mercredi 12 octobre 2011
Oliver Goldsmith : Le vicaire de Wakefield. Bel exemplaire su Japon de la maison Quantin.
Je vous propose aujourd'hui un magnifique ouvrage imprimé à petit nombre sur papier Japon et je m'aperçois que, si j'en sais un peu plus que par le passé sur ce papier, c'est au hasard que je le dois.
Quand je me suis installé comme libraire, il y a maintenant près de 3 ans, Benoit Dugognon, employé dans une usine de fabrication de papier industriel à Arles venait d'être licencié pour délocalisation du groupe dans un pays où l'entreprise pouvait espérer faire des bénéfices… Passons ! Quand beaucoup d'ouvriers ont choisi la lutte des classes, il a préféré se former au C.I.C.L d'Arles d'abord puis au Japon ensuite, et avec le soutien d'aides gouvernementales, il nous est revenu, cet été, avec une formation en poche.
Il est aujourd'hui le seul fabricant de papier Japon en France par la méthode du "Junkizuki-washi" et son installation prend forme. Je vous en reparlerai. Mais qu'est-ce donc que ce papier Japon ? Il le développera bientôt mais voyons pour l'essentiel ! Ce papier japon est fabriqué à partir du Kozo, qu'on trouve maintenant à l'état sauvage dans le sud de la France. C'est une variété de mûrier entrant dans la fabrication traditionnelle des papiers japonais qui représentent près de 80 % de l'ensemble de la production des papiers japonais. Cultivé annuellement, le Kozo est constitué de longues fibres, provenant essentiellement des tiges écorcées de l’arbuste, lesquelles donnent généralement des papiers forts et résistants.
Ce papier (inventé par les Chinois, il y a sans doute plus de 2000 ans) provient d'une pâte constituée de fibres végétales (c’est-à-dire de longues molécules de cellulose) dissociées par cuisson et battage, mélangées et étendues en feuille.
Le nom de "washi" vient de wa, le caractère chinois désignant le Japon et de shi, celui représentant la matière du papier. Mais les japonais n’emploient ce terme pour désigner spécifiquement leur papier que depuis le 19ème siècle, pour distinguer ce matériau du papier occidental. Autre particularité du procédé japonais, le mélange obtenu reçoit ensuite un latex tiré d’une plante aquatique, le tororo-aoi, latex qui sert d’agent de liaison entre les fibres.
Enfin, une nouvelle méthode d’étalage des fibres sur le tamis est inventée au Japon : Les fibres sont entrecroisées lors de l’étalage par un mouvement de va-et-vient appliqué au tamis. Une fois la pulpe étalée sur le tamis, l’eau en est expulsée par pressage, puis la feuille est levée, c’est-à-dire extraite du tamis. Les feuilles rassemblées sont à nouveau pressées, plus graduellement, puis contrôlées et mises à sécher.
Au Japon, ce matériau à la fois léger, pliable et imperméable a été amélioré et adapté à d’innombrables fonctions et usages, des plus pragmatiques (murs des habitations, écriture, monnaie et même habillement) au plus artistiques (calligraphie, peinture, pliage…). Le papier reste un matériau omniprésent au Japon en dépit du développement des supports d’information informatiques. La multiplicité de ses usages traditionnels, pour certains spécifiques à la culture nippone, en fait toujours un matériau emblématique.
Le washi peut, bien sûr, être teint. C'est d'ailleurs sa capacité à bien rendre la couleur qui en fait un excellent support pour la typographie et les illustrations. En voici un exemple avec l'ouvrage de l'éditeur Quantin que je vous présente aujourd'hui.
D'ailleurs, un tel ouvrage ne serait plus concevable à notre époque, une simple feuille de papier Japon vierge coûtant près de 10 € ! Pierre
GOLDSMITH (Oliver). Le vicaire de Wakefield. Traduction nouvelle et complète par B.-H. Gausseron. Paris, A. Quantin, s.d, vers 1885. Broché à couverture rempliée et illustrée. Format petit in-4. [2 ff bl], [2ff. dont page de titre illustrée], 297 pp, [1f avec vignette éditeur], [1 f bl]. Illustrations en couleurs sur la couverture de V.A. Poinson et Michelet. 80 compositions en couleurs dont vignette de titre, 36 en-têtes et lettrines, et 43 in-texte, par Poirson.. Edition illustrée de ce classique de la littérature britannique écrit par Oliver Goldsmith (1728-1774). Fils d'un pasteur anglican exerçant son ministère en Irlande, il devint à Londres l'un des personnages les plus hauts en couleur des lettres britanniques. Samuel Johnson a raconté avoir couru, en catastrophe, vendre le manuscrit du Vicaire de Wakefield à un éditeur pour, grâce à l'avance, tirer Goldsmith des griffes de sa propriétaire qui l'avait littéralement pris en otage parce qu'il lui devait son loyer. Le roman n'en est pas moins un modèle du ""genre sentimental"" et, de façon moins superficielle, une réflexion sur l'existence rappelant par certains aspects le Livre de Job. Un des 100 exemplaires sur papier du Japon numéroté, seul grand papier. Ex. n° 27. Bel état. 220 €
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