Dans le jargon des libraires, nous appelons ça " faire un coffre ". Un particulier vous démarche, sa voiture attend dehors, elle est remplie de livres… Le bouquiniste sort tranquillement en maugréant contre les personnes qui viennent à l'improviste, fouille rapidement dans les livres, propose – ou pas - un prix d’achat et va placer les cartons chargés dans sa remise avec la ferme intention, plus tard, de fixer celui qu’il affichera en magasin.
Je l'ai fait. Je le fais moins. Je transfère le vendeur le
plus souvent vers Emmaüs où je sais que ce type de marchandise a plus de chance
de ne pas finir à la poubelle. Ne me parlez pas de la possibilité de trouver un
" trésor ", la-dedans. Les livres rares dans les coffres, ça n’arrive jamais
! Souvent, ces lots ont déjà fait quelques vide-greniers sans succès. Par contre,
on peut trouver quelques ouvrages attachants comme celui que je vous présente
aujourd'hui ; c'est ce qui fait l'attrait de la chose.
Entre Cherchel et Alger s'élèvent les ruines monumentales
d'un vaste mausolée que les Berbères désignent sous le nom de « K'bour Roumia
», « le Tombeau de la Chrétienne ». Il s'agit en fait du mausolée royal de Juba II de
Maurétanie et de sa femme, Cléopâtre Séléné. De nombreuses légendes s'attachent
à ce monument et aux richesses fabuleuses qu'il contiendrait. Aussi n'est-il
guère étonnant que de nombreuses tentatives aient été faites de tout temps pour
en percer le mystère. Un pacha d'Alger, du xvie siècle, s'avisa de « fouiller »
le monument à coups de canon ( !) et, plus près de nous, des fouilleurs du xixe
siècle n'hésitèrent pas à employer des bâtons de dynamite. Le mausolée eut donc à souffrir de bien
des déprédations, mais il a, malgré tout, conservé son secret.
En 1866, on découvrit un hypogée, un couloir en spirale,
passant par plusieurs caveaux, mais ces derniers étaient vides et n'avaient
jamais été employés comme tombeaux. Malgré de patientes et minutieuses
recherches, le mausolée de Juba II reste inviolé. Marcel Christofle, architecte en chef des Monuments
Historiques, s'est occupé pendant de longues années du K'bour Roumia. Il en
connaît la moindre pierre, et année après année, il s'est efforcé de le sauver
de la ruine complète et de le restaurer, dans la mesure du possible. Ce n'était
pas là tâche aisée, mais avec une patience infinie il s'y est attelé et il a,
malgré les difficultés sans nombre, obtenu des surprenants résultats. A la fin de sa
carrière, il nous laisse le rapport détaillé de ses efforts sous la forme d'un
beau livre, magnifiquement illustré, et qui se lit d'une traite, comme un
passionnant roman. Si aujourd'hui le Tombeau de la Chrétienne semble
définitivement sauvé et est en grande partie restauré dans son état primitif,
c'est avant tout à l'abnégation et à la compétence de M. Christofle qu'on le
doit. Il a bien mérité de l'archéologie. [S. J. De Laet.]
L'ouvrage est dédicacé à une demoiselle. Je crois que le
terme a une valeur péjorative de nos jours. Pierre
Le Tombeau de la Chrétienne. Paris, Arts
et Métiers Graphiques, 1951. Un volume in-4 (27/21cm). Broché, couverture
colorée. 188 pages, 164 photos hors-texte reproduites en héliogravure et
dessins in-texte, 1 planche dépliante. Un des exemplaires numérotés, réservé au
Gouvernement général de l'Algérie. Dédicace manuscrite. Très bon état. Vendu
3 commentaires:
hum... c'est un rébus ! qu'est-ce qu'on gagne si on trouve les mots manquants ?
C'est un peu le problème avec S. J. De Laet dont j'ai mentionné le nom pour la partie que je lui ai empruntée... Ce gars ne finit jamais ses phrases et est atteint d'un bégaiement rebelle qui nuit à la compréhension de ses textes ;-)) Je corrige.
Les journées de 24h étaient un peu courtes en cette fin de semaine, en fait. C'était ça ou caviarder l'animation de la messe à la Collégiale, aujourd'hui... Vous ne vouliez quand même pas que nos églises se vident !
Calamar, vous gagnez un magnifique catalogue qui est peut-être déjà arrivé à bon port ? ;-))
Amicalement. Pierre
mais oui, il est arrivé, Pierre, merci !
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