lundi 21 juin 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Normann Rockwell, le chemin de l'enfance peint par un adulte...


Un rien présomptueux depuis qu'il a reçu, dernièrement, deux commentaires élogieux provenant d'outre-Atlantique, Pierre me demande de présenter, en ce frais lundi d'été, les œuvres graphiques d'un illustrateur du milieu du 20eme siècle bien connu aux U.S.A : J'ai nommé Normann Rockwell.

J'ai personnellement bien connu Pierre avant qu'il ne devienne célèbre dans le monde entier. Il faisait preuve, à cette époque, d'une simplicité désarmante. Un vrai enfant ! Comme Normann Rockwell. Mais c'est loin l'enfance, me direz-vous…


Plusieurs ont essayé d'y retourner mais le chemin n'est pas facile à retrouver. C'est un pays où tout est trop grand ou trop haut ; les chaises, les tables et le rebord de la cuvette… Normann Rockwell nous y emmène avec bonheur et nous en trace quelques portraits croustillants avec la tendresse d'un grand-père bienveillant. Il y a les fêtes de Noël et l'émerveillement qui brille dans les prunelles des bambins, ces héros de guerre qui emplissent leurs rêves, les moments de grande solitude face au tableau noir, la sœur et son fiancé que l'on espionne et les premiers émois de l'amour pour une "grande" à qui l'on offre son dessert…


Ce qui est dommage avec le pays de l'enfance, c'est qu'on en ramène que très peu de souvenirs, malgré tout. Heureusement, il y a les photos et quelques événements marquants fixés sur la pellicule. Mais ce n'est pas toute l'enfance, me direz-vous ! Par exemple et je ne voudrait pas paraître chagrin mais on n'y voit jamais de photos quand les enfants pleurent. Et pourtant, c'est bien connu, les enfants, contrairement aux adultes ont de quoi pleurer. J'ai encore, personnellement, le souvenir de toutes les injustices dont j'ai été victime et qui ont inondé mon regard d'une pluie de larmes : Un vol de sucreries dont on m'a rendu coupable, une note injustement donnée à une dissertation bâclée, un cadeau que ma sœur n'avait pas mérité…


On peut néanmoins se poser la question de savoir si Normann Rockwell n'a pas voulu magnifier nos souvenirs d'enfance dans cet ouvrage. Pour preuve : Tous ses dessins sont en couleur alors qu'il est facile de constater sur les photographies que l'on conserve de cette époque, que le monde d'alors, était en noir et blanc… Qu'importe, en fait, si le chemin de l'enfance est difficile à retrouver ; avec Normann Rockwell, nous savons, au moins, qu'il n'est pas à sens unique !

Votre dévoué. Philippe Gandillet.


Quelques mots sur l'homme : L'artiste peintre et illustrateur naît à New York en 1894. Il est célèbre pour ses couvertures de magazines qu’il réalise notamment pour le Saturday Evening Post. Il est aussi l’auteur d’affiches. Son style se caractérise à la fois par son réalisme et par son humour. Norman Rockwell entre en 1908 à la Chase School of Fine and Applied Arts. En 1910, il abandonne ses études et entre à l'Art Students League of New York, où il perfectionne sa technique auprès de George Bridgeman et Thomas Fogarty. À seize ans, Norman Rockwell illustre son premier livre intitulé "Tell my why".


En 1916, il propose sa première couverture pour le magazine The Saturday Evening Post. Il devient dès lors le peintre de l'Américain moyen et réalise les plus célèbres illustrations et couvertures de la revue jusqu'en 1960. Il a illustré aussi les romans de Mark Twain, Tom Sawyer et Huckleberry Finn. Dans les années 50, Norman Rockwell réalise les portraits d'Eisenhower, de Kennedy et de Nasser. Il peint son Triple Autoportrait : par une mise en abyme, le peintre se peint en train de se peindre en se regardant dans un miroir. L'essor de la la photographie et le déclin de l'illustration dans les années 60, amène Norman Rockwell à quitter le Saturday Evening Post. À la fin des années 60, il travaille pour la revue Look et illustre des thèmes plus en relation avec les convulsions politiques du temps. Sa plus célèbre illustration pour Look montre une petite fille noire américaine se rendant à l'école, escortée par des agents fédéraux…


(ROCKWELL, Normann) FINCH, CHRISTOPHER Norman Rockwell. 332 Magazine Covers. New York : Abbeville/Random House. 1979. Première édition in folio. Cartonnage recouvert d'une percaline verte illustrée. Dos légèrement insolé. Pièce de titre au dos. A wonderful and massive collection. Vendu

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Étienne, en classe de 4eme et en stage pour trois jours à la librairie m'a dit " Je me reconnais tout à fait dans ce portrait, surtout pour les injustices ! "

Qu'est-ce qui fait qu'adulte, les injustices on les supporte mieux ? Philippe Gandillet

Textor a dit…

Pour ceux que la Coupe du Monde ne retient pas devant la télévision, je leur conseille d'aller visiter le musée Rockwell, ce week end, dans le Massachussett. J'ai oublié le nom de la ville mais on doit la trouver facilement sur internet. Une belle architecture noyée dans la verdure, des salles lumineuses et les dessins originaux, plein d'humour de ce vieux Norman, un délice !

Textor

Pierre a dit…

Il y a une grande gentillesse qui filtre des dessins de Norman Rockwell, aussi, c'est sans surprise qu'on le voit dans son autoportrait, la pipe au bec et un regard malicieux porté sur le monde.

il me fait penser au Mr Hulot de Jacques Tati. Pierre

Jeanmichel a dit…

Cher Philippe, c'est tout simplement que pour un enfant l'adulte est comme un demi-dieu, il a toujours raison.
Rappelez-vous l'immense désillusion, du genre de celles qui font quitter l'enfance à coups de pied, ressentie par exemple en se rendant compte que celui qu'on prenait pour un vieux sage barbu peaufinant à mi-voix une nouvelle évangile n'était en fait qu'un vieil ivrogne marmonnant quelques incohérences.
Très belles illustrations ! Ce bonhomme à coup sûr manie sa technique comme on respire, sans y penser, et peut se permettre de consacrer toute son attention au sujet.

sur les traces de notre enfance a dit…

Les photos sont en N & B, parce que la couleur n'existait pas à l'époque. Mais son enfance c'est bien en couleurs qu'il l'a vécue.
Et bien sûr qu'il magnifie ses souvenirs, c'est un plaisir pour nous et un moyen aussi certainement de cicatriser certaines blessures.
Ainsi en va-t-il de l'écriture. Quel intérêt de raconter exactement ce qui s'est passé. C'est tellement plus amusant et réconfortant de pratiquer le "mentir-vrai". Ne rien inventer, mais prendre deux moments pour n'en faire qu'un seul. Changer un décor, rajouter un personnage...

Pierre a dit…

J'aime bien l'idée que Philippe Gandillet pratique le " mentir-vrai ".

Il a d'autant plus de facilité à le faire que dans le sud, nous avons tendance à enjoliver les choses. On ment souvent au delà (cette fille, elle est belle comme une déesse !), mais on peut aussi mentir en deçà ( c'est à peine si j'ai bu 3 pastis !).

Moi, je ne mens jamais ! Ou alors, si je le fais, c'est pour faire plaisir. Pierre

Jeanmichel a dit…

Les habitants du Sud...
Sur France Culture on en dirait que leur procrastination leur laisse le loisir de peaufiner leurs adynatons.
j'ai personnellement connu une fille, elle était belle comme trois pastis !

Pierre a dit…

Si tu es sorti avec elle, c'est que tu as eu de l'hyper-bol ! Pierre