jeudi 21 avril 2016

La plume sous le masque : Pensée du 14eme jour…



 
Avec la chimiothérapie et la radiothérapie associée, la seule chose qui puisse encore retenir mes cheveux de tomber, c'est le plancher…

Il paraît que les femmes sont plus sensibles à la perte de leurs cheveux que les hommes. C’est sans compter sur la localisation de cette perte de cheveux qui est, dans mon cas, curie-dépendante et unilatérale ! Sensible, donc je suis. Je ne sais pour l’instant, si c’est le regard des autres où mon propre regard dans la glace qui me gêne le plus. Je porte une casquette quand je le peux, mais envisage sérieusement de me raser la tête. Bien sûr, il y a cette grande cicatrice en fer à cheval qui est visible si l’on me domine d’une tête, mais le subterfuge devrait fonctionner dans la majorité des cas.

Alopécie, calvitie… donnez lui le nom que vous voudrez, mais la chute des cheveux chez l’homme, qu’elle soit brutale ou non, est une période difficile à accepter. À tel point d’ailleurs que certains en font un complexe : le crâne rasé ne va pas forcément à tout le monde, il faut l’admettre ! L’image du mâle ténébreux au regard de braise, à la belle chevelure mystérieusement soyeuse,  aux tempes argentées et au portefeuille de la même couleur en prend un coup quand ces attributs disparaissent…

Deux écueils cependant sont à éviter. Le premier est le port associé d’une moustache finement taillée, d’un petit blouson en cuir ajusté, et celui d’un mouchoir laissé en vue dans la poche arrière droite de votre "jeans" : une ambiguïté pourrait s’établir dans vos rapports avec vos semblables. Le deuxième écueil, d’actualité, serait d’associer ce crâne rasé avec une longue barbe fournie et une ceinture lourdement chargée autour de votre pantalon : une ambiguïté pourrait alors s’établir dans vos rapports avec la police…

Heureusement, la technique "boule de billard" est largement  prisée depuis qu’un président embrassa le crâne chauve d’un gardien de but pendant une certaine coupe du monde de football. Depuis, tous les jeunes ont suivi cette mode, et je me suis entendu plusieurs fois demander instamment à mes enfants de se laisser pousser un peu leurs cheveux, ce que mon grand-père ne voulait surtout pas à l’époque !

Assez bizarrement, je n’ai jamais pensé à m’acheter une "moumoute" en guise de couvre-chef. J’ai trop souvent eu un sourire moqueur en face de ces ersatz mal ajustés pour que je risque aujourd’hui qu’on se moque de moi. Je préfère assumer une calvitie d’origine indéterminée qu’une perruque d’origine trop bien connue… La réelle question à se poser avant cette étape du rasage intégral est : Comment voyez-vous ce processus (transitoire ou définitif) ? Le voyez-vous comme un réel handicap ou un simple problème matériel dont vous n’avez pas grand-chose à faire ? Ma réponse est : Je vous dirais ça demain ! Pierre

4 commentaires:

christophe a dit…

Bonjour Maitre Gandillet

je suggere une casquette publicitaire:

connaissant votre faible appetence pour la balle au pied il ne faudrait pas voue enflammer pour l OM

par contre une casquette jaune barriolee de l enseigne d une banque vous ramenera a votre periode cycliste.



pour contempler vos contemporains a la terrasse d un bistrot saint-remois une casquette neutre ou americaine vous ferait passer incognito.

Cordialement, Christophe

Nadia a dit…

Oser une casquette ou tout autre dissimulateur de pelade n'est pas forcément judicieux dans un pays aussi venté. Le mistral est l'ennemi des perruques et autres moumoutes, ou alors avec du scotch double-face. L'inconvénient est qu'on arrache le support ensuite... :-)))

Pierre a dit…

Voilà ! C'est fait. En fait,le résultat n'est pas si catastrophique que ça ! Le seul désagrément est que j'ai du mal, pour l'instant, à me reconnaître dans la glace... Je vous mets à la suite de ce commentaire un gentil mot, très intelligent, écrit par un ami bibliophile. Il analyse, avec son expérience, les raisons qui nous poussent à appréhender cette étape. Je me demande cependant si le plaisir qu'ont les bibliophiles à caresser les maroquins glabres de leurs livres ne fausse pas leur jugement sur la futilité de la calvitie ;-))

Pierre

Pierre a dit…

Pierre,

Avec beaucoup d’humour, vous avez tout de même soulevé le
problème que rencontre un homme sur trois avant 40 ans : celui de la perte de ses cheveux. Il est vrai que cela peu représenter un complexe, voire un handicap, car pour les hommes comme pour les femmes, ils représentent un atout de séduction, au sens large du terme. Comme toute situation qui entraine un handicap, la difficulté est de savoir ce que représente cette situation pour nous. Comment nous percevons-nous ainsi?

Pour répondre à vos dernières questions, pour ma part, je ne suis pas nostalgique de ma chevelure ébène. Le temps passe et avec lui des étapes, des transitions et des épreuves naissent. Nos rides, notre crâne dégarni, nos cicatrices constituent le livre de notre vie, qui raconte notre histoire et qui nous permet de penser qu’au final le plus important est d’être et non de paraître. Car séduire, qui est un comportement sain et nécessaire, ne sert qu’à nous rassurer sur notre capacité à être aimé de l’autre, donc à assouvir nos instincts narcissiques. Et lors d’un « handicap », c’est justement le regard des autres qui nous inquiète et donc notre capacité à être toujours aimé et non rejeté...