Deux personnages chevauchent plus ou moins paisiblement sur des routes, vers une destination qui restera inconnue, s'arrêtent dans des auberges, devisent à bâtons rompus : questions philosophiques, souvenirs intimes, anecdotes... Jacques le fataliste est un valet courageux, intelligent, généreux et a le sens de l’initiative. Philosophe prolixe il affirme que « tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut ».
Le maître de Jacques apparaît lui, sous les traits d‘un
aristocrate oisif, amorphe et irascible. Il l’entraînera par sa lâcheté et sa maladresse dans les pires
mésaventures. Par la faute de son maître, Jacques subira les attaques de
brigands, il sera pris à parti par la foule et se retrouvera même en prison !
Ce récit nous interpelle sur une interrogation
fondamentale : L'homme est-il libre et peut-il infléchir son destin ?
Doit-il être fataliste ? Plus philosophe que Diderot, je ne vois que
l'abbé Jérôme Coignard…
Par ce procédé, Jacques le Fataliste devrait rencontrer les lecteurs modernes. De tous les ouvrages de Diderot, il est le plus commenté, le plus glosé. Malgré la richesse et la variété de la critique, Jacques demeure d'une complexité et d'une opacité redoutables. Toute interprétation péremptoire risque de susciter une opinion contraire. Dès la première lecture, l'ouvrage est déconcertant. La première explication que l'on peut fournir à la confection de ce recueil factice, c'est la genèse même du roman : c'est un devenir de près de vingt ans que nous pouvons lui assigner.
Conçu à partir de 1765, il paraît d'abord en feuilleton dans
la revue de Grimm, La Correspondance littéraire, de 1778 à 1780, mais Diderot
ne cesse de l'augmenter jusqu'à sa mort, et l'œuvre qui, en 1771, comptait 125
pages, en atteignait 200 en 1778, 208 en 1780, 287 en 1783. Le cas n'est pas
isolé chez Diderot : la genèse du Neveu de Rameau, du Rêve de l'Alembert, du
Supplément au Voyage de Bougainville, du Paradoxe sur le comédien, révèle
chaque fois le même étalement dans le temps.
L'ouvrage que je vous propose aujourd'hui à la vente est
l'œuvre de la Maison René Kieffer que j'ai déjà présentée par ailleurs sur le blog
(ici et ici). Il s'agit d'un livre de grand format illustré par Edmond Kayser.
Tiré à 550 exemplaires, l'ouvrage proposé sur Vélin pur fil est le deuxième
tirage après 50 sur Japon Impérial. Bien
relié, il présente cependant quelques menus frottements sur la reliure en
raison de l'inconséquence de son dernier propriétaire, fatalement ! Pierre
Jacques le Fataliste et son maître. Paris, René Kieffer, 1922. Un volume grand in-4. Reliure demi chagrin noir à bande, dos à nerfs, titre en lettres dorées, tranche supérieure dorée, garde colorées. Étui bordé cartonné coloré. Édition numérotée 1/500 exemplaires sur vélin pur fil (après 50 exemplaires de tête sur Japon). Orné de 50 illustrations en noir de Edmond Kayser. Papier filigrané au nom de l'éditeur. Quelques épidermures, étui frotté. Couverture et dos conservés. Intérieur parfait. Vendu
4 commentaires:
Pardon, j'arrive comme les carabiniers : la neige ne me vaut rien (parce que je sais pas comment c'est à Tarascon mais ici il a neigé). Juste pour dire que Diderot a même mis tellement de temps pour écrire le Paradoxe que l'ÉO est posthume. Et pas qu'un peu puisqu'elle date de 1825 ! Grand bonhomme, au reste, ce Diderot.
Pascal M***
Ouais, ben la neige ne me vaut décidément rien : le Paradoxe c'est pas 1825 mais 1830 (c'est le Traité de typo de Fournier qui est de 25, meme s'il est aussi l'imprimeur dudit Paradoxe).
Pascal
Bonjour,
En ligne sur mon blog, une fiche de lecture consacrée à Jacques le Fataliste de Diderot : http://100fichesdelecture.blogspot.fr/2015/05/diderot-jacques-le-fataliste-et-son.html
Évidemment, mon petit résumé parait bien étisique ! Belle fiche de lecture où le mot éponyme est utilisé à bon escient. Là, je dis respect ! Pierre
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