Ce n'est pas un hasard si j'ai présenté, ces derniers temps, deux excellents ouvrages de cuisine, le " Dardenne et Duval " puis le " Lacam " ! C'est qu'avec l'âge, les plaisirs de la chair laissent souvent la place aux plaisirs de la chère... Je récidive donc avec le " Curnonsky ", ouvrage écrit, non pas par un cuisinier mais par un gastronome, je dirai même " Le prince des gastronomes " !
Pendant la première moitié du XXe siècle, Maurice Edmond Sailland, dit Curnonsky (1872-1956), a été le prince incontesté de la discipline. Il faut dire que les fées de la bonne chère s'étaient penchées sur son berceau : descendant d'une vieille famille angevine, Maurice Edmond Sailland avait pour trisaïeule une bienheureuse, Jeanne Sailland, dont les descendants avaient été dispensés, par décret pontifical, de faire maigre le vendredi... L'origine de son nom de plume ? Un calembour de latiniste. Maurice Edmond Sailland signait, pour ne pas faire de tort à sa famille, Cur Non ("pourquoi pas ?" en latin), jusqu'à une visite de la marine russe à Paris, en 1894, à l'occasion de laquelle il décide d'ajouter un "sky" à son pseudonyme. Curnonsky était né.
A l'opposé de la gastronomie raffinée et sophistiquée que professait son contemporain Auguste Escoffier, Curnonsky ne jurait que par les saveurs de la cuisine bourgeoise et des plats régionaux. Il abhorrait deux fléaux : "Le snobisme de la cuisine anonyme et cosmopolite (...), et le goût suranné de cette cuisine compliquée et tarabiscotée qui tendait à dissimuler les saveurs et les arômes et à présenter sous des noms bizarres et prétentieux des plats où la chimie se mêle à la prestidigitation." Pour lui, "en cuisine comme dans tous les autres arts, la simplicité est le signe de la perfection".
Réputé pour son sens de la formule, sans jamais la demander, il écrira au sortir d'un dîner médiocre : "Si le potage avait été aussi chaud que le vin, le vin aussi vieux que la poularde et la poularde aussi grasse que la maîtresse de maison, cela aurait été presque convenable ! ". Il se lance à partir de 1921, avec son compère Marcel Rouff, dans une entreprise titanesque : un tour de France en 32 volumes des cuisines régionales et des bonnes tables. L'entreprise s'arrêtera au 28eme recueil, après la disparition de Marcel Rouff.
Professant "la pratique raisonnée de tous les excès et l'abstention nonchalante de tous les sports", Curnonsky se levait en début d'après-midi et ne prenait qu'un repas par jour. Je vous propose d'en faire de même en élaborant les recettes qu'il a sélectionné dans ce recueil que je propose à la vente. Bon appétit, messieurs (et dames…) ! Pierre
CURNONSKY : Cuisines et vins de France. Nouvelle édition revue et corrigée par Robert. J Courtine avec 90 illustrations en couleurs, 80 recettes en images et un atlas des vignobles de France. Larousse, 1974. Un fort volume in quarto. Reliure pur skivertex cerise. Très bon état. Vendu
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