samedi 22 octobre 2011

Une reliure d'Henri Noulhac sur un texte de Théophile Gautier édité par Férroud et illustré par Lalauze… Que du beau monde !


J'aurais voulu vous faire une belle présentation d'Henri Noulhac, relieur, mais Lauverjat dont on ne peut ignorer l'autorité l'a fait avant moi… Je m'incline et fais, en toute humilité, un superbe "copier-coller" de son article.


La rapide consultation des évangiles selon Fléty, Devauchelle et Duncan et une brève recherche parmi les catalogues permet de préciser le travail de relieur d'Henri Noulhac (1866-1931). Il est né à Châteauroux en 1866 et reçoit une formation dans sa ville natale. (À cette époque à Châteauroux, les libraires-éditeurs A. Nuret et fils signent des reliures simples de très belle facture.) Noulhac s’installe à Paris en 1894. Il est encouragé dans ses travaux de type “janséniste” par Henri Béraldi car, nous dit Fléty, ce dernier n’était ni relieur ni doreur…


Vers 1900 il adjoint à son activité un atelier de dorure tenu par un ouvrier spécialisé. Il introduit dans sa production des décors à motifs floraux dorés et des encadrements dorés. La reliure que je vous présente aujourd’hui, sur un livre de 1896, n'est pas datée (si quelqu'un a une idée). Un peu plus tard, des décorateurs modernes proposent des décors de reliures qu’ils donnent à réaliser par des artisans. Noulhac réalise alors les décors d’Adolphe Giraldon illustrateur et de Jules Chadel dessinateur joaillier. Il travaillera ensuite sur les dessins de sa fille et un peu pour Pierre Legrain. Il réalise des reliures mosaïquées de maroquin de style Art-Déco et s’attache à former des relieurs parmi lesquels Rose Adler et Madeleine Gras.


Sa réputation s’est établie sur une maîtrise professionnelle indiscutable avec une qualité d’exécution du corps d’ouvrage irréprochable. Il travailla jusqu’à sa mort le 22 mars 1931.
Avec Gruel, Marius Michel, Allô, Stroobants, etc... il compte parmi les plus grands relieurs de son temps.


La reliure de type janséniste que je présente est caractéristique de cet exceptionnel artisan. Je ne m'étendrais pas sur l'auteur mais plutôt sur le texte.


Ce fut dans le numéro 9 du Journal des gens du monde, daté du 7 février 1834, que Théophile Gautier (j'adore ce prénom…) publia un conte intitulé : Omphale ou la tapisserie amoureuse (la mode était encore aux sous-titres). En 1839, lorsque le conte fut réédité, l'auteur remplaça le sous-titre par cette mention : Histoire rococo. Tels sont les seuls renseignements que je possède sur cette aimable fantaisie. Omphale est comme les gens heureux, qui n'ont pas d'histoire… Pierre


GAUTIER (Théophile).Omphale. Histoire Rococo. Illustrations de Lalauze. Paris. A. Ferroud. 1896. Format In 12. Reliure plein maroquin janséniste citron signée par Noulhac, dos à cinq larges nerfs, Titre et nom de l'auteur en lettres dorées, contreplats et page de garde de tissus brodé à motif de croissants de lune, large encadrement ornés de filets et fleurons dorés sur le contreplat, double filet sur les coupes et les coiffes, toutes tranches dorées, rognée en tête et sur témoins pour l'ensemble. Doublement de la page de garde en papier fleuri. 42 pp et 2 ff pour le texte seul, le relieur ayant interposé 3ff blancs entre la page de garde et la couverture conservée (du travail d'artiste !). Gravures à l'eau forte dont 2 hors texte à pleine page. Premier tirage des illustrations. Édition tirée à 300 exemplaires : Un des 200 sur vélin d'Arches. Quelques infimes taches sur la reliure. Ex-libris. Bel exemplaire réservé avant sa présentation. Il m'en reste à faire la juste et amicale estimation…

7 commentaires:

calamar a dit…

le fait qu'il soit déjà réservé sans prix nous laisse sans voix...

Pierre a dit…

Le hasard, calamar... Le hasard. Un bibliophile (qui nous lit surement) est passé à la boutique alors que je venais d'acquérir l'ouvrage. Pour être certain de le détenir quand il allait être présenté, il m'a donné un acompte, à moi de faire une estimation juste et amicale de l'exemplaire... Preuve de confiance mais aussi responsabilité de ne pas se tromper !

J'ai un peu laissé trainer car je laisse souvent un temps de latence entre l'achat d'un livre et sa commercialisation, histoire d'en être imprégné (je le mets au frigo).

Et cet après-midi, je me suis lancé. C'est tout. Bon ! Il va quand même falloir que je le mette ce satané prix ;-)) Pierre

Lauverjat a dit…

Bonsoir,
Jolie reliure Pierre! Et merci pour l'hommage à ce billet publié en son temps sur le Blog du Bibliophile de l'ami Hugues.
J'ai croisé aujourd'hui une autre reliure en maroquin de Noulhac ornée de petites fleurs mosaïquées aux coins, répétées au dos.
Aujourd'hui encore, vue une pleine reliure signée Wynants assez décevante dans le style des années 1860 ornée de filets dorés en encadrement. Ceci pour faire écho au billet du 24 septembre dernier
Lauverjat

Anonyme a dit…

Beau livre, y'a pas à redire.
Le terme "acompte" ne me paraît pas très sûr, car aucune vente n'a été contractée, le prix de l'objet restant indéterminé. Il s'agirait plutôt de provision. Est-il utile de s'interroger sur son devenir au cas où l'estimation définitive serait inférieure à son montant ? Comme pour la provision de justice le hasard fait si bien les choses que cette provision est dans le pire des cas pile poil le montant demandé.

Jean-Michel

Pierre a dit…

Non, Jean-Michel, dans ce cas la provision était plutôt symbolique ;-))

Je ne sais pas si des confrères me lisent mais j'aimerais savoir s'il leur arrive de faire comme moi. Quand un client désire un ouvrage qu'il ne peut acquitter en une seule fois, je lui propose un versement à tempérament... Ce futur propriétaire me connait et sait que je suis toujours fidèle à la parole donnée. Il se l'offrira pour son anniversaire. Pierre

Nb : Il m'est arrivé de faire confiance avec des clients que je ne connais pas. Je vous assure que cela peut-être stressant, même si on ose pas l'avouer ;-))

Nadia a dit…

J'ai été témoin de ça, un jour, et je pense que j'étais plus stressée que vous !

Pierre a dit…

Je relis la phrase du nota bene. Pas clair... Je traduis : Il m'est arrivé de faire confiance à des clients que je ne connaissais pas... !

Mais comme il était 12h35 et que mon épouse me demandait en termes très clairs - disons, impératifs - de descendre déjeuner, je ne me suis pas relu ;-)) Nadia, quand vous êtes passée, je vous ai stressée ? Pierre