lundi 24 octobre 2011
Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Jean de Bonnot ou la quadrature du cercle...
Cher Maître,
Faites-nous une causerie un peu plus moderne, pour cette fois ! Des lecteurs – je ne citerai pas de noms – trouvent à vos choix de livres et à votre style une obsolescence qui aurait sans doute fait sourire, même au dix-neuvième siècle… Pourriez-vous nous trouver, sur les rayonnages de la librairie de Pierre, une série d'ouvrages qui répondent à la demande de jeunes lecteurs qui souhaitent associer les textes de leurs auteurs préférés à des présentations extérieures flatteuses tout en étant soucieuses de respecter le budget qu'ils accordent à leur bibliophilie ?
Je m'incline devant ce jugement sans appel d'autant plus que sur Fb ; je n'ose écrire Facebook, on va me taxer de ringardise ; un ami que je sais bibliophile et à qui je proposais d'acquérir du lot n°11 d'une vente à Drouot menée sous l'autorité de Dominique Courvoisier m'écrivait : Non, pas le 11, je l'ai déjà chez l'éditeur Jean de Bonnot (pas la même édition, mais bon, c'est le texte qui compte, non ?). Mais quel est donc ce professionnel qui s'attache encore à commercialiser des textes anciens ?
L’éditeur d'art Jean de Bonnot perpétue la tradition des livres reliés plein cuir, tranches de têtes dorées, faits de bon papier vergé et filigrané. Les collections signées Jean de Bonnot font le bonheur des amateurs d’ouvrages parfois épuisés ou très anciens, réédités dans les règles de l’art. Chaque volume est unique, avec des décors aux fers gravés et ciselés à la main, des gravures d’époque, des signets, tranchefiles, culs de lampes originaux... Les bibliophiles sont plus divisés sur ce sujet, reprochant à ces ouvrages de ne pas répondre à leurs critères de sélection. Quels sont-ils, au fait ?
Voici, en tout cas, les caractéristiques communes aux exemplaires de cet éditeur : Des ouvrages faits de papier vergé fabriqué comme autrefois, à la forme ronde et filigrané et des volumes habillés d’une reliure plein cuir, dorés sur tranche, aux coins rempliés à la main et à l’os de bœuf, avec des décors aux fers gravés et ciselés à la main... Ces termes fleurent bon l’artisanat traditionnel – c'est ce qui est écrit - et seraient tombés en désuétude sans la ténacité, le dynamisme et le savoir-faire de la dernière maison d’édition “à l’ancienne”.
Cet éditeur tenant négoce à l'enseigne du canon veut mettre la culture classique à la portée de tous. Pour lui, tout véritable amateur doit pouvoir se procurer des ouvrages de qualité et les transmettre à ses enfants. Ainsi, Jean de Bonnot propose des livres luxueux et confectionnés avec les matériaux les plus nobles dans la grande tradition des maîtres relieurs d’antan.
Ces ouvrages reliés sont accessibles à des prix raisonnables. On trouve chez des bouquinistes ayant pignon sur rue, comme chez Pierre, ou sur des sites de livres de seconde-main des ouvrages en bel état à la moitié (voir moins) de leur valeur neuve chez l'éditeur quand ceux-ci ne sont pas épuisés. Un exceptionnel rapport qualité / prix diront les acheteurs pour un luxe sardanapalesque* recherché par les bibliophiles... La quadrature du cercle résolue, donc ! Votre dévoué. Philippe Gandillet
* On avait dit "un style un peu plus moderne"…ça m'a échappé !
VILLON. Œuvres. 1969. 23 € + port
DIDEROT. La religieuse. 1974. 25 € + port
LA BRUYERE. Les Caractères.1972. 25 € + port
HOMERE. L'Iliade et l'Odyssée (2 tomes). 1975. 65 € + port
LA FONTAINE. Fables (4 tomes) .1969. 90 € + port
LA FONTAINE. Contes (3 tomes) .1969. 70 € + port
MACHIAVEL. Le prince. 1971. 29 € + port
RABELAIS. Œuvres (4 tomes) .1973. 85 € + port
DAUDET. Lettres de mon moulin.1976. 24 € + port
LA PEROUSE. Voyages (2 tomes) .1981. 62 € + port
MEDUSE. Naufrage.1968. 26 € + port
DE FOE. Robinson Crusoe (3 tomes) .1974. 76 € + port
FLAUBERT Madame Bovary.1970. 24 € + port
CESAR. La guerre des Gaules (2 tomes) .1970. 52 € + port
SUETONE. La vie des douze Cesar.1970. 26 € + port
CLERY. Journal.1966. 23 € + port
FOUCHE. Mémoires.1967. 24 € + port
D'ARTAGNAN. Mémoires (3 tomes) .1966. 60 € + port
LAFAYETTE. La princesse de Clèves.1972. 25 € + port
BRANTÔME. Les vies des dames galantes.1972. 25 € + port
CORROYER Histoire du Mont Saint-Michel.1982. 24 € + port
VERLAINE. Œuvres poétiques. (7 tomes) .1975. 155 € + port
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18 commentaires:
De Bonnot, tiens. Il en était justement récemment question sur un certain forum de langue française où il m'arrive d'aller traîner (encore que je crois que ça va m'arriver de moins en moins mais bon on n'est pas là pour parler de moi). C'est juste pour dire que, du coup, j'étais allé faire un tour sur le site de l'éditeur en question et que je l'ai assez bien en tête. Certes, cette fois maître Gandillet ne risque pas de se faire accuser d'obsolescence, mais bien de se voir opposer les reproches mêmes faits à cette maison.
Il est certes tout à fait honorable de vouloir mettre de grands textes sous de jolis habits à disposition de toutes les bourses. Encore ne faut-il pas survendre lesdits habits en frôlant la publicité mensongère. Parce que cuir ou pas, il ne s'agit pas de reliures, mais d'emboîtages, comme n'importe quelle reliure industrielle, et sans même ne serait-ce qu'une ébauche de mors. Juste arrondi, le corps d'ouvrage est fourré dans sa couverture, certes recouverte de cuir, mais qui ne tient que grâce au collage des gardes sur les contreplats (et risque donc de finir par s'escafouérer à la longue).
Alors de Bonnot, pourquoi pas ? J'en ai. Le Villon, notamment, et une quinzaine de Jules Verne. Ils n'ont rien de déshonorant, bien au contraire. À condition de ne pas vouloir les faire passer pour des ouvrages de bibliophilie ainsi que le prétend l'éditeur.
Nous sommes d'accord. Ph Gandillet ne cherche pas à laisser indifférent, soit par la forme de ses causeries qu'on peut taxer de verbeuse soit par leur fond que l'on peut taxer de polémiste. Vous avez, Pascal, fort bien résumé le problème né entre JBB et les bibliophiles.
Cet éditeur fait de bonnes rééditions sur papier vergé et avec reliure en cuir mais c'est de l'emboitage... Cela rappelle fortement les reproches que l'on faisait à la maison Mame avec les cartonnages romantiques, il y a près de deux siècles.
Il n’empêche qu'il y a le texte, des illustrations, une couverture flatteuse et un prix raisonnable. Il suffirait peut-être que JBB fasse preuve d'humilité pour que tout le monde le défende ! Pierre
Oui. En somme j'aurais envie de dire que ces bouquins sont beaucoup plus respectables que leur éditeur…
Paradoxal, isn't it ?
It is ;-))
Vous reprendrez bien une tranche de ce cake que j'ai servi avec le thé ? Il est délicieux, n'est-il pas ? Pierre
Ouvrir un tel sujet c'est vouloir ouvrir un peu facilement la boîte à polémiques. Aussi n'en dirai-je pas plus :-) ...
si ce n'est, en osant une comparaison, que le cadran en argent de ma Longines est si finement guilloché que la lumière s'y brise et s'y épuise, refusant le reflet éblouissant qu'une montre factice aurait aisément obtenu en s'épargnant le guillochage.
Jean-Michel
Pierre, je veux voir votre guillochage à vous quand je viendrai...
Cette proposition pourrait-être mal interprétée si je ne précisais que j'ai une Longines (ancienne), moi aussi ;-))
Bien vu, Nadia !
Votre comparaison, Jean-Michel, est pertinente mais je me ferai néanmoins le défenseur de JBB car cette Longines, cher ami, vous vous l'êtes offert après de nombreuses années de travail... Par le passé, vous avez regardé l'heure sur des montres qui vous donnaient entière satisfaction pour un moindre cout. Vous n'avez pas attendu tout ce temps sans montre, quand même !
Il en va de même pour JBB qui est un excellent chemin initiatique pour apprendre l'amour des livres quand on a déjà l'amour de la lecture. Pierre
Oui, mais non, il vaut mieux désapprendre à lire que de se fourvoyer avec Jean Bonnot qui n'a de noble que la particule.
Pierre, je ne voudrais pas cracher sur votre stock d'invendus, mais si cet éditeur avait un rien d'amour des livres il choisirait des couvertures moins tape-à-l'oeil !
Mais il a l'avantage, rare désormais, de proposer un beau papier vergé qui claque agréablement au changement de page. Bibliophilie? certainement pas pour les amateurs d'incunables, mais plaisir de lecture sans nul doute !
(+1 dans la boite à polémique)
Mr gandillet sur facebook ? Ptdr...
Pierre, quand il ne s'agit que de connaître l'heure on ne la regarde pas, on la lit. Quand cela ne suffit plus à satisfaire le besoin absolu d'esthétisme inhérent à l'homme, le gnomon se pare de tous les artifices du cadran solaire.
Jean-Michel
Ce n'est pas juste ! Jean-Michel a le droit de s'exprimer en langage châtié et on me demande, à moi, d'entraver mon style. J'enrage d'avoir écrit une si belle phrase... Ph Gandillet
Merci, sebV, de soutenir le petit commerce ;-))
J'ai lu Les voyages autour du monde de La Pérouse dans cette édition et je m'en porte très bien. (+1)Pierre
Bonjour,
JDB. Nous en avons tous un exemplaire qui nous rappelle qu'on ne nait pas bibliophile, on le devient le jour où on sait que JDB fut, avant tout, un bon commercial, ce qui, chez les relieurs, est remarquable. Ce qui l'est moins c'est de jouer sur des critéres qualités qui n'en sont pas; On le voit bien, quand on a une connaissance, même petite, en bibliophilie, le rejet ne se fait pas attendre. Un peu comme une créme au chocolat industriel :-)
Bonne journée;
Bien à vous,
Sandrine.
Je vois que vous surfez sur la vague Pierre... JDB fait parler, c'est l'article le plus lu et le plus commenté sur BiblioMab !
Je crois pour ma part que JDB essaie de faire du "livre ancien" en oubliant que les techniques, les matériaux, n'existent plus telles qu'ils étaient à l'époque jusqu'au début du 19e.... Une chimère donc....
Je vous dirai s'il y a encore un "marché" de JDB aujourd'hui en comptabilisant (ou pas) le nombre d'ouvrages vendus... Pierre
Les secrets de fabrication chez Jean de Bonnot
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