mardi 20 novembre 2012

Dictionnaire françois-italien par Pierre Canal, medecin en 1603 !

Au XVIeme puis au XVIIeme siécle, le déclin culturel de l'Italie n'ira pas de pair avec son déclin politique, économique et social. Elle continuera à être un pays dynamique, capable d'élaborer une pensée scientifique de haut niveau (Galilée) et de promouvoir des peintres (Le Caravage) ou des compositeurs (Monteverdi) de grande renommée. Je rappelle brièvement, qu'à cette époque, l'Italie est sous l'hégémonie espagnole puis que c'est l'Autriche, avec sa branche des Habsbourg qui la mettra sous sa domination.



C'est pourquoi un dictionnaire François-Italien est un outil fort prisé par l'aristocratie française de l'époque, attirée par le pays de la Renaissance, de l'art et la pensée baroque… Je me disais, tout en tapant maladroitement sur mon clavier (cela me laisse le temps de penser), qu'il est amusant d'imaginer que cet ouvrage de 1603 a été utilisé par un homme à pourpoint et chausse qui devait parler un françois tout à fait incompréhensible pour nous, aujourd'hui.


L'italien a eu, je crois, la chance d'avoir été fixé dans ses règles avant le françois. On le doit, entre-autres, à Dante, au XIIIeme siècle, et il n'est donc pas étonnant que l'italien ait été influencé par le milanais ou  le florentin plus que par le vénitien, cette dernière cité ayant toujours été plus tournée vers le commerce que vers la culture (toute chose relative étant, néanmoins, si l'on considère la beauté de l'architecture de Venise !).


Le français qui parle encore la langue de Petrarque, à cette époque, devra attendre Francois de Malherbe pour que sa langue soit à peu près fixée (je schématise mais on ne peut nier, qu'enfin , Malherbe vint !).


Le dictionnaire François-Italien et Italien-François que je propose aujourd'hui à la vente a ceci de remarquable, qu'à l'image des dictionnaires de l'époque, l'ordre alphabétique ne prend pas en compte que les mots mais les expressions toutes faites utilisées par la société de 1603. Il s'agit de la deuxième édition de ce dictionnaire complétée par Pierre Canal, médecin, comme il est indiqué dans le privilège donné pour dix ans.


L'ouvrage est édité par Jacques Chovet (Paris ou Genève ?) dont l'emblème est orné d'une phrase qui a bercé quelques-unes de mes insomnies : In nocte consilium : nos décisions ne doivent pas être précipitées, il ne faut pas agir en cédant aux premières impressions de l'esprit. La solitude et le silence de la nuit sont favorables à la réflexion, la nuit porte conseil… J'aime bien  ;-)) 


Ce dictionnaire de travail est recouvert d'un parchemin de la même époque mais il est vraisemblable qu'il ait été recouvert plus tard si l'on considère l'écriture au dos de l'ouvrage. Le premier ex-libris, en page de titre, semble d'époque. Une pagination manuelle du XVIIIeme siècle orne de façon régulière le haut des pages à droite. Un garnement du XXeme siècle est également venu ajouter sa patte. Je ne sais combien de personnes ont eu en main cet ouvrage, en fait ! On peut même imaginer que quelques bacilles pesteux soient encore intercalés entre les pages…


Ce dictionnaire a vécu. Vous avez ici la possibilité de continuer à lui donner vie… Idéal pour votre prochain voyage à Venise ! Pierre 











CANAL (Pierre). Dictionnaire françois et italien. Seconde édition, corrigée & augmentée de plus du tiers, tant de mots que de phrases [...] qui sont studieux de ces deux nobles langues. Pour Jacques Chovet, 1603. Deux parties françois-italien et italien-françois de 626 et 651 pages. Nombreux ex-libris. Reliure parchemin. Des défauts d'usure, quelques salissures, des rousseurs… Ouvrage de travail. Vendu

14 commentaires:

Pierre a dit…

Un ami m'envoie cette citation sur l'Italie qui m'a fait rire de bon cœur. Je ne peux résister au plaisir de vous en faire profiter :

"En Italie, durant 300 ans ils ont eu les Borgia, la guerre civile et la terreur. On vous tuait pour un rien mais ils ont produit Michel Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse ils ont pratiqué le fraternité, ils ont eu durant 500 ans la démocratie et la paix et ils ont produit une pendulette, qui fait coucou. [von Clausewitz] " Pierre

calamar a dit…

"ouvrage de travail"... c'est Hugues qui avait mis en ligne un dictionnaire des euphémismes bibliophiliques, non ?

Pierre a dit…

C'est vrai qu'un ouvrage de travail de 1603 devrait normalement prétendre à une retraite bien méritée, Calamar ;-)) Pierre

Léo Mabmacien a dit…

Jacques Chouet Pierre, qui exerça à Genève :


"Autre(s) graphie(s) : Chouët. - Variante(s) de prénom : Jacob ; Jacobus. - Libraire. - Originaire de Colmier-le-Sec, près de Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) ; fils d'un Hugues Chouet. D'abord libraire à Dijon, il est reçu habitant de Genève en sept. 1572 et bourgeois de la ville le 15 juillet 1580. Commence à y exercer la librairie en 1577 au plus tard. Beau-frère de l'imprimeur genevois Jérémie Desplanches. Jacques III et Pierre II Chouet, frères, ses fils ou ses neveux, lui succèdent en 1607 en qualité d'"héritiers de Jacques Chouet"

http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb146316050/PUBLIC

pascalmarty a dit…

Dictionaire et Dittionario pour Dictionnaire et Dizionario. Faudra-t-il, même en italien, ne plus voir dans l'orthographe qu'une maîtresse aussi inconstante qu'exigeante ?
Blague à part, c'est le genre d'ouvrages qui iraient bien dans ma courte bibliothèque, même si j'ai définitivement du mal avec les reliures parchemin. Prévenez-moi si, vilain comme il est, il devait traîner un peu trop longtemps sur vos étagères.

Pierre a dit…

Merci, Léo, de cette précision pour Jacques Chouet. Les français injustement pourchassés par le FISC (Fanatiques intolérants & sectaires catholiques) ont toujours prospéré en Suisse... Pierre

Pierre a dit…

Mais pourquoi donc avoir ajouté un "n" à Dictionnaire ? Le changement pour être nécessaire doit aussi être utile ! Bravo pour cette remarque puisée à la source d'un vilain petit bouquin ;-)) Pierre

pascalmarty a dit…

Ouais, ben si on devait répertorier tous les changements orthographiques que la nécessité ne justifiait pas, on serait pas sortis* !
En tous cas, vilain ou pas, i m'plaît bien, moi, ce dico…

*Voui, voui, c'est esprès : quand "on" remplace "nous" j'accorde au pluriel.

Anonyme a dit…

En effet, on peut imaginer que l'orthographe devenue rigoureuse d'un mot soit née du hasard d'un copiste distrait ajoutant ou retranchant une lettre, puis copié et recopié à son tour.
Dans "Brazil" de Terry Gilliam, une mouche écrasée au plafond, en tombant, transforme Tuttle en Buttle, et rien ne pourra plus changer, certainement pas le bon sens, et ce qui a été écrit restera écrit.

Jean-Michel

Pierre a dit…

Je frémis en pensant que la notoriété du blog puisse, par mon inattention, modifier l'orthographe française. Je serai maintenant emprunt de vigilance ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

C'est sûr qu'avec cet "emprunt" qui veut à tout prix prendre la place d'"empreint", à force d'enfoncer le clou on va y arriver ! :-)

Jean-Michel

Pierre a dit…

Le pire est que, la première fois - c'était il y a plus de deux ans mais je me rappelle encore mon fou-rire quand vous me l'avez fait remarqué - je ne l'avais pas vu à la deuxième lecture !

Bon ! Là, c'était un peu téléphoné, quand même ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

Bonjour je possède un exemplaire de cet ouvrage mais je n'ai aucune idée de sa valeur, pourriez vous me renseigner s'il vous plaît sachant qu'il est quelque peu moins bien conservé que celui présenté ici merci

Textor a dit…

Bonjour, on trouve chez les libraires des exemplaires de cette édition entre 300 et 400 euros, mais il faut qu'il soit en état satisfaisant.
Bien Cordialement
Textor