Christophe Colomb a découvert l'Amérique en 1492. Présentée comme une vérité historique, cette affirmation péremptoire enseignée dans les manuels scolaires est aujourd’hui controversée. Un Viking, Leif Eriksson, aurait précédé Colomb de cinq siècles. La belle affaire ! C’est quand même notre marin génois qui a marqué le début de la colonisation du continent américain par les Européens et on ne trouve pas de descriptions de grands blonds à moustache dans les mémoires de Cortes…
Que s'est-il passé après l'arrivée de Colomb ? Malheureusement, conquistadors, colons, missionnaires, n'ont pas seulement mené des guerres de conquête, ils ont aussi apporté avec eux des maladies venues de l'autre côté de l'Atlantique, contre lesquelles les indigènes n'étaient pas immunisés : la variole, la grippe, la peste... Le résultat a été une diminution massive de la population autochtone. Vu qu'il n'y avait aucun compte précis de la population de l'époque, il est difficile de dénombrer le nombre de morts liées à la colonisation européenne. Le terme de "génocide" a été écarté.
C’est cette Histoire de l’Amérique qui nous est
contée dans l’ouvrage que je propose aujourd’hui à la vente. Ayant été écrite
au 18eme siècle par William Robertson, la proximité des faits mentionnés ainsi
que les erreurs de jugement liées à cette proximité en font un ouvrage
pédagogique remarquable.
Et pourtant William Robertson n’a jamais voyagé aux
Amériques ! Dans sa préface, il nous explique d’ailleurs les supports
bibliographiques qu’il a utilisé et les nombreux échanges qu’il a eu avec les
bibliothèques des pays ayant joué un rôle dans cette histoire ; toujours des
pays de marin car c’est la navigation qui a donné aux hommes le pouvoir de
transporter le superflu d’une partie de la terre pour subvenir aux besoins d’une
autre…
« L'ambition des conquêtes et le besoin de se
procurer de nouveaux établissements ne devinrent plus les seuls motifs des
émigrations. Le désir du gain devint un nouveau but. Il enfanta des aventuriers
qui entreprirent de longs voyages pour chercher des pays dont les productions
ou les besoins pussent augmenter la circulation qui seule entretient et étend
le commerce. Devenu, dès lors, une grande source de découvertes, le commerce s’ouvrit
des mers inconnues pénétra dans des régions nouvelles et contribua plus qu’aucune
autre cause à faire connaître aux hommes la situation, la nature, les
productions des différentes parties du globe.
L’Espagne par un excès de précaution a constamment jeté
un voile sur ses opérations en Amérique Elle les cacha aux étrangers avec un soin particulier. J’ai trouvé dans les autre parties de l’Europe des
dispositions bien différentes. Sa Majesté Impériale d’Autriche avait bien voulu
ordonner qu’on m’envoyât une copie non seulement d’une lettre de Cortes mais aussi de tous les papiers qui pourraient jeter quelque jour
sur l’Histoire de l Amérique. J ai trouvé les mêmes facilités & le même
succès clans mes recherches à Saint Petersbourg. Pour examiner quelle était la
communication la plus voisine de notre continent avec celui de l'Amérique il m'était
essentiel d’obtenir des informations authentiques sur les découvertes des
Russes dans leur navigation vers la côte d'Amérique.
J’ai reçu aussi des
instructions très utiles & importantes de M le chevalier de Pinto, ministre
de Portugal, à la cour Britannique qui a commandé plusieurs années à Matagrosso,
un établissement Portugais dans l’intérieur
du Brésil où les Indiens font en grand nombre & où leurs mœurs primitives
ont été peu altérées par leur commerce avec les Européens. De son côté, M Suard,
auteur de l’élégante traduction en français de mon ouvrage, m’a envoyé des réponses
aux mêmes questions rédigées par M. de Bougainville qui a eu occasion d
observer les naturels de l'Amérique septentrionale ainsi que par M. Godin le jeune qui a résidé pendant
quinze ans parmi les Indiens à Quito & vingt ans à Cayenne. […] »
William Robertson (1721 - 1793) fut pendant trente ans Recteur
de l'université d'Édimbourg. Il se distingua dans la prédication religieuse et l’historiographie. La traduction de son Histoire de l’Amérique
est de Jean-Baptiste-Antoine Suard (1732-1817).
Cette première édition au format in-8 n'est pas la plus fréquente. On trouve le plus souvent l'équivalent au format in-12. Pierre
Histoire de l'Amérique. Traduit de l'Anglois. A Paris, Chez Panckoucke, 1778. Trois volumes in-8. Reliure plein
marbré, dos à nerfs ornés de fleurons dorés, pièces de titre et de tomaison, tranches
jaspées, filet sur les coupes, gardes colorées. [2 ff.n.ch titre]., XXIV, 407
pp ; [2 ff.n.ch], 572 pp ; [2 ff.n.ch], 525pp,[2ff ], 4 planches dépliantes
hors-texte. 1/carte du golfe du Mexique des iles et des pays adjacents. 3/carte
du Mexique et de la nouvelle Espagne. 4/carte des pays situés sur la mer du sud
depuis Panama jusqu'à Guayaquil. 5/table chronologique des mexicains. A la fin de l'ouvrage se trouve un catalogue des livres et
manuscrits espagnols que l'auteur cite dans son histoire. C'est sans doute la
plus ancienne bibliographie concernant l'Amérique. Bel exemplaire bien relié. Intérieur
très frais sans la planche n°2 (Brésil). Ex praemio. 350 € + port
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