Auteur de petits ouvrages légers, Godard d'Aucour (1716-1795) eut une existence aisée : fermier général en 1754, receveur général des Finances à Alençon en 1785. Devenu cousin de la Marquise de Pompadour, par son mariage, il n'eut point à se repentir de cette agréable alliance. Il voulait être écrivain comme son cousin, Barbier d'Aucour académicien, nous dit l'abbé Voisenon à cette même époque, mais c'est dans la finance qu'il réussira… Triste époque !
Ses Mémoires turcs, avec l'Histoire galante de deux jeunes Turcs durant leur séjour en France (1743), remportèrent alors un grand succès. On y retrouvera l'influence des Lettres persanes de Montesquieu, satire parfois violente et libre des mœurs de son temps. Ce ne sont pourtant qu'une série d'historiettes galantes où l'on découvre les aventures du jeune et séduisant Doly, fils d'un Pacha à plusieurs queues (?) et d'"une mère au cœur "à la française", puis celles d'un aimable turc, Achmet, qui fait défiler devant nous une amusante galerie d'abbés libertins et de filles légères… Des contes invraisemblables, en sommes !
Dans le genre "roman libertin", Godard d'Aucour fait honnête figure entre entre Choderlos de Laclos et Dorat, entre Crébillon fils et Charles Duclos, que j'ai présenté en fin de semaine. Originairement, on définit le libertinage comme une "licence de l'esprit qui rejette les croyances religieuses", et les libertins du 17ème siècle peuvent être considérés comme les ancêtres directs des "rationaux", puis des philosophes de l'âge des Lumières.
Après la mort de Louis XIV, qui déchaîne des forces depuis longtemps contenues, la Régence donne libre cours à un épicurisme beaucoup moins spirituel. Ce n'est pas l'irréligion qui caractérise d'abord les libertins, mais une propension sans frein à la débauche. Le mot de libertinage désigne alors une façon de vivre, jusqu'à désigner, pour finir, toute frivolité ou liberté de comportement. Comme à notre époque…
La première édition remonte à 1743. C’est " l’épître à Mademoiselle Duthé, qui était une des impures à la mode, qui donna la vogue à cette édition [1776] ; les exemplaires furent achetés d’abord par ses nombreux amis pour lui faire la cour, car elle se montra très flattée de la dédicace, jusqu’à ce qu’on l’eût avertie du persiflage ; alors ses galants reçurent le mot d’ordre de détruire tous les exemplaires qu’on pouvait encore retirer des mains du public, qui garde de les rendre tous. " (Bulletin du Bibliophile de Charles Nodier, 1855).
En 1743, la mode est aux histoires turques ou barbaresques, sous forme de récits de voyageurs ou de fiction. Un des épisodes de la première partie a même fourni à Dumaniant le sujet d'une comédie en un acte et en vers, représentée en 1787 sur le théâtre du Palais Royal, et intitulée La Loi de Jatab, ou le Turc à Paris. Les premières éditions, comme celle que je propose à le vente, aujourd'hui, ne contiennent pas l’épître dédicatoire à Mlle Duthé, qui contribua beaucoup à la vogue qu’eut cet ouvrage et qui parut pour la première fois dans la sixième édition en 1776. Pierre
GODARD D'AUCOUR (Claude). Mémoires turcs, avec l'histoire galante de leur séjour en France. Par un auteur Turc, de toutes les Académies Mahométanes, licencié en Droit Turc, & Maître-ès-Arts de l'Université de Constantinople. A Amsterdam, par la Société, 1767. Trois tomes en un volume in-12. Reliure plein veau marbré, dos à nerfs orné de motifs dorés. Pièce de titre en maroquin cerise. Tranches rouges. 228,188,181pages. Les pages de titre des trois volumes sont un peu salies et les pages 161 à 181 du dernier tome ont été recopiées à la main, vraisemblablement à la même époque. La première édition de cet ouvrage date de 1743. Ouvrage en bel état si ce n'est les dernières pages manuscrites. Vendu
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