Driss Chraïbi (1926-2007) fut un des grands écrivains marocains de langue française, comme l'est aujourd'hui Tahar Ben Jelloun. Après des études secondaires à Casablanca, il fait des études de chimie en France où il s’installe en 1945. Il fait tous les métiers avant de devenir ingénieur. La parution de Passé simple, en 1954, est très bien accueillie par la critique française, mais beaucoup moins par les intellectuels marocains qui l’accusent de trahir son pays par ses critiques acerbes de la société traditionnelle. Il a fallu attendre que la revue Souffle lui consacre son premier numéro, en 1967, pour qu’il soit réhabilité.
Driss Chraïbi fait ensuite une belle carrière d’écrivain (une quinzaine de livres). Durant quelques années il est aussi producteur à la télévision puis séjourne au Canada. Plusieurs de ses dernières œuvres sont des romans policiers. Avec le temps, l’enfant terrible de la littérature marocaine se fait moins féroce, mais plus ironique sur les travers de la société. Il écrit des romans historiques qui le rapproche du Maroc, mais garde son humour féroce pour une série de roman policier plutôt loufoque dont le personnage central est l’inspecteur Ali. Si avec l’âge Driss Chraïbi avait perdu de sa rage, il avait conservé sa pleine liberté de ton.
Il a reçu de nombreux prix littéraires dont celui de l'Afrique méditerranéenne pour l'ensemble de son œuvre en1973 ; le Prix de l'amitié franco-arabe, en 1981 ; le prix Mondello pour la traduction de Naissance à l'Aube en Italie. Les Boucs (Gallimard,1955) est un roman visionnaire qui évoque la destinée d’un jeune émigré algérien en France, mêlant le thème de la révolte contre le père, le déracinement et une critique de la société occidentale.
Rare : adjectif qui définit un ouvrage qui n'est pas en vente en ligne… |
Si je vous propose cet ouvrage à la vente aujourd'hui, c'est
en raison d'une conversation que nous avons eue avec un confrère chevronné, il
y a peu de temps. Il m'a soutenu - et je dois dire que j'ai été sensible à ses
arguments - que ce qui était devenu la vraie référence pour l'estimation
financière d'un ouvrage rare était son absence des catalogues et des sites Internet. De cette constatation, il en tirait la conclusion que, face
à la disparition des bibliophiles en boutique, et pour assurer leur survie
financière, les libraires ne devaient plus acheter des ouvrages que s'ils en
connaissaient, à l'avance, l'acquéreur dans leur fichier client ! Emportés par notre élan, nous sommes même allés jusqu'à
envisager que les catalogues des grands libraires ne seraient plus là, dans
l'avenir, que pour écouler leurs invendus !!
Donnez-nous votre avis, là-dessus, si vous avez l'âme polémiste, tout en conservant, bien évidemment, l'élégance du propos et la délicatesse de la pensée qui siéent* à tout lecteur de ce blog… Et donc, pour corroborer cette théorie, je vous propose à la vente, aujourd'hui, l'édition originale de cet ouvrage de Driss Chraïbi chez Denoël sur grand papier tiré à simplement 20 exemplaires dont 15 numérotés. J'ai vérifié sur Internet : c'est vraiment un ouvrage rare ! Pierre
* pas facile à placer le verbe seoir, au pluriel
CHRAÏBI (Driss). Les boucs. A Paris chez Denoël, 1955. Broché
de 196 pages. Edition numérotée sur vélin pur fil Lafuma Navarre, seul grand
papier tiré à 20 exemplaires dont 15 numérotés. Le notre n° 11. 240 € + port
1 commentaire:
Bien ... peu de polémiste.
Je crois qu'il faut avant tout se faire plaisir et ne pas rechercher la rareté sous pretexte que ce qui est rare est cher ... Sophisme.
Même si c'est mal écrit, c'est donc une valeur sûre, mal imprimé, quel snobisme, mal illustré, et rendu rare par le jeu de quelques feux de cheminées bien à propos?
On ne sait plus où sont les vraises valeurs, tellment notre société réclament des experts sur qui se reposer en ne sachant pas que les dits experts ne le sont parfois pas plus que vous et moi, mais l'habileté, la crédulité de certains, la malhonnéteté des autres qui au lieu d'expliquer clairement, donnent des informations entretenants le doute, ou simplement sans même parler de malhonnéteté, plustôt que de dire qu'ils ne savent pas emberlificotent un peu plus l'affaire ... parce que ce qui est beau est forcément cher et donc, forcément rare ...
Bien à vous,
Sandrine
;-)
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