lundi 3 septembre 2012

Les poésies de Malherbe avec les observations de Menage chez Barbin éditeur. 1689 : Enfin, Malherbe vint...

Honte à moi ! Pendant longtemps, j'ai fait un impardonnable amalgame entre le poète Malherbe et le conseiller Malesherbes. Un poète botaniste qui défendait Louis XVI avec la tête de Henri IV ne m'a jamais vraiment posé de problème jusqu'à l'oral du bac… Une chance que je ne sois jamais tombé dessus ;-)) François de Malherbe (1555-1628), c'est le poète ! Il est connu du grand public pour sa Consolation à M. Du Périer : Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, l'espace d'un matin…

Issu d’une famille noble, François de Malherbe s’attacha à l’âge de 19 ans à Henri d’Angoulême, fils naturel d’Henri II. Il combattit dans les rangs de la Ligue, avant de se marier avec la fille d'un président au Parlement et de se fixer à Aix-en-Provence. Appelé à Paris pour ses affaires en 1585, il reçut des pensions de Henri IV et de Marie de Médicis. Après la mort de son protecteur, un an plus tard, il regagna d'abord la Normandie et puis la Provence avant de s'établir définitivement à Paris.

Épurer et discipliner la langue française a été l’œuvre de sa vie. Il manifestait pour cela une grande sévérité à l’égard du maniérisme et du baroque des poètes du siècle précédent et notamment de Philippe Desportes. Il se plaît à présenter sa conception de l'art poétique dans des ouvrages tels que "Remarques sur Desportes". Effet du hasard ? L'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente présente un ex-libris au nom de Desportes lainé. Un descendant bienveillant ?

On connaît aussi Malherbe par l’hommage que lui adressa Boileau dans son Art poétique de 1674 (voir titre de l'article) ! Une heure avant de mourir, il se réveilla comme en sursaut d’un grand assoupissement, pour reprendre son hôtesse, qui lui servait de garde, d’un mot qui n’était pas bien français, à son gré ; et comme son confesseur lui en voulut faire réprimande, il lui dit qu’il n’avait pu s’en empêcher, et qu’il avait voulu jusqu’à la mort maintenir la pureté de la langue française… A rapprocher de Vaugelas ou de Bouhours qui, lui aussi, avant de mourir se fendit d'un : " Je vais ou je vas mourir, l'un et l'autre se dit ou se disent ". Les linguistes et les grammairiens sont incorrigibles…

A l'instar de la première édition, parue en 1666, ce recueil de poésies est accompagné d'observations qui s'étendent sur plus de 300 pages. Les « Observations de Mr Ménage sur les poésies de Malherbe » constituent une source de toute première importance pour la connaissance de la langue française du Grand Siècle. Pierre

MALHERBE (François de). Les poésies de Malherbe avec les observations de Menage. Paris, Claude Barbin, 1689. De l'imprimerie de Christophe Journel. Seconde édition. Un volume in-12. Reliure plein veau, dos à 5 nerfs orné de caissons à motifs et filets dorés, roulette dorée sur les coupes, tranches rouges. [2ff bl], [11ff], 585, [14ff], [1f bl]. Seconde édition des œuvres de Malherbe commentées par Gilles Ménage. Coiffes arasées et coins frottés. Bel exemplaire à l'intérieur parfait. Peu fréquent à la vente. 320 € + port

4 commentaires:

Textor a dit…

C'est vrai que Malherbe n'est pas très connu, ni beaucoup lu, et c'est dommage car il écrit dans une langue admirable :
"Beauté mon beau souci, de qui l'âme incertaine
A comme l'Océan son flux et son reflux,
Pensez de vous résoudre à soulager ma peine,
Ou je me vois résoudre à ne la souffrir plus."


Textor


Pierre a dit…

Les bibliophiles prêts à nous faire découvrir le XVIeme siècle à travers les textes sont toujours les bienvenus ;-)) Pierre

Textor a dit…

J'ai signé chez le concurrent ! :)

Pierre a dit…

Votre fidélité vous honore. Nous continuerons à lire avec plaisir vos excellents billets sur le B.M ! Pierre