Quel plaisir de posséder un bon texte, bien illustré, dans une belle reliure et une édition recherchée ! C'est ça le plaisir du bibliophile ! Bien évidemment, ce n'est pas cette édition que vous emporterez dans le TGV qui vous mènera d'Avignon à Paris. Il faut savoir ménager les susceptibilités de vos voisins de siège qui pourraient légitimement vous envier ou simplement convoiter votre exemplaire. Et puis il y a toutes ces jeunes femmes qui vont chercher à attirer votre attention par des poses suggestives en espérant assouvir le fameux fantasme de la conquête du cœur d'un bibliophile…
Non ! Ces quatre volumes doivent être feuilletés dans le
cadre d'une belle bibliothèque aux
parfums de cire, et dans un profond silence comblé par une musique
douce. Vous vous levez un instant, le parquet craque un peu sous vos pas, vous
redressez le tableau d'un ancêtre en passant, frôlez de la main une sphère
armillaire qui trône au milieu de la pièce, prenez un nouveau tome en replaçant
le précèdent et vous vous rasseyez dans le confortable fauteuil club en cuir connolly
que vous avez placé près de la fenêtre...
Dehors un fin crachin d'automne trace
quelques larmes aux carreaux de votre cabinet de lecture ; vous vous dites que
vous êtes chanceux d'autant que les douleurs rhumatismales que vous aviez dans
le genou en vous levant, ce matin, ont disparu avec un peu de paracétamol. Non
! Décidément, ces quatre volumes de Boileau, vous avez bien fait de vous les
offrir…
Nicolas Boileau, ou Boileau-Despréaux est né en 1636. Gilles Boileau, son frère aîné, l'a précédé dans la gloire car élu à l'Académie française, pour sa part, dès l'âge de 28 ans. Les deux frères Boileau fréquentent alors l'hôtel de Rambouillet ainsi que les libertins du cabaret de la Croix Blanche ; dont La Fontaine et Molière ; et sont renommés pour être hostiles à la préciosité en vogue durant ce siècle.
Il publie avec un grand succès, ses premières satires en
1666. De là, date la haine dont souffrira tant Boileau, tout au long de sa vie.
On ne se moque pas délibérément sans déplaire…Il fait à cette époque la
connaissance de Racine dont il corrige la Thébaïde et consacrera sa
Satire II à son ami Molière… " Racine boit l'eau de la fontaine
Molière". Les quatre mousquetaires, prompts à dégainer la plume, étaient
déjà réunis bien avant notre moyen mnémotechnique… Il faudrait, d'ailleurs, y
ajouter La Rochefoucauld pour n'oublier personne !
Ses exécuteurs testamentaires publieront ses œuvres
complètes en 1713 et en 1716, son ami Brossette, publiera les œuvres
complètes de Boileau avec des commentaires. Je vous propose, aujourd'hui à la
vente, une très belle édition en quatre volumes remarquablement illustrée par Bernard
Picard, datant de 1722.
Cette édition de petit format fut très appréciée, à l'époque, pour ses figures, réductions de celles de l'édition de 1718. Une très belle provenance, sous forme d'ex-libris, orne chaque volume. Il s'agit du château de la Ragotterie. Situé dans la ville de Yvré-l'Évêque (72530) dans la Sarthe, le château est aujourd'hui un hôtel de la chaîne " Best Western ". Pierre
Cette édition de petit format fut très appréciée, à l'époque, pour ses figures, réductions de celles de l'édition de 1718. Une très belle provenance, sous forme d'ex-libris, orne chaque volume. Il s'agit du château de la Ragotterie. Situé dans la ville de Yvré-l'Évêque (72530) dans la Sarthe, le château est aujourd'hui un hôtel de la chaîne " Best Western ". Pierre
BOILEAU-DESPREAUX (N.). Oeuvres de Nicolas Boileau Despreaux avec des éclaircissemens historiques, donnez par lui-même. Nouvelle édition revuë, corrigée et augmentée, enrichie de figures gravées par Bernard Picart le Romain. La Haye, chez Isaac Vaillant, Pierre Gosse et Pierre de Hondt, 1722, 4 volumes format in-12. Reliure plein veau glacé, dos à nerfs ornés de filets et roulettes, pièce de titre et tomaison en maroquin cerise, caissons entièrement décorés, roulette dorée sur les coupes, gardes colorées, toutes tranches mouchetées rouges. Un frontispice et 6 figures pour le Lutrin dans le tome I, un grand cul-de-lampe dépliant avec armoiries dans le tome IV, et de très nombreux grands culs-de-lampe différents, le tout dessiné et gravé par Bernard Picart. Le titre est en rouge et noir dans tous les volumes. Jolie édition, dont on ne trouve pas facilement de beaux exemplaires selon Brunet. Ex-libris de la bibliothèque du château de la Ragotterie avec cote sur chaque volume. Quelques défauts de reliures. Très bel ensemble. Vendu
7 commentaires:
Vous nous faites envie, Pierre, dommage que vous soyez un peu au-dessus du prix du marché... Mais je dois dire que les exemplaires paraissent très beaux !
Quel est le cours du plaisir en ce moment ? ;)
Je me suis posé la même question que Textor au moment de fixer l'estimation de cet ouvrage.
Je dois reconnaitre que l'on peut trouver cette édition en deux volumes, dans une basane fatiguée et quelquefois incomplète de ses gravures sur des sites en ligne à des tarifs beaucoup moins élevés (150à 250 €). Mais il s'agit ici de quatre exemplaires en veau glacé, il n'existe pas de ressaut de cahier et la fraicheur des nombreuses gravures est remarquable... Un libraire doit savoir défendre un bon ouvrage comme minorer ses prétentions sur un mauvais. C'est aussi une de ses attributions !
C'est moins cher qu'un Iphone, tout de même ;-)) Pierre
SebV nous fait très justement remarquer que l'on est ici dans une tranche d'ouvrage où le plaisir donné par la qualité de la reliure et des illustrations dépasse largement l'attrait pour le texte. Pierre
Pierre, Voilà qui est bien répondu. Ils sont effectivement dans une condition tout à fait désirable, et je n’aurais pas déjà fait des dépenses inconsidérées cette semaine, je vous en débarrassais illico.
Les mors sont un peu faibles, peut-être. … :) Je dis cela pour ne pas faire mentir Boileau : « Faites-vous des amis prompts à vous censurer ».
Textor
Pierre, cela ferait un peu comme une accorte personne dont les attraits seraient fort remarquables, mais pour laquelle il ne faudrait point trop approfondir les p(l)ages intérieures ?
Dans le cas présent, Nadia, le plumage vaut le ramage ;-)) Pierre
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