jeudi 29 novembre 2012

Victor Borie : Pour que l'amour soit dans le pré...


Si, à l'instar d'Adam, le paysan continue, durant tout le Moyen Âge, à défoncer la terre à la force de ses bras, l'événement capital du 19eme siècle, c'est peut-être le basculement dans la modernité de populations rurales dont les conditions de vie et de travail n'avaient guère changé depuis le néolithique…


Pendant tout le 19eme siècle, les paysans restent plus nombreux que les citadins. Les campagnes françaises sont très peuplées, parfois trop peuplées, et les paysans les plus pauvres, attirés par les emplois des villes, quittent en grand nombre leurs villages. Leur départ est d'abord saisonnier (par exemple, les paysans de la Creuse s'embauchent l'hiver comme maçons) puis définitif, facilité par les nouveaux moyens de transport. Ce départ massif se poursuit pendant tout le 19eme siècle et continue encore au 21eme : c'est l'exode rural D'un autre côté, ceux qui restent à la terre voient leur situation s'améliorer : les productions agricoles se diversifient (céréales, pommes de terre, cultures fourragères), et certaines régions se spécialisent (le blé en Beauce, la vigne dans le Languedoc, les herbages en Normandie).


A partir du milieu du 19è siècle, on améliore le rendement des engins agricoles et on invente même des machines agricoles à vapeur (elles sont encore peu utilisées). L'usage des engrais chimiques permet d'améliorer les sols et d'augmenter la production. Mais les progrès touchent la France de manière très inégale : certaines régions n'évoluent presque pas (je ne citerai pas d'exemples). Dans les champs, les travaux se font encore à la main. Tout le monde travaille : adultes, enfants, personnes âgées… Pourtant, les grosses fermes commencent à s'équiper de machines nouvelles. Pour faucher l'herbe et le blé, on utilise une moissonneuse qui remplace les faucheurs. Pour battre le blé, on commence à se servir d'une batteuse actionnée par une machine à vapeur, la locomobile. Et de nouvelles cultures apparaissent comme celle de la pomme de terre ou de la betterave à sucre


Il faut rappeler que depuis l'époque féodale, les paysans travaillaient la terre pour nourrir familles et bêtes. Au 19eme siècle, comme les usines et les chemins de fer se développent, les paysans travaillent aussi pour vendre sur les marchés des villes qui grandissaient. Ils produisent plus de blé, plus de seigle, plus de viande…


A la fin de ce 19eme siècle, beaucoup de paysans possèdent même une partie des terres qu'ils cultivent. Pour le reste, ils sont fermiers ou métayers. Malgré tout, le travail reste très rude... Les nouvelles machines coûtent très cher, le chemin de fer ne passe pas partout, et les traditions sont tenaces, malgré l'école obligatoire depuis 1881.


L'ouvrage de Victor Borie, que je présente aujourd'hui à la vente, vous donnera une idée juste du travail des champs à cette époque. Heureuse époque néanmoins où le paysan pouvait espérer trouver une partenaire sexuelle sans passer par l'impudeur d'une émission télévisée. L'amour est-il encore dans le pré ? Pierre


BORIE Victor. Les travaux des champs. Paris, Librairie agricole de la maison rustique, 1857. Un volume in-12. Reliure demi basane havane, dos lisse avec filets et titre dorés, tranches mouchetées, gardes colorées. 224 pp. Nombreuses figures gravées dans le texte et à pleine page. 32 € + port

 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Conditions de travail inchangées depuis le néolithique, c'est exagéré quand même. Il ne faut pas oublier que les Gaulois utilisaient la moissonneuse, qui fut abandonnée avec l'arrivée des Romains qui eux n'avaient pas pressenti le besoin de l'inventer car la main-d'oeuvre ne leur coûtait pas cher (esclaves). Son rendement n'était pas très élevé, mais elle correspondait à une volonté de pouvoir moissonner rapidement à cause d'un climat pluvieux qui pouvait gâter les récoltes ; Elle aurait pu être améliorée sans cette fichue mode d'alors de tout faire à la romaine.

Jean-Michel

Anonyme a dit…

@ Jean-Michel pouvez vous nous en dire un peu plus sur cette moissonneuse des gaulois ou au moins m'indiquer où trouver des informations à ce sujet.
Merci.
bien cordialement.
mon adresse email pour éviter de surcharger les commentaires de notions de machinisme agricole qui n'intéressent pas forcément tous les bibliophiles !
p.chatelin@orange.fr

Anonyme a dit…

C'est parti.
Faites-moi savoir si c'est arrivé correctement.

Jean-Michel