Que penseriez-vous, chers lecteurs, d'un capitaine de navire qui entreprendrait un long voyage sans boussole, sans instruments de bord, sans gouvernail ou sans ancre ? Ce serait impensable… Que penseriez-vous d'un homme à qui l'on présenterait toutes les richesses de la terre, assemblées, en ne lui demandant que l'effort de les prendre et qui s'y refuserait obstinément ? Ce serait encore plus impensable… Que penseriez-vous d'une personne qui a les yeux pour voir, les oreilles pour entendre, une bouche pour parler, un cerveau pour penser, des mains pour agir et qui se rendrait volontairement aveugle, sourd-muet, paralytique et imbécile ? Inimaginable !
Il y a cependant,
de par le monde, une grande quantité de gens comme cela. Le plus grand bien de la terre leur a été
conféré : l'existence… Et l'outil le
mieux adapté pour en profiter : l'intelligence. Leur existence, ils la
dilapident ; leur intelligence, ils la laissent s'atrophier !
Le génie humain
nous a pourtant comblés de dons inestimables comme le progrès de notre
civilisation nous a comblés de trésors insoupçonnés. Parmi eux, il en est un
qui les réunit tous : le livre ! Voulez-vous que Philippe Gandillet s'explique
?
Le livre concrétise
entièrement la pensée du monde. Il offre au cerveau de chacun le produit
substantiel du cerveau de tous. Malheureusement un grand nombre de gens ne lisent
pas ou ne lisent plus, beaucoup lisent mal ou encore s'adonnent à des lectures
qui les frustrent plus qu'ils ne les comblent… Au seuil d'une
existence lucrative, ils s'installent le plus commodément possible dans leur
profession et à l'aide du seul bagage qu'ils possèdent en entrant dans la vie
active, ils se mettent en marche sur le long chemin feutré de
l'insuffisance… Ils restent
"eux", toute leur vie durant, dans la position intellectuelle où ils
se sont posés en débutant. Il n'est pourtant pas de période de la vie où la
lecture ne soit pas fructueuse…
C'est à quoi
s'attachent les libraires : permettre à chaque personne de s'approprier le
profit moral, intellectuel, et par conséquence matériel, de la lecture. Il est cependant une catégorie de libraires
qui méritent, plus que les autres, votre reconnaissance : ceux qui conservent,
entretiennent et proposent des textes anciens qui sont le fondement de notre
pensée moderne ; la pensée étant, alors, un peu comme une mine d'or où les pépites
seraient cachées au plus profond du temps…
Ces richesses, il
n'appartient qu'à vous de vous en rendre maître en choisissant, parmi les
livres proposés dans ces boutiques ou sur des salons, ceux qui auront retenu
votre attention. N'ouvrez pas ces
ouvrages si vous voulez vous maintenir dans l'état d'esprit d'un déshérité qui
se confinerait dans l'ignorance ! Mais si vous voulez prendre à l'existence les
meilleures ressources qu'elle peut vous fournir, si vous désirez sortir du rang
; vous élevez même ; alors feuilletez cet ouvrage et laissez-vous tenter par
l'arbre de la connaissance…". Votre dévoué. Philippe Gandillet
8 commentaires:
Billet du samedi, après celui du lundi ?
Démonstration courte, claire et intelligible ....mais nous sommes cernés, très cher libraire...
je suis d'accord ! mais revenons à l'essentiel : les livres illustrant ce billet sont tous très intéressants, sauf le premier, qui détonne dans cet ensemble alléchant. Comme je suis bon prince, j'accepte de me charger de ce fardeau qui vous encombre inutilement, pour un prix dérisoire bien sûr.
Cher calamar,
J'ai pris pour illustrer ce petit billet de Philippe Gandillet, des clichés de quelques ouvrages qui dormaient dans mes tiroirs... Ce premier ouvrage qui semble chatouiller votre curiosité n'est malheureusement pas adossé à un texte - que des images ! Et comme les bibliophiles lisent leurs livres, il ne vous intéressera surement pas ;-))
J'avais choisi, à dessein, des ouvrages curieux : une lectrice a déjà remarqué une édition de la première femme imprimeur / imprimeuse / imprimatrice française : Charlotte Guillard...
Le voyage dans les Alpes devrait plaire également à un lecteur du blogue.
J'ai demandé à Philippe Gandillet ce petit coup de main (de plume), ce matin, car j'étais, cet après-midi, à un petit marché de livres régionalistes en extérieur pour la nuit des musées. Maintenant, je sais une chose : ne pas exposer de livres un jour de mistral si vous êtes sur un promontoire recouvert de sable fin, fut-il à l'ombre de la forteresse d'un château ! Pierre
Jean-Paul,
Je ne crois pas que nous soyons plus cernés qu'avant par les cons, si c'est ce qualificatif auquel vous pensiez. Simplement, comme vous devenez myope avec l'âge, vous les voyez mieux de près que de loin !
Philippe Gandillet à l'avantage d'être si en retard sur son temps qu'il fait déjà partie des cons d'avant ;-)) Pierre
Oui, oui, le voyage dans les Alpes plait audit lecteur :) Mais l'impression de Charlotte Guillard aussi, bien qu'il semble lui manquer quelqyes pages. Ces ouvrages sont-il à vendre je ne vois pas le descriptif habituel ?
Textor
Textor,
Ces ouvrages, mis à part le "Freïda" [car il s'agit bien d'un recueil personnel de dessins de ce remarquable illustrateur] seront présentés dans un avenir proche.
Il me faudra les étudier un peu : les feuilleter, pester contre une coiffe à restaurer, compter les gravures ; les admirer aussi, établir une notice exacte ; copier/coller parfois, vérifier la collation et déterminer une estimation juste, évaluer mon bénéfice avec une légitime satisfaction, tracer quelques plans sur la comète pour le dépenser intelligemment et enfin pondre un petit billet plus ou moins superficiel qui sera comme un écrin pour ces bijoux éditoriaux... Les libraires se reconnaitront sans peine dans cette plaisante démarche. ;-))
Pierre
Passionnant travail en perpective. Quel beau métier vous faites ! La restauration de la coiffe est un euphémisme de libraire, je pense, car il s'agit plutot du plat qu'il faudrait restaurer ! :)
Textor
Je parlais du voyage dans les Alpes ;-))
Je ne sais encore s'il faudrait envisager de refaire un plat à l'identique pour le "Charlotte Guillard" ou laisser l’acquéreur faire à sa guise...
Une simple photocopie du deuxième plat fera t-il illusion auprès d'un bibliophile exigeant ? Oui mais à la seule condition qu'il soit aveugle et manchot, ce type de client ne courant pas les rues... Pierre
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