mercredi 3 octobre 2012

Paroles de Jacques Prevert, musique de Didier Super...


Pour définir Jacques Prévert (1900-1977), il faudrait faire un collage d'Alphonse Allais et de certains aspects de Swift, et y introduire un lyrisme parisien dont il se défendait. A un certain degrés d'alcoolisation, il devenait même encore plus drôle, créant avec un sérieux inimitable – il ne riait jamais – les situations les plus inattendues au dépens de tous.



En 1946, René Bertelé réunit les textes de Jacques Prévert pour la maison d'édition qu'il vient de créer " Les Éditions du Point du Jour " et il publie le recueil sous le titre " Paroles ". En 1947, l'éditeur publie une édition augmentée de seize textes, toujours aux Éditions du Point du Jour. La maison d'édition fut reprise en 1949 par Gallimard (mention de " Point du jour / NRF " ) et l'ouvrage connut un succès littéraire sans précèdent pour un recueil de poésie (avec Paul Géraldy, qui s'en souvient ?).

Poète et scénariste, originaire d’un milieu bourgeois et dévot de Neuilly-sur-Seine, Jacques Prévert ne cesse de se moquer des convenances, du clergé et de la religion. Il participe au mouvement surréaliste avant de s’en éloigner. Il réalise les scénarios et les dialogues des grands films réalistes du cinéma français, dont Renoir et Carné sont les réalisateurs. Son anticléricalisme violent, souvent occulté par le public au profit de ses thèmes sur l'enfance et la nature, tombe ici à point pour contrebalancer mes nombreuses présentations d'ouvrages religieux…

Dans Pater Noster, on retrouve bien cette idée puisque la religion et l’église y sont évoquées plutôt négativement et même associées à l’absurdité des doctrines et à la soumission voir l’exploitation du peuple. De plus il dénonce l’entente de la religion et de l’armée dans La crosse en l’air où il fait rimer « mitrailleur » avec « seigneur » et « Mussolini » avec « Jésus-Christ ».


Dans Ecritures Saintes, Prévert s’attaque à Dieu lui-même en le définissant comme une personne fourbe et ingrate. Il écrit même que c’est " un prêteur sur gage, un vieil usurier " et n’hésite pas dire que " Dieu est un grand lapin " !

En fait, Prévert reproche à Dieu d’avoir choisi son camp, celui des riches. Didier Sapeur l'a d'ailleurs repris en affirmant que les catholiques votent tous à droite (on ne sait pas pourquoi il n'a pas dit "extrême-droite", cela aurait été beaucoup plus marrant). Je vous propose, pour la première fois sur ce blog, une petite vidéo de ce chansonnier qui me fait rire même si cela écorche un peu ma foi de croyant.


Après tout çà, si vous n'êtes pas devenu anticlérical, je ne crois plus en rien… Pierre


PREVERT (Jacques) Paroles. Édition revue et augmentée. Paris, Les Éditions du Point du jour, 1953, in-8, broché, couverture cartonnée noire, 294 pp. Édition, en partie originale. Intérieur et extérieur en très bel état. 17 € + port

2 commentaires:

pascalmarty a dit…

Il y a un truc que j'aime bien chez Prévert (et chez Vian aussi, ou chez Villon), c'est qu'on sent un être humain derrière l'écriture.
Je n'en dirais pas toujours autant de certains exemples de pouésie contemporaine qui font le bonheur de ces petits éditeurs qui impriment en vraie typographie quelques lignes absconses ou quelques logorrhées insipides qui ne sauraient me rabibocher avec la poésie.

Pierre a dit…

La poésie est un art qui peut dérouter le profane. J'ai le mauvais souvenir d'une poésie " en forme d'escargot " qui m'avait fait haïr le genre au collège (je crois que j'avais été interrogé dessus). Il a fallu que je découvre Lamartine pour que la beauté d'une versification me saute aux yeux... Pierre