Ce ne sont pas les espèces les plus fortes, les plus intelligentes qui survivent mais celles qui savent s'adapter, même si Darwin est actuellement violemment contesté par ceux qui sont persuadés que Dieu, Allah, Jehovah – enfin qui vous voudrez – a crée l'homme à son image et que si les pingouins n'ont pas froid aux pieds sans avoir besoin de porter de chaussettes, ce n'est pas un hasard !
Ceci étant, Dieu est parfois fatigué ou a le sens de l'humour : Il a crée l'ornithorynque pour nous faire rire et inventé la prostate pour nous emmerder. Je ne vous parle même pas des poils qui poussent, avec l'âge, dans les oreilles et le nez à mesure que ces derniers disparaissent sur le crâne ;-))
C'est la profonde réflexion qui m'est venue ce matin en apprenant la disparition d'un artiste à la plume délicate, plein d'un esprit léger et qui se moquait de la vie quand elle lui échappait. Peut-être était-il, simplement, fatigué de vivre ?
Vous me dites, Monsieur, que j'ai mauvaise mine,
Qu'avec cette vie que je mène, je me ruine,
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dites enfin que je suis fatigué.
Oui je suis fatigué, Monsieur, et je m'en flatte.
J'ai tout de fatigué, la voix, le coeur, la rate,
Je m'endors épuisé, je me réveille las,
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie pas.
Ou quand je m'en soucie, je me ridiculise.
La fatigue souvent n'est qu'une vantardise.
On n'est jamais aussi fatigué qu'on le croit !
Et quand cela serait, n'en a-t-on pas le droit ?
Je ne vous parle pas des sombres lassitudes,
Qu'on a lorsque le corps harassé d'habitude,
N'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons...
Lorsqu'on a fait de soi son unique horizon...
Lorsqu'on a rien à perdre, à vaincre, ou à défendre...
Cette fatigue-là est mauvaise à entendre ;
Elle fait le front lourd, l'oeil morne, le dos rond.
Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond...
Mais se sentir plier sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain,
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
Aider une existence à continuer sa course,
Et pour cela se battre à s'en user le coeur...
Cette fatigue-là, Monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre,
On va aider un être à vivre ou à survivre ;
Et sûr qu'on est le port et la route et le quai,
Où prendrait-on le droit d'être trop fatigué ?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
Marquant chaque victoire, en creux, sur la figure,
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d'autres creux il passe inaperçu.
La fatigue, Monsieur, c'est un prix toujours juste,
C'est le prix d'une journée d'efforts et de luttes.
C'est le prix d'un labeur, d'un mur ou d'un exploit,
Non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail, d'une journée remplie,
C'est la preuve, Monsieur, qu'on marche avec la vie.
Quand je rentre la nuit et que ma maison dort,
J'écoute mes sommeils, et là, je me sens fort ;
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
Et ma fatigue alors est une récompense.
Et vous me conseillez d'aller me reposer !
Mais si j'acceptais là, ce que vous me proposez,
Si j'abandonnais à votre douce intrigue...
Mais je mourrais, Monsieur, tristement... de fatigue.
Robert Lamoureux
Qu'avec cette vie que je mène, je me ruine,
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dites enfin que je suis fatigué.
Oui je suis fatigué, Monsieur, et je m'en flatte.
J'ai tout de fatigué, la voix, le coeur, la rate,
Je m'endors épuisé, je me réveille las,
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie pas.
Ou quand je m'en soucie, je me ridiculise.
La fatigue souvent n'est qu'une vantardise.
On n'est jamais aussi fatigué qu'on le croit !
Et quand cela serait, n'en a-t-on pas le droit ?
Je ne vous parle pas des sombres lassitudes,
Qu'on a lorsque le corps harassé d'habitude,
N'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons...
Lorsqu'on a fait de soi son unique horizon...
Lorsqu'on a rien à perdre, à vaincre, ou à défendre...
Cette fatigue-là est mauvaise à entendre ;
Elle fait le front lourd, l'oeil morne, le dos rond.
Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond...
Mais se sentir plier sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain,
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
Aider une existence à continuer sa course,
Et pour cela se battre à s'en user le coeur...
Cette fatigue-là, Monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre,
On va aider un être à vivre ou à survivre ;
Et sûr qu'on est le port et la route et le quai,
Où prendrait-on le droit d'être trop fatigué ?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
Marquant chaque victoire, en creux, sur la figure,
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d'autres creux il passe inaperçu.
La fatigue, Monsieur, c'est un prix toujours juste,
C'est le prix d'une journée d'efforts et de luttes.
C'est le prix d'un labeur, d'un mur ou d'un exploit,
Non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail, d'une journée remplie,
C'est la preuve, Monsieur, qu'on marche avec la vie.
Quand je rentre la nuit et que ma maison dort,
J'écoute mes sommeils, et là, je me sens fort ;
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
Et ma fatigue alors est une récompense.
Et vous me conseillez d'aller me reposer !
Mais si j'acceptais là, ce que vous me proposez,
Si j'abandonnais à votre douce intrigue...
Mais je mourrais, Monsieur, tristement... de fatigue.
Robert Lamoureux
14 commentaires:
Bel hommage ! Un homme de talent, vraiment. Et outre les chansonnettes et autres histoires rigolottes, sa 7eme Compagnie a bercé plus d'une soirée de mon enfance.
Bon vent Monsieur Lamoureux ! (et quand on porte un nom comme ça comme il disait, c'est tout de même une chance !)
Pour ceux qui voudraient égayer encore un peu ce lundi matin je vous propose d'écouter Papa, maman, la bonne et moi : http://www.dailymotion.com/video/xgdcvm_robert-lamoureux-papa-maman-la-bonne-et-moi_fun
B.
Merci, Bertrand, d'appuyer cet hommage mérité. Il nous enchante même dans l'éloge de la fatigue... J'ai eu la chance de travailler sur une de ses pièces de théâtre. Un feu d'artifice de bons mots, de situations cocasses et tout ceci sans vulgarité. Bravo l'artiste ! Ph Gandillet
Bonjour,
Quel beau texte qui nous porte, loin.
Bien à vous,
Sandrine.
ah je comprends... les succès de Robert Lamoureux sont à porter au crédit de Philippe Gandillet, trop modeste pou revendiquer sa part de gloire !
Le canard a fini par mourir. Hélas.
Jean-Michel
votre éloge a robert lamoureux et la publication de ce texte savoureux est tout a votre honneur
mais de grâce, laissez cet homme au panthéon des artiste qui inventa en son temps le comique moderne dont s’inspirèrent les Coluches et autres humoristes
et laissez la foi en un créateur aux croyants
le mélange des genres est indigestes
Ce mélange dont parle (et écrit avec des fautes et sans avoir pris sa respiration entre deux ponctuations absentes) Mr L'Anonyme, qui, comme son nom l'indique, n'a pas signé, n'est pas choquant ni inhabituel chez Pierre. Pourquoi la foi serait-elle incompatible avec le sujet abordé, et pourquoi devrait-on forcément cloisonner les genres ?
Le petit texte de présentation était de l'humour et de l'auto-dérision pour ceux qui me connaissent ;-))
J'ai essayé de ne pas être blessant comme savait le faire si bien Robert Lamoureux mais je n'y suis pas arrivé... Le talent ne s'invente pas.
L'anonymat ne me gène pas personnellement, rassurez-vous. C'est un moyen de se protéger. Merci à Nadia de me défendre mais il faut reconnaitre que je l'ai cherché ;-)) Pierre
Vous n'avez absolument rien cherché, Pierre.
Ceux qui ne savent pas lire ou entendre certaines choses passent leur chemin et vont lire ailleurs.
Je n'ai vu nulle trace de propagande chrétienne dans votre texte. Je suis moi-même croyante plus que tiède, et ne me suis pas pour autant sentie influencée. Si vous vous êtes trouvé blessant, c'est qu'il vous reste encore une bonne dose d'auto-flagellation, mais c'est normal, pour un chrétien... (aïe !).
J'entends bien que vous ne vouliez pas polémiquer, et que vous soyez indulgent envers vos lecteurs, mais ne tendez pas l'autre joue pour autant.
(je ne vous engueule pas, là, hein ? que ce soit clair...). J'ai sorti ma housse de clavier d'hiver : une jolie fourrure bien douce.
(Mince !!! je vais avoir la SPA sur le dos !)
Alors là, entièrement d'ac. avec Nadia.
Ce texte d'introduction était tout à fait dans un esprit des lieux qui n'eut pas déplu à Dieu lui même.
Bon 1er Novembre à tous les saints qui protégent ce lieu de liberté de paroles et de convivialité;
bien à vous,
Sandrine.
J'espérais bien que quelques filles allaient monter au créneau et Sandrine, une fois de plus, ne nous a pas déçus !
Je surenchéris. S'il y avait eu la moindre trace de prosélytisme religieux dans ce billet, où Philippe Gandillet s'est d'ailleurs oublié jusqu'à en écrire comme tout le monde, nul doute que mon agnosticisme militant n'aurait pas manqué de réagir au quart de tour. Moi j'ai trouvé ça marrant et sympa (d'autant qu'en dépit de l'âge qui avance je n'ai toujours pas de poils dans les oreilles…).
En effet, en effet, je n'ai discerné pour ma part aucun "mélange de genres".
Mais Pierre sait très bien serrer sa haire avec sa discipline pour prier - en profane - que le ciel l'illumine, comme à peu près disait quelqu'un d'autre pour signifier tout autre chose.
Autrement dit : le bon mot avant tout !... :-)
Jean-Michel
Cet échange cordial me donne l'idée de vous présenter un ouvrage de Darwin. Mais les exemplaires anciens sont inabordables... Et je peux vous assurer que le mélange des genres peut être, à ce moment, indigeste !
J'ai mis plusieurs années, pour ma part, à admettre qu'il n'y avait pas de confrontation entre la raison et la foi. Et ce n'est pas moi qui l'ai dit le premier. Même Jean-Paul II avait déclaré que « l’évolution était plus qu’une hypothèse scientifique » ! Pierre
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