lundi 3 août 2009

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Corneille


Quand la ville de Rouen m'a proposé de relancer l'attrait touristique de sa cité en l'axant sur mon œuvre littéraire plutôt que sur celle de Corneille, je dois reconnaître que je n'ai été qu'à moitié surpris. Il faut dire que nos styles se ressemblent et si ce n'était la mansuétude que j'ai pour l'artiste, je pourrais aisément le traîner devant les tribunaux pour plagiat. Qu'importe ! Mon " Benhur " domine d'une tête son " Cid " qui n'est pas si mal que ça.


Je vous parle de tout ceci car Pierre Brillard m'a proposé, aujourd'hui, de vous parler en termes élogieux de Corneille à travers deux volumes qu'il met à la vente. Mais parlons plutôt de moi et de mon " Benhur ", si vous le voulez bien !


Cette pièce en alexandrins est un Archi-mélodrame-Antique où l'on voit le héros, Benhur, vouer une passion impossible pour la fille d'un roi fourbe et jaloux, Agamemnon, qu'il tuera, laissant sa bien-aimée tiraillée entre son amour et son honneur… Original. Non ? Je vous en livre les premiers vers. Benhur croise Chimène de façon inopinée.


BENHUR :
J'arrive de l'O.M où j'ai fais vingt combats
Et vaincu vingt guerriers qui sont morts dans mes bras.
Ainsi auréolé et couvert de lauriers
Je me demande encore ce qui peut te troubler.
Sont-ce mes calembours ou bien mes citations
Que, perfide, je joins à ma conversation ?
Extrême modestie, j'hésite un court instant
Et je cherche en moi-même, ce que l'on admire tant,
Attire les regards et me vaut les faveurs
De toi, que je chéris, et aussi de ta soeur !
Ce n'est pas mon esprit, c'est mon corps qui séduit
Et je sais abuser de l'effet qu'il produit…

Et plus loin, après le drame ;
CHIMENE :
Que vois-je ? Qu'entends-je ? Que ne m'apprend-on pas ?
C'est toi, mon cher Benhur qui vient de tuer Papa.
J'imagine, Oh ! Mon Dieu que c'est pas un suicide.
Tu es donc à mes yeux Agamemnonticide !

La pièce qui a déjà eu les éloges de la presse locale sera sans nul doute adaptée pour une version filmée à gros budget et je finis la transcription d'un Opéra dont j'écris la musique à mes moments perdus… Je vous enverrai des places pour la "Générale", c'est promis. Les deux livres proposés par Pierre me semblent un petit plaisir abordable pour bibliophiles. L'un avec gravures et l'autre sans (livre de prix). Au choix.


CORNEILLE (P. et Th). Œuvres. Garnier Frères, s.d. (vers 1880). 531 pp, gd in-8. Edition ornée d'un frontispice et de 11 gravures sur acier hors-texte de G. Staal. Reliure en demi-cuir, plat percaline verte empire, dos a 4 nerfs, titre et entre-nerfs ornés. Ouvrage précédé de la vie de Pierre Corneille par Fontenelle et des discours sur la poésie dramatique.

Quand on lit du Corneille, on oublie la reliure
Car on prend du plaisir dessous la couverture…

Facile ! Philippe Gandillet

2 commentaires:

jpp a dit…

Quand parle Gandillet, le cercle littéraire respectueusement se tait.
Et c'est le chapeau bas et l'oreille attentive, Que les plus grands auteurs reconnaissent muets,
Le maître devant eux à la plume si vive.

Je propose l'oouverture d'une souscription destinée à l'érection d'une staue en pied du dit- Pierre le représentant ,plume à la main à sa table de travail -statue qui pourrait remplacer heureusement celle de la Tarasque en cette bonne ville de Tarascon.

Pierre a dit…

Je lui en parlerai. Il sera le premier souscripteur à n'en point douter.
Ainsi, au pied de cette statue, son nom apparaitra en premier sous son propre nom...