La Maison Zech & Fils remonte à la fin du XVIIIe siècle. Le 12 décembre 1785 l'empereur Joseph II accorda des lettres patentes d'imprimerie à Auguste Lelong, lequel était établi à Mons. Son fils Hippolyte voulant développer l'entreprise, la transféra à Charleroi. Hippolyte Lelong fut l'imprimeur du journal le plus ancien de Charleroi, dont le premier numéro parut en 1821 sous le titre de Feuille d'Annonces de l'arrondissement de Charleroi (On trouve un Jean Lelong imprimeur à Paris en 1581).
Ensuite la Maison fut installée à Bruxelles
où elle fut longtemps le fournisseur de l'Administration des Chemins de Fer ;
Charles Lelong continua la profession du père. En 1871, il se rendit acquéreur
d'une ancienne filature à Braine-le-Comte et y transporta ses presses et
ateliers. C'est lui qui donna à la firme son
développement ; ayant repris l'atelier de reliure Calais, il se spécialisa dans
l'édition des ouvrages religieux. Il ne tarda pas à acquérir dans cette branche
une réputation qui s'étendit à l'étranger. Fait très intéressant pour cette
époque, il dota son imprimerie des premières machines à composer et distribuer
qui firent leur apparition sur le continent, grâce à un contrat passé en 1874
avec un fabricant anglais.
Charles Lelong était un précurseur mais ces machines étaient très compliquées et leur emploi coûtait aussi cher, sinon plus cher, que la composition à la main, sans compter qu'aux compositeurs et distributeurs il fallait adjoindre un mécanicien expérimenté. Charles Lelong mourut en 1876 et les machines à composer furent remisées dans un dépôt ; sa veuve puis sa fille dirigèrent les affaires. En 1883, la Maison fut reprise par Guillaume Zech-Du Biez sous la raison sociale "Zech et Cornet" puis "Zech & Fils". Sous son impulsion énergique et habile, et secondé par sa femme qu'il avait associée à son oeuvre, l'imprimerie prit un nouvel essor.
En 1898, un terrible incendie détruisit complètement les vastes ateliers ainsi que les précieuses collections accumulées depuis plus d'un siècle ; les fameuses machines à composer et à distribuer furent ensevelies sous les ruines fumantes. En 1899, Théophile Zech reconstruisit les bâtiments qui existent encore aujourd'hui ; les ateliers et les magasins furent reconstitués et l'outillage complètement modernisé. Ce fut alors la reprise rapide des affaires, grâce aux efforts conjugués des dirigeants, de leurs collaborateurs et de leur personnel.
La spécialisation de plus en plus grande dans le domaine des ouvrages scientifiques et religieux a fait de la maison Zech & Fils un établissement important, dont les éditions furent fort appréciées. En 1902, Paul Zech apporta le concours de sa collaboration. Guillaume Zech-Du Biez mourut en 1904. La grande guerre provoqua un arrêt forcé. Après la reprise en 1918 les productions Zech & Fils se répandirent à nouveau dans le monde entier. La production la plus importante consistait en ouvrages à caractère religieux : missels et livres de dévotions, des plus luxueux aux plus modestes - on trouve notamment la mention : Éditeurs pontificaux des Archevêchés de Smyrne et de Québec.
La crise mondiale de 1929 fut surmontée
assez facilement, le chômage fut pour
ainsi dire nul. Le 14 décembre 1935, à l'occasion du jubilé de 150 ans, un
banquet de 300 couverts réunit autour de Messieurs Zech, les présidents et les
personnalités du monde du Livre ainsi
que de nombreuses notabilités du pays.
La guerre de 1940 fut de nouveau une
période difficile au cours de laquelle on vit
Théophile Zech et son épouse s'occuper du personnel afin de l'aider à
supporter ces tristes années. A la libération, en 1944 et malgré le décès de
Théophile Zech, la Maison reprend un nouvel essor sous la direction du fils
aîné Guillaume. En 1960, il s'associe avec la firme Brepols et le matériel ainsi que le siège sont
transférés à Turnhout.
L'imprimerie brainoise ferme ses portes en
1961. La célèbre maison d'édition a cessé d'exister. Il n'est pas rare de
retrouver en Espagne, Russie, Pologne, Mexique, et en bien d'autres pays, des
livres sortis de ses presses, qui firent connaître Braine-le-Comte, une petite
ville de Belgique...
AUGUSTE-JOSEPH LELONG (Imp. à
MONS 1785-1800)
+
MARIE ANGELIQUE
EMPAIN (Imp. à MONS 1800-1834)
_________________________|______________________
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JACQUES JOSEPH LELONG HIPPOLYTE
JOSEPH LELONG
Imp. à MONS
1834-1858
Imp.à CHARLEROI 1810-1850
+
CATHERINE CHARLOTTE BRICHAUX
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CHARLES LELONG
Né à
Charleroi en 1826
Mort à Braine-le-Comte en 1876
D'abord
imprimeur à BRUXELLES puis
à BRAINE-LE-COMTE 1869-1876
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VEUVE CHARLES LELONG
Imp.à
BRAINE-LE-COMTE 1876-1882
__________________________________
Il y eut à Bruxelles un J.A. LELONG,
ZECH et CORNET
Rue des Pierres, qui imprima notamment Imp.à BRAINE-LE-COMTE
1882-1887
des Etrennes Mignonnes vers 1850.
__________________________________
Ensuite sa Veuve.
ZECH et FILS
Imp.à
BRAINE-LE-COMTE 1868-1961
GUILLAUME
ZECH - DU BIEF
THEOPHILE ZECH et PAUL ZECH
GUILLAUME
ZECH
[Ce texte est
inspiré d'une publication de Mr Edmond RUSTIN, historien local et de
"Histoire du Livre et de l'Imprimerie en Belgique"]
Jusqu'à, il y a
quelques années, ces publications religieuses se trouvaient facilement sur les
brocantes ou chez les libraires ... même à Tarascon en Provence ! Curieusement,
il est difficile de rencontrer deux ouvrages identiques, généralement ils sont différents
par le texte, les illustrations ou la reliure. Je n'ai hélas jamais trouvé
d'exemplaires imprimés pour les Archevêchés précités.
René de
Braine-le-Comte
7 commentaires:
Merci, René, pour cet article sur cette maison d'édition à découvrir. Nul doute que nombre d'entre-nous vont, maintenant, aller faire un tour sur leurs rayonnages pour voir si, par hasard, ils ne possèdent pas un exemplaire à vous offrir ;-))
Pierre
Un bel article, bien documenté et bien illustré ... on imagine tout le braine storming qui a du le précéder !
Merci René
Textor
Merci Textor.
Pas mal de cogitation en effet, non pas pour trouver des idées mais bien pour se limiter au sein d'un sujet aussi vaste. J'ai à peine effleuré ce qui concerne l'illustration qui est extrêmement riche et variée.
René
Si l'on voulait aborder l'apport de l'imprimerie dans le renouveau évangélique de la fin du XIXeme siècle, un livre ne suffirait pas.
Un sujet d'actualité puisque, avec la démission de Benoit XVI, les laïcs auront plein de choses à dire sur la déchristianisation de l'Europe à notre époque. Pierre
Une précision : Je pense, en effet, que ce sont les laïcs qui sont les mieux placés pour expliquer la perte de la Foi catholique... Pierre
Bel article fort intéressant qui a été tweeté comme il se doit !
Léo
article trés interessant j'ai pas mal de missels de cet éditeur mais c'est un plus de connaitre l'histoire de cette imprimerie
merçi
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