lundi 5 novembre 2012

Travaux de fourmis bénédictines ou rencontre improbable entre la bibliophilie et la calculite aigüe. Les tables de logarithmes et les "Comptes-faits"


Je dois aujourd’hui à René de contribuer à enrichir le blog L.A.A.T  pour ce premier jour de mes vacances bretonnes (je ne sais si c’est pareil chez vous mais, ici, le temps est au déluge !).


" Lorsque John Napier (en français Néper) développa les logarithmes au XVIIe siècle, il s'en suivit une simplification des calculs, les opérations de multiplication étant remplacées par des additions. Jusqu'à la fin du XXe siècle,  les tables de logarithmes et les règles à calcul furent couramment utilisées avant d'être remplacées progressivement par des calculatrices, mécaniques d'abord et électroniques ensuite.


L'usage du calcul logarithmique nécessitait donc l'établissement de tables, établies par les fourmis calculatrices et composées par les fourmis typographes, le tout bien entendu sans ordinateur à disposition.


Il faut se rappeler que les résultats des calculs basés sur l'emploi des logarithmes, sont toujours approchés, on peut les rendre aussi exacts que l'on veut en augmentant le nombre de chiffres décimaux dans les tables : on trouve ainsi des tables à 5, 7 et même jusqu'à 12 ou 15 décimales.


Cependant certains domaines ne s'accommodent d'aucune approximation, si minime soit-elle : la comptabilité accorde la même importance au dernier demi-centime qu'au million d'euros. (J'aime me faire des amis chez les comptables). Pour les usages commerciaux, on a donc établi des recueils de calculs très exacts, appelés "livres à calculer", "comptes-faits", "barèmes" du nom de François Barrême qui a publié un des premiers manuels de comptabilité.


On a peine à imaginer la somme de travail assommant que représente ces divers manuels qu'il s'agisse des comptes-faits ou des tables de logarithmes. Quel est le nombre d'erreurs dans ces pages ? Après les calculateurs et les typos, se trouvait-il quelque réviseur assez téméraire pour s'atteler à la correction ? "

René

Je remercie René d’avoir rappelé, à cette occasion, la mémoire d’un célèbre tarasconnais (presqu’autant que Tartarin). François Barrême, est né à Tarascon le 7 juillet 1638 et mort à Paris en 1703. Mathématicien, il est considéré comme l'un des fondateurs de la comptabilité. Après s'être livré au négoce en Italie, il s'installe à Paris et devient le protégé de Colbert. Expert pour les comptes de la Chambre des comptes de Paris et arithméticien ordinaire du Roi, il est l'auteur d'ouvrages de tables mathématiques pratiques, destinées à éviter des calculs fastidieux dans le domaine de l'argent. Le livre des comptes-faits, très souvent réédité, et connu plus tard sous le nom de Barème universel, constitue l'un des ouvrages fondateurs de la comptabilité et est à l’origine du terme éponyme qui qualifie les différents taux. 


René nous propose de compléter son article par un ouvrage qui s'y adosse :  le "Manuel du Capitaliste" avec envoi de l'éditeur Sébastien Bottin à un certain Jules Bussinne. Ce manuel, que j'ai en boutique, ne tient pas les promesses de son titre ! C'est en effet un livre des comptes-faits et non une méthode pour gagner honnêtement de l'argent en capitalisant... Pierre 

14 commentaires:

Pierre a dit…

Mon livre des comptes-faits de Barrême dans sa belle reliure XVIIIeme vient de prendre de la valeur grâce à René : qu'il en soit ici remercié. Pourtant l'ouvrage pèche un un peu par le texte ;-)) Pierre

Pierre a dit…

Logarithmes : Je réalise que je ne me souviens plus que de : log AB = log A + log B sans savoir pourquoi. Demain je regarde mais pas ce soir ;-)) Pierre

Textor a dit…

Les barèmes inventés par Barrême !! Et bien j'aurais appris quelque chose aujourd'hui !
Textor

calamar a dit…

n'importe quoi ! bientôt on va nous soutenir que les poubelles viennent de Mr Poubelle, ou les silhouettes de Mr Silhouette, ou (pourquoi pas) que les Renault viennent des usines de Mr Renault...
Très peu crédible tout çà.

Pierre a dit…

On peine à imaginer ce que sera un jour un " Gandillet " ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

Le recueil des Gandillana vaudra bien des ouvrages couronnés par des prix littéraires.
Bravo pour la formule Pierre, c'est beau ! De là la propriété de transformer la multiplication en addition et la division en soustraction.

@Calamar : il y a aussi Sébastien Bottin qui publia notamment des "Comptes-faits ou Manuel du Capitaliste" mais qui n'a pas inventé le téléphone ; mais Mr Frigidaire a popularisé le réfrigérateur. Et que dire de tous les généraux et hommes politiques qui ont pris des noms de rues.

René

calamar a dit…

hum... pour Mr Frigidaire, je demande à voir... mais il a existé une marque de réfrigérateur de ce type : Kelvinator.

Anonyme a dit…

Celui-là c'est Lord Kelvin (alias William Thomson) qui l'a inventé. Mais, comme ce fut notre premier frigo, je peux assurer qu'il ne descendait pas au zéro absolu.

René

Pierre a dit…

L'ouvrage de Sébastien Bottin qui publia les "Comptes-faits ou Manuel du Capitaliste" est maintenant présenté à la fin de l'article de ce jour. Quelle bibliothèque que celle de René ! 5 à 6000 ouvrages ? Pierre

Anonyme a dit…

En effet Calamar, on ne sache pas qu'il ait existé un M. Frigidaire, pas plus qu'un M. Klaxon par exemple. Il ne faut pas confondre éponymie et antonomase.
Que la publicité ou le sens commun invente par la suite un "M. Frigidaire" pour qualifier un homme de tempérament glacial, c'est juste une antonomase. Et s'il se trouve que cet homme glacial est le directeur de la sociéte "Frigidaire", c'est un hasard. :-)

Jean-Michel

Pierre a dit…

Faut quand même pas rigoler avec la langue française, nom d'un petit bonhomme Michelin !

Wikipédia me rappelle que l’antonomase du nom propre, la seule vraie antonomase pour beaucoup de théoriciens, consiste à employer un nom propre pour signifier un nom commun. Selon le cas, ce type d'antonomase peut s'analyser comme une métaphore ou comme une métonymie.

On peut relier l'antonomase du nom propre à la synecdoque dans la mesure où l'individu portant le nom propre fait partie de l'ensemble évoqué

J'en suis scotché ;-)) Pierre

calamar a dit…

je ne sais pas pourquoi, ces termes savants me font irrésistiblement penser aux jurons du capitaine Haddock...

Anonyme a dit…

Pourtant ce brave Archibald ne possède dans sa panoplie de jurons que deux mots se rapportant à des procédés littéraires : anacoluthe et catachrèse.

Jean-Michel

Pierre a dit…

Je ne sais même pas ce que cela signifie ! Je vais regarder mais j'ai peur d'en avoir oublié le sens demain ;-)) Pierre