samedi 20 février 2010
La Rochefoucauld. Pensées, Maximes et Réflexions morales (Ganeau, 1741) dans une belle reliure.
L'évocation de Saint Evremond, dans la chronique précédente m'amène tout naturellement à vous présenter un écrivain moraliste de la même époque dont le chemin fut, à bien des égards, comparable comme vous le constaterez mais dont la renommée est restée intacte avec le temps qui passe. Laissez-moi donc vous conter la triste vie de Mr le Duc François de La Rochefoucauld (1613-1680).
Amour : Il épousa à quinze ans, sans amour, une femme à laquelle il fera par distraction huit enfants. Je ne sais quelle courtisane entretenue par un Duc fort laid parlait de sa chambre à coucher en la qualifiant de "chambre expiatoire". Cette image pathétique accompagnera la vie sentimentale de La Rochefoucauld toute sa vie…
Faits d'armes : Soldat et conspirateur dans l'âme, il reçut trois coup de mousquet au siège de Mardyck, en Flandre, complota avec la duchesse de Chevreuse contre Richelieu, puis avec Cinq Mars, puis avec Condé en devenant comme Saint Evremond ennemi de Mazarin, puis avec les espagnols et Mme de Longueville puis avec… il conspira toute sa vie.
Écriture : Ses réussites dans l'édition ne furent guère meilleures. Dès 1662, ses premiers écrits (mémoires) furent sujets à erreurs et contrefaçons. Ses " Réflexions ou Sentences Morales " parues en 1664, si elles lui amenèrent la notoriété se révèlent être aujourd'hui, un recueil de mots d'auteurs plus ou moins corrigés dont il fut loin d'être le seul initiateur.
Ligne de chance : En un seul jour de 1672, La Rochefoucauld eut un de ses fils tué à la guerre, un autre gravement blessé et perdit le petit fils qu'il eut de sa maîtresse, Mme de Longueville et qui était sa fierté.
Postérité : Connu pour des maximes qu'il a piochées chez ses maîtres, il participera pendant cinq ans à l'écriture de la Princesse de Clèves dont Mme de Lafayette restera l'unique bénéficiaire. Trop timide pour parler en public, il refusera d'entrer à l'Académie Française à cause du discours de réception qui devait être lu devant l'auditoire.
Maladie : La goutte le clouera sur une chaise, les dix dernières années de sa vie.
L’édition définitive de ses pensées avec les sept cents Maximes n’a paru qu’en 1817. S'il me fallait me souvenir d'un seul de ses aphorismes, je choisirais celui qui se prête le mieux à ma belle existence en constatant le triste déroulement de la sienne :" La vie nous donne assez de force pour supporter les maux d'autrui ". Pierre
LA ROCHEFOUCAULD François (duc de). Les Pensées, maximes et réflexions morales de M. le Duc ***, onzième édition augmentée de remarques critiques, morales et historiques, sur chacune des réflexions par M. l'abbé de La Roche. Paris Ganeau 1741, in-12, XXIV-299 p., veau blond, dos à 5 nerfs ornés de motifs et pièce de titre en maroquin rouge, roulette dorée sur les coupes, tranches rouges. Armes de la famille de Mr le Comte De La Combe et chiffres aux quatre coins sur les deux plats (double C entrecroisé), Armes manquant, d'ailleurs, de noblesse… Coiffe supérieure arasée et coins frottés. Bel exemplaire néanmoins (sic), d'une édition peu commune à la vente. Vendu
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4 commentaires:
Attention à "bel exemplaire" Pierre...
Vous pourriez vous attirer les foudres de certains!
Bel exemplaire oui, les armes par contre sont postérieuses.
Cordialement,
Vincent P.
Il me semble en effet que ces armes sont du XIXe siècle.
B.
Vincent,
L'adverbe néanmoins , placé après "Bel exemplaire" est censé me protéger.
Les armes sont postérieures, en effet. Et quand je précise qu'elles manquent de noblesse, c'est parce qu'elles sont roturières.
Tout est dans les mots. Pierre
La subtilité m'avait échappé...
Mille pardons!
Vincent P.
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