mais tout de même ! On est en présence du plus insatiable (comment dit-on en anglais : fucker ?? ;-) de tous les temps !

B.

Jean-Paul Fontaine, dit Le Bibliophile Rhemus a dit…

On peut le dire autrement : c'était une sacrée bande de pinailleurs !... toutes étymologies confondues.

Pierre a dit…

Voilà qui bien résumé, Jean-Paul ;-)) Pierre

Pierre a dit…

Uzanne et Rops ont-ils inventé le genre " illustration satanique", Bertrand ? Pierre

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

A vrai dire je n'en sais rien Pierre. Je sais seulement que Rops et Uzanne avaient le projet (avorté) d'écrire et d'illustrer un livre sur la femme diabolique ... satanique ... de la à y voir une invention ;-) ...

B.

Pierre a dit…

Félicien Rops est plutôt un illustrateur "tendance" bien coté en SVV.

Si vous aviez acheté ce carnet de croquis, il y a vingt ans, un prix raisonnable - c'est une supposition ;-)) - pensez-vous qu'il aurait, aujourd'hui, une valeur nettement supérieure, René ? Pierre

Anonyme a dit…

Pour le savoir, il faudrait que ce genre de carnet passe régulièrement en vente, ce qui n'est pas le cas, tout au moins à ma connaissance.
Quant aux gravures il faut être fort attentif, beaucoup sont des hélio qui doivent plus à l'artisan imprimeur qu'à l'artiste - Rops lui-même en a sans doute un peu trop abusé vers la fin. Cependant, je suis bien loin d'être un expert en la matière.

René

Pierre a dit…

Vous touchez un point qui n'est pas sans me laisser dans l'embarras quand des personnes me demandent l'estimation d'un ouvrage unique, René (dédicace ou croquis comme ici) !

J'envie les professionnels sûr d'eux et je suis médusé des prix constatés en SVV pour les autographes, par exemple. Pierre



Anonyme a dit…

Je ne voudrais pas être amené à donner des estimations. Une expertise est l'expression d'une opinion : je peux tout évaluer, sous réserve d'erreur évidemment !

L'éternelle loi de l'offre et de la demande : le prix d'un livre ou d'un autographe est celui que l'acheteur veut bien y mettre, à la valeur des vieux papiers il tend vers 0. Pour un autographe il dépend de l'auteur, de sa notoriété et de sa plus ou moins grande disposition à le répandre.

René

Pierre a dit…

Une expertise est l'expression d'une opinion, vous avez tout à fait raison, René ! Mais les experts sont pourtant souvent critiqués.

Peut-on imaginer une vente où l'expert ne soit pas obligé de donner une estimation ? Est-ce obligatoire, en fait ? Pierre

sebV a dit…

Non pas obligatoire, quelques ventes mineures en province se passent d'estimation.
L'estimation n'est utilisé que comme argument marketing par les svv.
Bien plus malins que les libraires qui affichent un prix élevé pour consentir éventuellement un rabais, ils affichent un prix bas pour appliquer par la suite un surcoût.

Pierre a dit…

Quand on y pense, un ouvrage avec une dédicace, d'autant plus si elle est prestigieuse, est inestimable !

Mettre un prix bas ou un prix haut pour ce type de livre, c'est un peu n'importe quoi... Cela me rappelle les procès où les parties demandent des dommages pour préjudice moral. Comment se calcule le beau, le bon, le mal en euros ?

Je n'ai jamais vu des catalogues de SVV sans estimation. Quel soulagement ce serait pour l'expert ! Pierre

sebV a dit…

vente du 6 juin à Autun par exemple ;)

calamar a dit…

ça ne manque pourtant pas, les catalogues sans estimations.
Et on connaît le prix du préjudice moral, voir l'accord négocié par Tapie.

Pierre a dit…

Le hasard a fait que je n'ai jamais recherché de catalogues sans estimations et que je croyais que cela était systématique en SVV. Je regarderai mieux.

Il y a, bien sûr, les catalogues Sourget qui sont comme les cartes muettes des menus qu'on présente à nos maitresses dans les restaurants chics... mais si on cherche bien, une feuille est fournie à part pour celui qui s'acquitte du règlement ! Pierre