L’espérance de revenir donne du courage pour souffrir…
Voilà ! J’ai rendu hier les clés de mon local
professionnel au moment de faire l’état des lieux. Je ne vous cacherai pas que
j’ai eu un petit pincement au cœur. Non pas parce que j’ai été obligé de me
séparer d’une partie de mes ouvrages ; les meilleurs sont encore dans ma
librairie de jardin est dans mon bureau ; mais parce que j’ai réalisé que je ne
mettrai plus jamais un prix sur un livre ! Je ne serai plus libraire d’ouvrages
anciens mais simple amateur de beaux livres…
C'est un détail, mais j’ai déjà la nostalgie de ce
métier. Aujourd’hui, j’ai parcouru avec plaisir le dernier numéro du Magazine
du bibliophile. J’y ai retrouvé certains de mes amis croisés au cours de ces
sept années dédiées aux livres anciens.
J’ai appris avec plaisir que Philippe Bernini en
association avec Alain Meyer avait ouvert une librairie collective à Nice. Avec
Philippe, nous avons ce même amour pour le commerce du livre et ce même respect
pour les beaux ouvrages : j’appréciais sa rigueur de professionnel lors de la
présentation de son stand sur les salons et les marchés. L’espérance de revenir l'accompagne dans ce nouveau défi…
J’ai relevé avec satisfaction que le projet de
restauration de la basilique de Marçay était en bonne voie. J’avais rencontré à
l’occasion du Salon du Grand Palais, l’année dernière, Jean Denis Touzot qui
voulait y créer un musée du livre. J’ai toujours apprécié ces projets un peu
fous et c’est pourquoi j’avais pris une carte d’adhérent à cette association.
Il m’était venu à l’idée d’en faire de même à l’aube de ma retraite. Celle-ci
est venue plus vite que prévue ! L’espérance de revenir me donne, de nouveaux, des idées…
J’ai lu également avec intérêt l’article où Jean-Paul
Fontaine présente ses 160 portraits de bibliophiles dans Les gardiens de
Bibliopolis. Je ne connais pas Jean-Paul personnellement mais nous
sommes, tous deux, animateurs de blogs. Je crois qu’il appréciait l’originalité
de mes billets. Quand je faisais de la vulgarisation, il faisait de
l’érudition. Quand je faisais des articles succincts, il présentait des
articles détaillés. J’ai été, bien sûr, de ceux qui ont commandé son livre en
souscription. Ça ne se lit pas comme un roman mais c’est un remarquable ouvrage
qui a sa place sur une table de chevet. Jean-Paul, je te rassure, ce n’est pas
la lecture de tes biographies qui m’endort le soir mais les traitements que je prends
pour assurer mon fragile sommeil ! L’espérance de revenir me pousse à continuer d'écrire…
Un des derniers articles de cet excellent numéro du Magazine du bibliophile nous brosse le portrait de deux jeunes libraires que
j’affectionne particulièrement, Éric Zink et Charles Henri de Boissieu. La
relève est la ! J’aime leurs commentaires et leur vision de ce beau métier.
Avec CHB, je dirais également " que la plus grande joie pour un libraire
et de prendre un livre ancien, de le découvrir, puis de le décrire avec soin de
façon à donner envie à un client de se l’approprier ". L’espérance de
redevenir libraire ?..
Pierre
11 commentaires:
Elle restera partout cette librairie.
Dans le coeur, dans le souvenir, dans l'esprit des lieux agréables.
Et même sur Google Earth.
Ah ça Jean-Michel ! vous n'avez pas idée comme c'est vrai ce que vous écrivez ! je n'ai pas fait l'état des lieux avec Pierre, mais je crois que je ne mettrai plus les pieds dans le centre de Tarascon, et si d'aventure ça devait m'arriver, j'aurai moi aussi un gros pincement au coeur en voyant ce lieu, si accueillant, si beau, si bien agencé et surtout habité par quelqu'un qui s'y est investi corps, livres et âme, et d'autant mieux qu'il a choisi cette reconversion, ce lieu donc, qui ne sera plus ce qu'il était, mais sera devenu un magasin comme un autre. Bon... si ce sont des chaussures, je ferai un effort :-)))
J'ai envie de dire merci Pierre, merci pour ce que vous avez proposé aux habitants de cette ville, merci d'y avoir apporté bonne humeur, chaleur et amitié, merci pour votre accueil et votre humour, les discussions entrecoupées de ventes ou conseils, la porte qui s'ouvre, courant d'air, un ami qui passe, vous demande un avis, vous prévient d'un concert, d'une répétition, vous raconte un bout de sa vie, merci pour cet endroit qui n'a pas été qu'un bête magasin. Il a eu une âme que vous avez patiemment laissée habiter et envahir les lieux.
Je comprends ces souffrances mêlées qui sont les vôtres en ce moment, et je sais que celle-ci en est une également. Un pan de vie trop tôt fermé, un volet trop vite refermé.
Mais comme diraient nos amis bouddhistes : ne nous désolons pas de ce qui n'est plus, réjouissons nous pour ce que ça a été.
J'aimerais beaucoup que tu me présente Nadia, une cousine de Gandillet, je suppose ? Surement, vu ses propos, une femme charmante avec le coeur sur la main.
Cher monsieur "Cartonnages et Caricatures Romantiques" (un peu étrange de vous appeler ainsi, je vous préfère romantique que cartonné), ce sera avec grand plaisir dès lors que je serai enfin parvenue à quitter le bordelais pour rallier le sud-est, ma région natale ! Merci pour votre appréciation que je laisse le soin à Pierre de juger exacte ou de nuancer :-))
Merci, Nadia, pour cette plaisante description de l'univers de la "librairie ancienne et autre trésors..." de Tarascon. J'y avais mis beaucoup de moi-même, et peut-être même un peu du meilleur… Si l'avenir m'en donne la possibilité, sans pouvoir en faire un métier, j'aimerais garder une activité sociale au sein de la cité. J'essaierais d'y amener cette bonne humeur, cet altruisme et ce semblant de détachement qui rendent la vie plus agréable, à soi et aux autres...
Bernard, dont je trouve le surnom "cartonnages romantique et caricatures" un peu long est resté sous le charme de votre description. Il le serait encore plus s'il vous connaissait ! Vous avez, en effet, [même si les yeux sont loin] la main près du cœur ;-))
Pierre
J'aime l'idée d'une continuité vers autre chose, un peu identique, un peu différente, oui, continuer, ne pas s'isoler sauf le temps nécessaire, mais pas plus. Il est si facile parfois de baisser les bras et ensuite, pour les relever, c'est aussi lourd que lever 10 kg d'haltères ! en plus, je pense que vous manquez déjà à la communauté.
Et très égoïstement, j'aime ce que ce blog est devenu, car même si l'on y retrouve toujours votre "cercle", les amoureux des livres anciens, vous y avez introduit une dimension qui me va bien, dans laquelle je suis confortable et je peux enfin "sévir" ici sans passer pour la blonde de service (je me suis amusée un temps à essayer de vous suivre sur les chemins tortueux de la Connaissance, mais comme je ne suis pas endurante, j'y ai laissé mes baskets en chemin). Vous le savez, les livres ne sont jamais loin de moi, depuis petite je suis tombée dedans et ne pourrais envisager de vie sans lecture, mais là, vous aviez poussé le bouchon un peu loin pour moi, Maurice ! :-))
Bises du dimanche et bon muguet à tous.
ps : toujours pas terminé ce livre de chevet ? il y a le suivant dont je vous ai donné le titre. Il est très bien aussi.
Livre terminé !Pas encore zen mais mon crâne rasé me fait ressembler maintenant à un moine bouddhiste ;-)) Je vous envoie à tous un peu de muguet virtuel pour beaucoup de bonheur réel. Pierre
Beau texte. Et merci pour cette belle Bible de 1714 (traduction de Lemaistre de Saci) que vous m'avez vendue et postée, malgré ses cinq kilos, avec ce beau tour de magie...Avec mes voeux de prompt rétablissement et mes meilleures salutations! Pierre Bouillon
Merci Pierre, j'ai eu une affectueuse pensée pour vous en ce 8 mai... Pierre-aussi
Pierre, j'apprécie toujours tes billets, que je lis tous les matins... particulièrement en ces temps obscurs. Puis-je t'avouer que j'ai parfois (souvent même) du mal à t'écrire un mot. Chacun ses faiblesses. Ne cesse surtout pas d'écrire, ni de lire. Nous aurons l'occasion d'en parler de vive voix, dès que la Faculté aura fini, victorieusement, de te fatiguer.
Très bonne journée et amicales pensées renouvelées.
Ce n'est pas de la faiblesse, Jean-Paul, c'est une légitime crainte... Les médecins, plus que tous les autres, appréhendent la maladie. En consultant leurs patients, ils voient des films défiler devant eux tous les jours et ont parfois la peur de voir leur nom sur le générique de ces films ! Pierre
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