lundi 1 février 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Un siècle de N.R.F


Pierre me fait passer, ce matin, un petit message où il me demande de répondre aux légitimes questions d'un lecteur du blogue. Je cite :

" Je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir l'album NRF dans les mains, serait-il possible d'avoir un petit résumé du contenu ? Ou un avis, parce que entre l'ouvrage "L'oeil de la NRF", "Une histoire de la NRF" et l'"Album de la NRF" je ne sais plus où donner de la tête..." Johan

Je me sens indigne, cher Johan, de l'honneur qui m'incombe de retracer l'histoire de la N.R.F pour vous et si je viens aujourd'hui en fils très aimant et très reconnaissant adresser un suprême hommage à André Gide, excellent confrère dont la personnalité a marqué la création, la renommée et la diffusion des revues et titres de cette vénérable institution, c'est parce que j'ai encore quelques regrets de ne pas avoir usé de ma haute influence auprès de mes collègues de l'Institut pour faire entrer notre cher Nobel au sein de l'Académie Française.

Et que l'on ne ma dise pas que c'est la réputation d'homosexualité de Gide qui lui a fermé l'entrée de notre noble cercle. D'autres, qui comme lui, sont entrés à l'Académie en étaient suspect... (je sais, je suis en forme !) Mais dans la vie, il faut quelquefois choisir. Homosexuel, Académicien et Prix Nobel de Littérature sont trois composantes qui s'associent par deux mais qui ne supportent pas un troisième dénominateur commun (je viens de vérifier). Dure loi de la nature et de la mathématique...

La Nouvelle Revue française (NRF) est initialement une revue littéraire et de critique, aujourd'hui publiée de façon trimestrielle. Elle fut fondée en novembre 1908, par une poignée de jeunes gens passionnés, Jean Schlumberger, Marcel Drouin, Jacques Copeau, André Ruyters et Henri Ghéon, sous le patronage d'André Gide. Le premier réel numéro parut en 1909. En 1911, Gaston Gallimard acquiert la revue qui deviendra dès lors le fleuron de la maison. J'ai souvent coutume de dire lors de dîners mondains où l'on m'invite pour mon esprit facétieux et mes bons mots que la NRF est l'oriflamme plantée dans le camp Gallimard et qu'elle lui sert de particule de noblesse. Les rieurs qui m'apprécient portent alors leur serviette aux lèvres dans un mouvement élégant afin d'empêcher qu'un peu de potage aux truffes ne vienne à couler aux commissures et ne tombe inexorablement sur l'habit vert qui leur a coûté si cher à louer… Mais il est aussi vrai que sans Gallimard, la revue NRF eût existé, eût fait sans doute du bon travail mais elle n'eut pas survécu à 100ans d'existence.


Il en fut de même pour la « La Bibliothèque de la Pléiade » créée en 1931 par Jacques Schiffrin. Quand ce dernier rencontra quelques difficultés de trésorerie, André Gide et Jean Schlumberger, tous deux administrateurs de la NRF, conseillèrent alors à Gaston Gallimard de lui porter secours. C'est pourquoi cet Album de la bibliothèque de la Pleiade, "Un siècle NRF", peut puiser aux sources de l'éditeur toute l'iconographie, tous les documents et tous les meilleurs textes qui font de cet album un excellent ouvrage de référence sur l'histoire de la NRF.

Une remarque néanmoins avant de commander éventuellement à Pierre cet album. Il est indiqué dans la plaquette publicitaire fournie avec l'album que cet ouvrage est "offert" en librairie pour l'achat de 3 volumes de la collection. D'aucuns pensent donc qu'il est gratuit et qu'il n'est pas légitime qu'un libraire puisse en tirer un bénéfice éhonté ! Je rappelle aux personnes naïves, aux crédules qu'il n'y a rien de gratuit dans la vie, que le prix de cet album est compté dans le bénéfice escompté sur l'achat des trois autres volumes de la collection, qu'une carte de crédit n'est pas une carte de crédit mais une carte de débit et que quand vous achetez un vêtement en solde, Mesdames et Messieurs, vous ne gagnez pas de l'argent mais vous en dépendez ! Je vaticine le pire si vous n'en n'êtes pas conscients.


Revenons à nos moutons. L'histoire de la NRF est intimement liée à quelques faits qu'il faut rappeler.
- La collection "blanche" définit un grand nombre d'ouvrages de cet éditeur par la couleur crème de ses livres brochés.
- L'éditeur que l'on qualifie alors par son patronyme "Gallimard" est connu pour monopoliser les prix littéraires et en particulier le "Goncourt" qui lui est souvent revenu.
- L'attitude bienveillante de l'éditeur face à l'occupant a donné à la fin de la deuxième guerre mondiale une image en demi teinte à cette maison, dirigée alors par Drieu La Rochelle.
- La "Série Noire" est une collection NRF et quand vous achetez des "folio" de poche, NRF est encore là.


Vous vous demanderez évidemment pourquoi cette maison n'a pas fait appel à moi pour engranger de somptueux bénéfices en commercialisant mes œuvres littéraires. Ils n'ont pas reconnu mon talent mais le temps me donnera sans nul doute raison. Étant de nature susceptible, vous ne serez donc pas surpris que j'aie choisi un ouvrage édité par un concurrent pour illustrer ma causerie. Il s'agit de l'histoire de la "Maison Hachette" que je vous conseille. Et pan !

Votre dévoué. Philippe Gandillet

MISTLER (Jean) La librairie Hachette de 1826 à nos jours. Hachette, 1964, in-4, 407 pp, un portrait en frontispice de Louis Hachette et 64 pl. de gravures et photos hors texte, un tableau généalogique, reliure plein chagrin bordeaux éditeur, dos à nerfs, tête dorée, étui borde'. Tirage limite a' 3000 exemplaires, celui-ci un des 400 ex. hors commerce numéroté 312. Bel exemplaire. Vendu

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