Voici un billet fort bien illustré de René qui nous parle du microscope, cet appareil fort pratique pour caler les livres sur nos rayonnages, qui prend bien la poussière et dont nous badigeonnions l'oculaire de noir de fumée pendant les cours de travaux pratique en terminale…
" Je rappelle que le microscope est un
instrument d'optique qui utilise la lumière visible pour obtenir des images
agrandies d'objets minuscules dont les détails échappent à l'œil nu. Les premiers instruments appelés
"microscopes simples" n'étaient que de fortes loupes, tels les
microscopes de Leeuwenhoek dont la lentille était une minuscule bille de
verre. Les premiers essais de "microscope composé" comportant un
objectif et un oculaire furent très
décevants, ils ne devinrent réellement utilisables qu'à partir du XIXe siècle. Les microscopes actuels sont évidemment
tous du type "composé" comportant plusieurs objectifs
interchangeables et un ou deux oculaires ; la plupart sont aujourd'hui pourvus
d'un troisième "oculaire" pour la photographie. D'importants progrès
portèrent sur la qualité de l'éclairage des objets examinés.
Il est difficile, voire impossible, de dire
qui est à l'origine de l'invention du microscope. On l'a attribuée à l'opticien
hollandais Hans Janssen et son fils Zacharias, à Galilée,
ainsi qu'à bien d'autres qui y ont apporté des améliorations successives. C'est
Johannes Fabricius, botaniste et médecin de Urbain VIII qui baptisa
l’instrument du nom de « microscope » par analogie avec le téléscope.
Si Antoni van Leeuwenhoek
(1632-1723) attira l'attention des biologistes sur les avantages que l'on
pouvait retirer de l'utilisation du microscope, le 18e siècle ne vit pas de
grandes découvertes dans ce domaine, l’observation microscopique se tourna vers
la vulgarisation et devint une activité de salon et de loisir. Les microscopes
devinrent de beaux objets décoratifs destinés à orner les cabinets de
curiosités.
Ledermüller,
dont nous allons décrire l'ouvrage, écrit : « Je ne connais pas
d'occupation destinée à s’amuser d'une manière licite dans des heures de
loisir, plus intéressante que la Physique pratique et les experimens
microscopiques. Je suis bien éloigné de prétendre qu’il faille faire son
unique affaire des amusements microscopiques et abandonner d’autres tâches plus
importantes. ». Nous sommes rassurés...
Mais qui est en fait ce Martin
Frobenius Ledermüller (1719-1769) ? Après avoir passé des années comme
soldat d'abord et secrétaire ensuite, il s'installe en 1749 à Nuremberg où il
commence ses observations microscopiques
sous la protection et la direction du Dr Christoph
Jakob Trew, célèbre médecin et botaniste allemand. La publication des résultats de ses observations, illustrées de planches
finement gravées et colorées de Winterschmidt Adam Wolfgang attira l'attention
et l'intérêt ; dans les années qui suivirent, la "Microscopie" devint
un passe-temps à la mode pour les classes aisées.
Ce recueil décrit et
illustre un large éventail d'objets : les organes des plantes, les insectes,
les petits coquillages, le plancton, la cristallisation des sels, etc. 16
planches montrent différents types de microscopes ainsi que des expériences
d'optique. Ledermüller fut surtout
un observateur éclectique, il a été le premier à utiliser le terme "infusoires"
pour désigner les protozoaires qui se développent dans des infusions de
plantes.
LEDERMÜLLER, Martin Frobenius. Mikroskopische
Gemüths- und Augen-Ergötzung. Nürnberg, verlegt von Adam Wolfgang Winterschmidt, gedruckt von Christian
de Launoy, (1760-62). Édition originale en allemand,
imprimée en caractères gothiques et illustrée d'un frontispice allégorique et
de 150 planches gravées. Toutes ces gravures remarquables sont en coloris
d'époque, telles que parues, et sont parfaitement conservées.
Une édition en français Amusement
Microscopique tant pour l'esprit, que pour les yeux fut publiée de 1764 à
1768. On y trouve les mêmes gravures que dans l'édition originale en allemand.
René "
LEDERMÜLLER, Martin Frobenius. Amusement
Microscopique tant pour l'esprit, que pour les yeux; contenant cinquante
estampes [deuxième cinquantaine & troisième cinquantaine] dessinées d'après
nature et enluminées, avec leurs explications. Nuremberg, Adam Wolfgang Winterschmidt,
1764-1768. 3 volumes in-4.
Ce que ne nous dit pas René, et je suis
allé le vérifier sur la toile, c'est que les ouvrages qu'il rassemble pour sa bibliothèque
scientifique sont très rares. Comme Bernard, sur le blog de bibliophile, il
nous rappelle que la bibliophilie ne s'arrête pas aux exemplaires exceptionnellement
bien reliés, aux ouvrages nécessitant de grandes connaissances bibliographiques
ou aux provenances prestigieuses. La bibliophilie ne se cantonne pas, non plus,
au plaisir solitaire de la lecture des catalogues…
Non ! La bibliophilie, c'est aussi l'amour de la connaissance porté par la curiosité
éclairée, et parfois le sacrifice financier dans l'acquisition de certains ouvrages.
Je cherchais, à l'instant, la définition du
bibliophile dans Wiki-quisaitout et voici ce que j'ai trouvé ! : Le bibliophile
est un amateur de livres qui est souvent fier de sa bibliothèque et de sa
collection. C'est un peu réducteur, tout de même ? Bon ! Dans le cas de René,
je dirais qu'il peut l'être… Pierre
7 commentaires:
Merci à René pour ce billet (et l'excellente iconographie) qui nous rappelle que les scientifiques sont aussi littéraires ;-)) Pierre
Merci pour ces informations, dans le style vulgarisation sur le microscope, deux planches de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert mal connues sont parlantes, le poux et la puce vu au microscope, pour bien rendre l'impression de grossissement, ce sont des gigantesques planches dépliantes le pou fait 54 cm de long par 30 de large et le cheveux semble une branche !
Daniel B.
tout à fait raccord avec le documentaire d'arte ce soir dans lequel on voyait les magnifiques planches de la Micrographia de Hooke, in-4, 1665. Le premier à décrire une cellule avec un microscope!
Hélas, la Micrographia de Hooke est beaucoup plus rare encore que le Ledermüller. Si je gagne au Lotto ... mais comme je ne joue pas, ça me paraît difficile. René
Voici le lien qui vous permettra de vous offrir ce magnifique ouvrage si vous débloquez une ligne de crédit, avec l'accord de votre épouse, bien évidemment, René ;-))
Ce qui me surprend le plus, étant donné que je ne peux pas, moi même, me l'offrir ce n'est pas tant les 78.507,84 euros qu'il me faudra débourser pour acquérir le livre que le fait, qu'à ce prix, la livraison ne soit pas gracieuse :
http://www.abebooks.fr/servlet/BookDetailsPL?bi=5443448237&afn_sr=ZanoxFR&cm_ven=Zanox&cm_ite=1750818116314936320
Pierre
René, un bibliophile qui lit ses livres! Très bel ouvrage qui me rend jaloux!
Bernard
Oui Bernard, mais rassure-toi j'ai une traduction du texte.
Oui Pierre, moyennant l'équivalent d'une somptueuse reliure, on peut s'offrir un exemplaire de la Micrographia. Plus modestement, l'observation d'une simple lame de diatomées peut remplir toute une vie.
René
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