mardi 8 juin 2010
Les oeuvres de Suétone chez François Halma en 1714.
Suétone (70-140 après J.C), Caius Suetonius Tranquillus pour les latinistes, est tenu pour l'un des principaux historiens de langue latine, alors qu'il fut en réalité un biographe, et ne toucha à l'histoire que dans la mesure où les personnages dont il trace les portraits et raconte la vie appartiennent à l'histoire générale. Il est d'une époque où l'érudition tend à l'emporter sur la création. Suétone est un érudit, un chasseur d'anecdotes rares. Il dut aux circonstances de sa vie d'avoir pu en recueillir de très précieuses, notamment sur les empereurs du premier siècle après J.-C., et les renseignements qu'il a ainsi transmis viennent combler en partie certaines lacunes (perte partielle des Annales de Tacite, et totale des autres historiens de cette période). De plus, ses Vies des empereurs satisfont le goût des modernes pour le pittoresque et le réalisme.
Peu de choses sont connues de la vie de Suétone ; çà, c'est ce qui est écrit dans les notices... Pourtant, j'ai récolté un paquet d'informations sur la toile. C'est contradictoire ! Certaines informations mériteraient qu'on les explique. J'y mettrai un astérisque. Deux ou trois passages de ses ouvrages, quelques lettres de Pline le Jeune, une mention de Spartien dans la Vita Hadriani, une phrase de Johannes Lydus, sont les seuls éléments qui nous permettent de reconstituer sa biographie.
Son père, Suetonius Laetus, était magistrat et combattit dans l'armée. Une des lettres* de son ami et protecteur Pline le Jeune nous présente Suétone, alors âgé d'environ 28 ans, se disposant à plaider comme avocat; une autre, écrite vers 101, nous montre Suétone briguant un poste de magistrat militaire. Il semble** cependant que Suétone réussit à se faire dispenser du service militaire (P.4). Par ailleurs, son ami Pline le Jeune lui fit obtenir de l'empereur Trajan en 112 le privilège accordé aux pères de trois enfants, bien qu'il n'en eût aucun… C'est fou comme "on ne connaît rien" sur Suétone, n'est-ce pas ? Facebook et la confidentialité à côté…
À la mort de Pline le Jeune, en 113, Suétone s'attache à un nouveau protecteur, C. Septicius Clarus, qui lui obtient sous Hadrien l'importante fonction de secrétaire ab epistolis latinis (c'est-à-dire responsable de la correspondance de l'Empereur). Cette charge permit notamment à Suétone d'avoir accès aux archives impériales. Il rédige alors son premier livre, le De Viris illustribus (paru vers 113)***. Entre 119 et 122, parait la Vie des douze Césars, point culminant de sa carrière.
Un passage de Spartien nous apprend que Suétone, malgré les relations amicales qu'il avait toujours entretenues avec Hadrien, encourut, en 121-122, une disgrâce brutale et définitive, probablement due à quelque intrigue de cour. Toujours est-il que nous ne savons plus rien de Suétone après cette date ; sans doute a-t-il vécu dès lors dans la retraite, en se consacrant tout entier à ses travaux de grammaire, de littérature et d'histoire. Il meurt donc après 122, sans que l'on sache l'année, vraisemblablement autour de 130, mais peut-être jusqu'à 160****.
L'ouvrage en deux tomes in 4 que je vous présente est par son origine et la qualité de ses illustrations un ouvrage remarquable. Vous le constaterez avec les photographies présentées. Je n'ai pas trouvé de collation claire qui corrobore la mienne. Pierre
SUETONE. (Caius Suetonius Tranquillus). Caji Suetonii Tranquilli, Opera, & In illa Commentarius Samuelis Pitisci, In Quo Antiquitates Romanae Ex Auctoribus Idoneis Fere Nongentis, Graecis Et Latinis, Veteribus & Recentioribus, Perpetuo Tenore Explicantur. Tomus I & II. Leovardiae, Franciscus Halma, 1714 & 1715. Texte en latin. Reliure plein veau, dos à 6 nerfs, pièce de titre et tomaison en lettres dorées sur maroquin cerise. Motifs dorés entre les nerfs. Il manque la pièce de tomaison du tome I. Tranches colorées. Plats, coiffes et coins avec traces d'usure. Collation effectuée et notée comme suit : Tome I : 1f blanc, 25ff avec frontispice et page de titre en rouge et noir, 1-724 comprenant 5 planches gravées de médaillon, 5 vignettes en tête de chapitre, 4 culs-de-lampe en fin de chapitre, 4 planches dépliantes, 6 planches à pleine page et 1 planche in texte page 615, 1f blanc. Tome II : 1f blanc, 2ff dont page de titre en rouge et noir, 725-1058 comprenant 7 planches de médaillons, 8 vignettes, 4 culs-de-lampe, 1059 -1344 (livres suivants) comprenant 6 culs-de-lampe, 1 f blanc.
L'ouvrage regroupe différentes œuvres de Suétone et en particulier un abrégé de l'histoire romaine avec "Les douze Cesars",(Jules Cesar, Octave Auguste, Tibere, Caligula, Claude, Neron, Galba, Othon, Vitellius, Vespasien, Titus, Domitien) ainsi que la vie des Grammairiens illustres, des Rhéteurs illustres, la vie de Térence, la vie du poète Horace, celle de Lucain, de Pline, de Juvenal et celle de Perse. Les commentaires sont de Samuel Pitiscus, philologue hollandais, d'après ceux de Béroalde, Sabellicus, Isaac Casaubon, etc… François Halma (1653-1722) fut imprimeur en Hollande à Leuwarden. Les cahiers sont très solides. 850 € + port
* Elle est où cette lettre, elle est écrite sur quel support ?
** On s'autorise à penser dans les milieux autorisés…
*** Nom de l'éditeur ;-))
**** Le genre de phrase qui n'engage que celui qui l'écrit. Moi je dis 180 !
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6 commentaires:
Latinum est non legitur ;-)) Pierre
Humanum cucurbitas est non confiture !
B.
Au moyen age, le grec était déjà tellement tombé en désuétude que cette sentence lui était associée. Le grec ne se lit pas... J'ai donc pensé que "Le latin ne se lit pas " pouvait être associé à notre troisième millénaire.
Pour les libraires qui ont des ouvrages en latin à commercialiser, la formule " Le latin ne se vend pas " pourrait aussi être utilisée.
Et vous, chers confrères, quelle est votre attitude avec les livres en latin ? Pierre
Pour la bonne correctin latine (mais comme il ne se lit pas, ce n'est pas important) il faudrait rajouter une virgule :
latinum est, non legitur : c'est du latin, donc ça ne se lit pas.
Et c'est une maxime que j'applique aux catalogues : les titres en latin sont examinés plus sommairement que les autres, et rarement misés... je ne crois pas être le seul. Tant mieux pour les latinistes, dont les objets de recherches sont plus abordables.
Merci pour cette précision, calamar.
Je crois en effet que les ouvrages en latin sont plus abordables, à la fois parce qu'ils ne se lisent pas et parce que l'amateur n'a pas de réseau local ou de proches qui peuvent partager sa passion ou son aptitude à comprendre le sens des phrases.
Bon ! Je fais quoi, moi ? Je continue avec le latin ou j'essaie de commercialiser des ouvrages en anglais, ce qui me donnerait une stature internationale ? Pierre
Pour l'histoire des sciences, ne pas lire le latin est frustrant. Je ne me vois pas ouvrir un livre, le feuilleter et le ranger sans avoir lu une page. Mais il y a tellement d'ouvrages écrits en français à partir du XVIIème que cela suffit à mon bonheur.
Bernard
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