samedi 15 décembre 2012

Thérèse de Dillmont : La broderie anti-stress...


On connaît Thérèse de Dillmont pour sa fameuse Encyclopédie, qui fait encore référence aujourd'hui, et qui sera éditée (et rééditée) en français, anglais, allemand et italien, jusqu'à atteindre deux millions d'exemplaires, avec le soutien de la manufacture de Mulhouse : Dollfus Mieg et Cie (D.M.C), fabricants de fils. C'était le livre de chevet de nos grand-mères… Précisons tout de suite que cet ouvrage n'est pas un ouvrage de bibliophilie. Il n'est pas rare, il n'est pas singulier quant à son thème, il n'est précieux, ni par sa reliure ni par ses illustrations, ses éditions ne se collectionnent pas et ne s'imposent pas dans une belle bibliothèque. Cela peut néanmoins faire un petit cadeau original pour une épouse qui n'est pas susceptible ;-))


A cette époque, la broderie était une occupation idéale pour une femme, une épouse et une mère déjà bien occupée chez elle. Deuxième moitié du 19emesiècle, la mode impose de cacher le moindre attrait physique féminin sous mille et un jupons et châles que les femmes égayent avec des broderies et dentelles en guise d'instruments de charme un tant soit peu folichons...


De même, il est de bon ton d'avoir son linge brodé, le fameux trousseau que toute mariée bien née se doit d'apporter en dot : draps épais, serviettes, chemises, linge de table... tellement plus prestigieux lorsque c'est brodé finement ! La Broderie Blanche est très en vogue : c'est la borderie réservée au linge de maison, linge de lit et linge de table. D'ailleurs, dès l'école, on apprend à broder : chaque petite fille a son marquoir, un bout de tissu sur lequel elle va apprendre à tracer, souvent de fil rouge, les lettres de l'alphabet. Elle se fabrique donc un modèle, qui pourra lui servir sa vie entière, si elle n'a pas assez d'imagination plus tard pour se créer elle-même de nouveaux modèles... Des magazines féminins magnifiquement illustrés battent leur plein, à cette époque, comme ceux que j'ai déjà présentés sur ce blog.


L'ouvrage proposé aujourd'hui présente de nombreux modèles de napperons, de rideaux au crochet et de bordures de cheminées en dentelle crochetée. Tout était bon pour broder ou crocheter ; paysages, animaux, paniers de fleurs ou de fruits, scènes de la vie courante...


De nos jours, la machine - française d'abord, asiatique ensuite - a remplacé la main. Le pouvoir d'achat en hausse et la société de consommation ont fait le reste... La française moyenne, [ J'ai bien conscience que ce tableau est un cliché comme celui du mari volage accoudé au comptoir du café du commerce ou du bouquiniste atrabilaire...] emportée par le mouvement brownien de son existence, désormais chouchoutée dans son pavillon de banlieue achète sur site, se fait livrer à domicile, trompe son ennui devant la vacuité d'un écran télévisuel ou derrière le forfait illimité de ses conversations stériles, occupe son temps libre à des activités de femme d'intérieur mais ne brode plus !


Le plus souvent, la broderie se cantonne aujourd'hui à la vogue des canevas, aux motifs déjà peints sur une toile spéciale qu'il suffit de remplir de fil au demi point : on en fait de grands tableaux (sempiternels fruits, fleurs, et abécédaires) ou des dessus de coussins que l'on offre à Noël.


La broderie se perd-elle ? Les femmes s'émancipent, travaillent, quelques unes encore privilégiées par la vie s'épanouissent en brodant des napperons et des chemins de table… Mais attention ! Il n'est plus question d'utilitaire aujourd'hui, la broderie est devenue un outil contre le stress ! Le monde change.  Pierre


DILLMONT (Thérèse). Encyclopédie des ouvrages de dames. Dornach, Th. de Dillmont éditeur, sd (1909). Un volume in-8. Reliure pleine percale verte illustrée, plats et dos illustrés, tranche supérieure dorée. 622 pages + réclame, nombreuses figures en noir et blanc. Au sommaire : la couture, le raccommodage, les jours sur toile, jours sur tulle et points damassés, la broderie, broderie au passé et broderie d'or, tapisserie et broderie sur toile, le tricot, le crochet, la frivolité, le macramé, le filet, la dentelle irlandaise, dentelles diverses, ouvrages de fantaisie, recommandations diverses… Bel état. 35 € + port


DILLMONT (Thérèse). Encyclopédie des ouvrages de dames. Paris, Librairie Delagrave, sd (1920). Un fort volume in-8. Reliure pleine percale verte illustrée, plats et dos illustrés, tranche supérieure dorée. 748 pages + 50 pages de réclame et modèles couleur. Nombreuses figures en noir et blanc et couleur. Au sommaire : la couture, le raccommodage, les jours sur toile, jours sur tulle et points damassés, la broderie, broderie au passé et broderie d'or, tapisserie et broderie sur toile, le tricot, le crochet, la frivolité, le macramé, le filet, la dentelle irlandaise, dentelles diverses, ouvrages de fantaisie, recommandations diverses… Bel état. 42 € + port

6 commentaires:

Pierre a dit…

On me demande d’édulcorer ma diatribe sur la française moyenne. Je dois reconnaitre que je me suis levé du mauvais pied, ce matin ;-)) Pierre

pascalmarty a dit…

Alors deux conseils à l'ami Pierre (et peut-être aussi à Philippe Gandillet) pour tenter d'éradiquer ses vieux démons :
– Se souvenir qu'il y a déjà très longtemps que le Salon des Arts Ménagers a été supprimé.
– Méditer cette phrase d'Olympe : La Française a le droit de monter à l'échafaud, elle doit donc avoir aussi celui de monter à la tribune.

;-)

Nadia a dit…

Oui Pierre... suivez donc les conseils de Pascal.

Pierre a dit…

La française n'est jamais moyenne ;-)) Pierre

Unknown a dit…

La realisation de n'importe quel ouvrage est une methode de relaxation, c'est valable pour tous, de toutes nationalites et sexe confondus,

Pierre a dit…

Je ne vous promets pas de m'y mettre mais si cela peut m'éviter l'infarctus... Pierre