Il a fallu quelques hommes, au milieu du 19eme siècle, pour donner à la langue provençale son dictionnaire et sa grammaire. Mistral en est l'auteur le plus connu, Prix Nobel de Littérature oblige… mais il a été accompagné en cela par d'autres pour faire naître ce fameux Dictionnaire du Félibrige !
Le Félibrige est une association littéraire fondée en 1854 par Frédéric Mistral et six autres poètes provençaux pour assurer la défense des cultures régionales traditionnelles et la sauvegarde de la langue d'oc [ Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Paul Giéra, Anselme Mathieu et Alphonse Tavan ]. Ensemble, ils entendaient restaurer la langue provençale et en codifier l'orthographe. Le nom Félibrige est dérivé du mot félibre, terme remis à l'honneur par Mistral pour désigner un membre du Félibrige (une femme est appelée félibresse et il y en a beaucoup !). Le nom de félibre contient le mot libre qui signifie à la fois « livre » et « libre » en provençal, ce que l'on peut interpréter par l'esprit même du Félibrige : Acquérir la liberté au travers du livre...
Tout le monde dans le domaine occitan, utilise Lou Tresor dou Felibrige de Mistral, mais ce Tresor est loin de faire l'unanimité. Nul ne met nullement en question l’importance du travail que Mistral a fourni. Il suffit de se rappeler qu’il a travaillé presque seul là où, de nos jours, des équipes nombreuses se réuniraient pour faire un ouvrage comparable. Certes, il a pu utiliser les dictionnaires d’Honnorat (Dictionnaire provençal-français ou dictionnaire de la langue d’oc ancienne et moderne. Digne, 1848), mais à son époque, ces encyclopédies de la langue d’oc étaient perfectibles. En fait, Mistral a changé la graphie étymologisante d’Honorat conte celle phonologisante du Félibrige, due essentiellement à la conception qu’avait Roumanille de la langue, et il l'a régularisée.
Le monde occitan a regretté cette révision, car la graphie félibréenne est, on le sait, centrée sur les parlers de la Provence rhodanienne ce qui ne facilite pas l’application de cette révision orthographiques aux autres variétés occitanes. De là, un siècle de querelles orthographiques qui n’ont guère contribué au succès du mouvement régionaliste.
Il convient néanmoins de dire
que l’emploi pratique que fait Mistral de son système est incomparablement plus
cohérent que celui qu’Honnorat avait fait du sien. De plus, Mistral s’est
appuyé sur de nombreux correspondants qu’il avait dans tout le pays d’oc. Cela
lui a permis d’augmenter considérablement le nombre des entrées et d’enrichir
la valeur sémantique de beaucoup d’articles. Si Mistral avait cette source importante
c'était essentiellement par souci encyclopédique car le Trésor n’est pas
uniquement un dictionnaire…
L'édition que je vous propose à la vente est la première réédition à l'identique (in folio) faite par la Librairie Delagrave en 1932. Elle est présentée dans sa reliure éditeur en très bel état. J'ai constaté, chez un confrère, que la différence de couleur du cuir des dos des deux tomes était chose apparemment normale. Effet du temps ou erreur de fournisseur ? Pierre
MISTRAL (Frédéric). Lou tresor dou
felibrige ou dictionnaire provençal-français (2 tomes ) embrassant les divers
dialectes de la langue d oc moderne édition du centenaire avec documentation
iconographique mistralienne. Paris, Delagrave 1932. 2
forts volumes in folio. Reliure demi-chagrin bleu marine, dos à faux nerfs
ornés de caissons de filets dorés, compositions originales à froid, soleils,
cigales et rameaux d'olivier, plats de percaline chagrinée bleue avec filets
d'encadrement à froid, tranches finement mouchetées, couvertures ornées des
armes en couleurs de la Provence conservées. 1196 et 1165 pages. Il s'agit ici
de l'édition du centenaire sous la direction de V. Tuby, président de
l'Académie Provençale. 480 € + port
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