lundi 28 juin 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Éloge de Frédéric Mistral.


Après quelques années de patientes démarches administratives, je reçois enfin, ce matin, ma carte nationale d'identité provençale paraphée par Frédéric Mistral, en personne. C'est mieux que le visa de 27 ans que je possédais, jusque là ! J'ai donc pris ma plus belle plume pour remercier notre félibre et j'ai profité de l'occasion qui m'était donnée pour promouvoir quelques ouvrages de lui-même, rangés sur les rayonnages de la librairie de Pierre, notre libraire.

Cher Fred,

Au moment de prendre place au milieu de tes amis, j'aurais le droit d'être confus et le devoir, plus que tout autre de t'exprimer cette confusion. Permets-moi donc de sacrifier à l'usage des formules par lesquelles on étale, non sans quelques complaisances, sa modestie. Cette modestie est réelle. Elle est le fruit de la légitime reconnaissance de l'élève pour le maître, d'un déraciné pour une terre qui l'a nourri et abreuvé. Ne m'as-tu pas invité à m'asseoir parmi vous, comme vous auriez fait d'un pèlerin égaré ?

S'il ne s'agissait que d'aimer la Provence simplement pour avoir ce privilège, alors je ne mériterais pas cet honneur. Mais s'il faut l'aimer passionnément, absolument, intensément… alors là, je puis dire qu'à ce titre – à ce titre seulement mais à ce titre sûrement – je ne suis pas indigne de ton suffrage.


Au temps où les raisins mûrissent, dans une vieille demeure, vint au monde un enfant... Mais ce mois de septembre était celui de 1830, cette demeure était un mas de Provence et la langue qu'on parlait autour de lui était des plus musicales et des plus chantantes qui soient. Ecolier d'un petit pensionnat d'Avignon, auprès de la chapelle Sainte Claire où Pétrarque aperçut Laure, te voici donc qui, un dimanche, au chant des vêpres, transcrit les psaumes latins en vers provençaux et voici qu'un jeune professeur s'approche de toi, te prend en faute et t'embrasse parce que ce jeune professeur s'appelle Joseph Roumanille. Étonnante rencontre qui devait décider de ta vocation à embellir la Provence !

Dès avant ta trentième année, sous ta plume, ce pays était déjà devenu un livre ! Dois-je vraiment citer ce nom qui est comme une oriflamme ? Mireille

Saveur de figues mures, dans l'ardeur de l'été, douce intimité des gens du mas autour de la bûche de Noël, nuits étoilées où chantent les grillons, longs troupeaux de "bézigues" qui sillonnent la Crau, taureaux fougueux de Camargue, sonnailles et rires de jeunes filles dansant sous le mistral. Tous ces mots évoquent en nous les images extraites des vers de cet admirable poème. Ah ! Mon cher Fred, pour dire ce qu'est un tel poème, les mots défaillent…


Avoir chanté l'héroïque présent de la terre et de la mer, avoir glorifié le peuple, c'était toucher le cœur de la Provence à sa place la plus sensible, puisque c'était lui parler de ses fils qui lui étaient les plus chers et les plus fidèles. Ne convenait-il pas de diffuser ce doux message à travers la France entière ? C'est ce que tu as fais grâce à quelques amis bienveillants qui t'ont apporté leur soutien, Alphonse de, en tête. Mais tu ne dois qu'à toi-même la gloire et les titres qui t'ont été décernés, nous le savons, de Marseille à Stockholm…

Il te restait une chose, une petite chose mais une chose immense, à la fois, à mettre en place. Pour célébrer cette terre, il te fallait un document que seuls ses plus fidèles occupants posséderaient, un justificatif plus fort qu'un hymne pour soutenir leur appartenance : C'est cette carte d'identité Provençale que je reçois aujourd'hui et qui récompense ceux qui ont eu la patience de se plier aux exigeantes vertus de ses habitants et de leurs traditions. Ce souffle qui nous anime, qui nous donne de l'orgueil pour notre patrie et de la tendresse pour notre région trouve son aboutissement dans ce petit bout de papier. C'est dérisoire mais cela m'a fait très plaisir ! Ton dévoué, Philippe Gandillet.

Que l'on veuille me pardonner, ici, ce tutoiement mais Frédéric Mistral est un ami.

MISTRAL (Frédéric). Lou Tresor dou Felibrige ou dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne. Is edicioun Ramoun Berenguié - Pierre Rollet, 1968. 2 tomes en 2 vol. fort in-8 de 1196 et 1179 pp. Percaline rouge, dos lisse avec titre en lettres dorées (reliure de l'éditeur). Edition du Trésor du Félibrige, avec un supplément établi d'après les notes de Jules Ronjat. Comme neuf. 120 € + port

MISTRAL Frédéric. Mireille. Texte et traduction. Paris, Alphonse Lemerre, sd (1936). In-12, Demi-chagrin cerise à coins, dos à cinq faux-nerfs, tranche supérieure dorée, pièce de titre et motif dorés, 515 pages, un portrait-frontispice gravé. Partition Magali. Texte en provençal avec la traduction française en regard. Bel état. Vendu
MISTRAL Frédéric. Les Olivades. Texte et traduction. Paris, Alphonse Lemerre, sd (1936). In-12, Demi-chagrin cerise à coins, dos à cinq faux-nerfs, tranche supérieure dorée, pièce de titre et motif dorés, 236 pages. Texte en provençal avec la traduction française en regard. Bel état.Vendu
MISTRAL Frédéric. Les Îles d'or. Texte et traduction. Paris, Alphonse Lemerre, sd (1936). In-12, Demi-chagrin cerise à coins, dos à cinq faux-nerfs, tranche supérieure dorée, pièce de titre et motif dorés, 544 pages. Texte en provençal avec la traduction française en regard. Bel état. Vendu


MISTRAL Frédéric. Les Olivades. Texte et traduction. Paris, Alphonse Lemerre, (1939). In-12, Demi-chagrin bleu nuit à coins, dos à cinq faux-nerfs, tranche supérieure dorée, pièce de titre et motif dorés, 236 pages. Texte en provençal avec la traduction française en regard. Bel état. Vendu
MISTRAL Frédéric. Nerte. Texte et traduction. Paris, Alphonse Lemerre, (1948). In-12, Demi-chagrin bleu nuit à coins, dos à cinq faux-nerfs, tranche supérieure dorée, pièce de titre et motif dorés, 341 pages. Texte en provençal avec la traduction française en regard. Vendu
MISTRAL Frédéric. Calendal. Texte et traduction. Paris, Alphonse Lemerre, (1935). In-12, Demi-chagrin bleu nuit à coins, dos à cinq faux-nerfs, tranche supérieure dorée, pièce de titre et motif dorés, 536 pages. Texte en provençal avec la traduction française en regard. Bel état. Vendu
MISTRAL Frédéric. Calendal. Texte et traduction. Paris, Alphonse Lemerre, (1935). In-12, broché, 536 pages. Texte en provençal avec la traduction française en regard. 18 € + port
MISTRAL Frédéric. Le poème du rhone. Texte et traduction. Paris, Alphonse Lemerre, (1935). In-12, broché, 350 pages. Texte en provençal avec la traduction française en regard. 15 € + port

4 commentaires:

Pierre a dit…

Ah! qu'il fait bon naviguer sans répit vers son désir, encore que ce ne soit qu'un songe!
Le Poème du Rhône

Textor a dit…

Voilà ce qu'on appelle un coup de Mistral !
Merci Pierre pour cette évocation, le poete est assez méconnu dans les brumes du Nord.
T

Pierre a dit…

On pourrait penser que Mistral en recevant le Prix Nobel de littérature en 1904 serait devenu renommé dans la France entière. Sully Prudhomme l'a reçu aussi, et est tombé dans le même chausse-trape... le Nobel est plus connu que ses lauréats !

C'est pourquoi le billet suivant évoque un artiste du chnord de la France. Pierre

calamar a dit…

la liste des Nobel de littérature est en effet impressionnante par sa série d'inconnus... mais si on regarde les prix récents, je ne trouve pas qu'ils soient tous des vedettes, ou alors je suis très nul ? est-ce qu'à l'époque les lauréats étaient aussi peu connus ? (ce n'est sans doute pas le cas de tous les lauréats, comme Anatole, bien sûr).