"La science des fortifications a pour but d'accroître les positions d'une troupe militaire afin qu'elle puisse se défendre contre un ennemi numériquement supérieur". C'est, en tout cas, la définition donnée en préambule de l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente. Pour ma part, l'idée que je me faisais des fortifications était jusqu'à là architecturale ; la faute à Vauban et à Maginot dont la visite des imposantes constructions édifiées sur le parcours de mes vacances scolaires a grignoté quelques heures sur mon temps libre d'alors…
Les fortifications permettaient (permettraient
toujours ?) de confier à de faibles troupes la garde et la défense d une
position "soit qu'on veuille agir sur un autre point, soit qu'après un
revers, il s'agisse d'attendre de nouvelles forces pour reprendre l'offensive
"
À partir de la fin
du XVIII siècle, la fortification doit répondre aux avancées
techniques dans le domaine de l'artillerie :
l'augmentation de la portée des pièces (qui passe de 600 à 3 000 mètres
au début du XIX siècle), de la cadence de
tir (grâce au chargement par la culasse),
de la précision (grâce au canon rayé) et de la puissance des projectiles
(obus
cylindro-ogival muni d'une fusée percutante et rempli d'explosif) rendent
inefficaces toutes les fortifications érigées selon les principes de la fortification bastionnée.
Les Français
restent cependant fidèles aux principes de Vauban et de ses
successeurs. En 1832, la prise de la citadelle d'Anvers
est due au pilonnage de la place par les mortiers du général Haxo (plus de 39 000 obus et
bombes sont tirés en 19 jours de siège). Une solution à l'augmentation des
portées est alors de construire une ceinture de " forts
détachés " pour maintenir l'assiégeant hors de portée du centre-ville
à protéger. Cette solution est appliquée autour de Lyon en 1831-1852 (avec treize forts
bastionnés et neuf redoutes), puis autour de Paris
en 1840-1846 (avec quinze forts bastionnés et onze batteries placés de 1,5 à 5 kilomètres
de l'enceinte).
Ce que ne pouvait
deviner l'ouvrage proposé aujourd'hui [avec son remarquable Atlas], c'est que la guerre franco-allemande de 1870-1871
allait être marquée par les sièges de Strasbourg, de Bitche, de Metz, de Montmédy,
de Verdun, de Belfort et de Sedan…
La France se retrouvera fortement affaiblie et isolée du reste de l'Europe, sous la
menace d’une Allemagne
renforcée par le gain de l'Alsace-Lorraine.
Une des priorités sera
alors de fortifier la nouvelle frontière. La guerre de 1914-1918 sera
une guerre de tranchée parfois loin des fortifications… La nouvelle priorité sera donc ensuite d'étanchéifier cette
frontière. La ligne Maginot fut donc construite entre 1928 et 1940 avec le succès que l'on connait… En fait, la science des fortifications n'est pas une
science exacte ! Pierre
ÉMY (Colonel A.R). Cours élémentaire de Fortification,
fait à l'École spéciale militaire. Paris, J. Dumaine, 1843. Un vol. in-8 et un
atlas in-4. Reliures de l'époque demi basane fauve, dos lisse, filets et
lettres dorés. L'atlas contient 22 planches à double page gravées sur acier
d'après les dessins de l'auteur et montées sur onglets. Intérieur frais, des rousseurs, une mouillure claire en coin des planches ne touchant pas les
dessins. Bel ensemble en reliure uniforme. 260 € + port
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