vendredi 7 décembre 2012

Les " Causeries littéraires et historiques " du vendredi soir de Jules Janin...


La mode littéraire, au 19eme siècle, fut aux causeries ; celles de Sainte-Beuve (1804 – 1869), celles de Philippe Gandillet (1807- 2319) et celles de Jules Janin (1804 – 1874) ayant marqué leur temps…

Pour les critiques littéraires, notamment Baudelaire en 1865, le nom de Jules Janin est synonyme de négligence et d'opportunisme dans l'exercice du métier d'homme de lettres. La mort empêcha ce dernier de terminer sa lettre à Jules Janin qui commençait ainsi : " Vous êtes un homme heureux. Je vous plains, Monsieur d'être si facilement heureux. Faut-il qu'un homme soit tombé bas pour se croire heureux…"


De 1830 à 1874, Janin est critique littéraire au Journal des débats. Celui qu'on surnomma le « prince des critiques » tire gloire d'y avoir écrit deux mille deux cent quarante feuilletons hebdomadaires, « Deux mille deux cent quarante sacs de papier, de vent, de niaiseries, de truquages » selon Thibaudet, à commencer par un pastiche du roman noir L'Âne mort et la femme guillotinée qui lui apportera la gloire.


Partisan déterminé de la monarchie de Juillet, fort richement payé et très sûr de lui, il sut user et abuser des pouvoirs qu'une presse en plein essor confère aux feuilletonistes et aux critiques. Il fut un des premiers à comprendre son importance. Dans la préface des Contes nouveaux (1833) il écrit: " Le journal est le souverain maître de ce monde, c'est le despote inflexible des temps modernes; c'est la seule souveraineté inviolable; c'est mieux qu'un pouvoir de droit, c'est un pouvoir de fait. Toutes les grandeurs du monde viennent se briser sur cet écueil "


Ce bavard, aimé du public, passe à l'époque pour brillant et plein d'humour. Il reste célèbre chez les bibliophiles pour être un grand amateur de belles éditions reliées par les artistes à la mode mais, à sa mort en 1874, sa bibliothèque va être vendue à l'encan et dispersée comme tant d'autres, cette bibliothèque qui, selon la pensée de son créateur, devait se conserver intacte dans un dépôt de l'état, et que la veuve n'a pas eu le temps de défendre contre le fatal et inexorable coup de marteau du commissaire-priseur


Paul Lacroix (le bibliophile Jacob) qui écrivit, avant la vente en 1877, un ouvrage en petit nombre intitulé "La bibliothèque de Jules Janin" disait : Avant un mois, il ne restera plus de cette charmante et aimable bibliothèque qu'un bon et correct catalogue, dû aux soins pieux du savant libraire et bibliophile M. Potier, et l'on se dira tristement que cette bibliothèque, qui n'ajoutera pas plus de 70,000 francs à la riche succession de la famille Huet, aurait été, dans un demi-siècle, le plus curieux monument de la littérature d'une époque où Jules Janin fut l'arbitre du goût, l'oracle de la critique, et le véritable représentant de l'esprit français.


Deux confidents, deux témoins sincères des idées de Jules Janin, Messieurs Piedagnel et A. de la Fizelière, l'un son secrétaire dévoué et désintéressé, l'autre son admirateur assidu et son intime conseiller tentèrent d'entretenir la mémoire de notre Académicien et de faire éditer ses œuvres complètes (le deuxième y arrivera). Cette élégante édition de ses causeries, que je propose aujourd'hui à la vente, comblera les amateurs. Pierre 


JANIN (Jules). Causeries littéraires et historiques. Molière, le bon Rollin, Daniel de Foë, la fin du Grand Siècle et du Grand Roi, Madame de Maintenon. Librairie Ch. Delagrave 1884 - Un volume grand in-8. Reliure demi-chagrin vert, dos à nerfs orné de caissons, filets et motifs floraux dorés. Cartonnage éditeur, plat supérieur estampé, toutes tranches dorées, gravures h.t. Pas de rousseurs. Bel état. 35 € + port 

2 commentaires:

pascalmarty a dit…

En essayant d'en savoir plus sur le Net à propos de Jules Janin, je viens de découvrir que l'Encyclopædia Universalis renonce à sa version papier. Serions-nous vraiment en train de changer de monde ?

Pierre a dit…

Ceux qui possèdent une telle encyclopédie peuvent donc considérer qu'ils sont potentiellement riches des nombreuses demandes qui vont les assaillir... [j'en ai deux à la vente]. Cette encyclopédie fut surement le pire ennemi des étagères en pin ! Pierre