mercredi 14 septembre 2011

Les Héros de la Vendée par M. De Préo chez Mame, édition originale de 1841.

Le but de l'ouvrage que je vous présente aujourd'hui est de vous faire envisager les guerres de Vendée et de la Chouannerie sous leur véritable aspect, et de leur rendre le caractère religieux que les passions politiques leur ont maintes fois dérobé. Même de nos jours, tout influencés que nous sommes par la grandeur de la Révolution française, il nous est difficile de juger cette dissidence avec impartialité et de dégager de nos a priori scolaires, les tristes préjugés qui ont longtemps poursuivi la mémoire des Vendeens et des Choans…


Cet ouvrage est destiné à la jeunesse – Il était d'ailleurs édité dans la bibliothèque de la jeunesse chrétienne. Elle y apprendra que l'amour de la religion et de la patrie peut amener à des actes d'héroïsme qui font passer la vie personnelle après les valeurs qui la soutiennent. Ce n'est pas "Voyage au bout de la nuit" avec son lot de combattants tombant bêtement au champ d'honneur des deux côtés. C'est mourir pour un parti pris, pour des idées … Qui sait ce que nous serions capables de donner nous-mêmes pour une idée, aujourd'hui ?

Les guerres de Vendée résumées…

Les vendéens (au sens Vendée militaire) sont des gens simples qui vivent dans l'austérité. Ils vivent de peu et travaillent beaucoup. Ils vivent loin des villes, souvent dans des villages et hameaux. Ils sont très attachés à leurs traditions, à leur terre et à leur religion. Ils pratiquent assidûment et sont dévoués à leur curé. En 1789, Ils fondent de grands espoirs dans la révolution lorsque celle-ci commence. Ils participent à l'élaboration des cahiers de doléances. Ils sont représentés aux états généraux pour la bourgeoisie et accueillent avec satisfaction les premiers changements. L'aristocratie de la Vendée, quant à elle, vit assez modestement dans sa campagne et aspire elle aussi au changement. Elle en fait part dans les cahiers de doléance en souhaitant que la monarchie absolue laisse place à une monarchie plus démocratique. Dernier interlocuteur, le prêtre en campagne vit lui aussi très simplement, il n'a pas de fortune comme certains prélats. Son mode de vie ressemble à celui de ses paroissiens : Simple et austère. Mais il a un impact très important sur les fidèles…


Depuis avril 1792, l'armée républicaine se bat à ses frontières contre la Prusse et l'Autriche. En 1793, l'Espagne et l'Angleterre s'associent à la Prusse et à l'Autriche pour mettre à bas la révolution française et moucher les républicains qui veulent annexer toute la rive gauche du Rhin. L'armée française qui n'est pas au mieux, n'arrive plus à trouver de volontaires. Face à la moitié de l'Europe, elle est obligée de recourir à l'enrôlement de force. La mesure est très mal accueillie. Par tirage au sort, 300 000 hommes célibataires de 18 à 40 ans vont être réquisitionnés pour aller défendre la France. Les fonctionnaires échappent à la réquisition, tout comme la bourgeoisie qui peut s'acheter un remplaçant. Ce sont donc les paysans et artisans qui seront tirés au sort et qui devront partir loin de chez eux, sur le front est, défendre la République.


Les paysans et artisans vendéens n'acceptent pas que les principaux bénéficiaires de la république, les fonctionnaires et les bourgeois (qui a dit : comme aujourd'hui ?), ne fassent pas parti du tirage au sort. C'est la conscription, à Saint Florent le Vieil qui met le feu aux poudres. Le jour du tirage au sort, toute la foule est là pour refuser la conscription. La foule se fâche et lynche les patriotes qui s'enfuient. Leurs munitions sont dérobées. Saint Florent entre en guerre. Plusieurs patriotes ont été tués, la guerre est maintenant irrémédiable...


Nous passerons gaillardement sur les premières victoires et les premières défaites des vendéens. Elles ont leur lot commun de haine, d'exploit, de gloire et de morts… Luçon, Nantes, Le Mans sont de véritables boucheries où les adversaires meurent par milliers. En février 1795, le climat en Vendée est plus serein. Les républicains proposent aux insurgés de signer un accord de paix. Charette mène les négociations qui débouchent sur les accords de La Jaunaye. Les insurgés, chouans et Vendéens, à l'exception de Stofflet apposent leur signature.

Les accords prévoient en échange de la paix :

- La liberté de culte et le droit pour les prêtres non jureurs d'officier là où ils sont majoritaires - Le gel de la conscription pendant plusieurs années et l'amnistie aux rebelles. Il faudra attendre 1796 pour que cette guerre civile s'arrête complètement, faute de combattants, tous les généraux vendéens ayant été tués… Le livre que je vous propose en trace d'excellentes biographies. Et puis, ce petit semi de branchages sur les plats est très joli… Pierre


PREO (M. de). Les Héros de la Vendée. Tours, Mame éditeur,1841. In-8 de VII, 383 pp. Reliure pleine basane, plats ornés d'un semis de rameaux estampé à froid, dos lisse orné de motifs, roulettes et filets dorés, pièce de titre en cuir noir avec lettres dorées , roulette sur les coupes. Page de garde en papier coloré. Coiffe inférieure usagée restaurée. Infimes rousseurs et cahiers solidaires. Edition originale. Bon exemplaire de cette biographie des huit principaux chefs vendéens. Vendu

5 commentaires:

Pierre a dit…

Le semi de branchage ne me convient pas quand il faut décrire les plats. Quel terme employer ? Pierre

Anonyme a dit…

Des plats d'épineux buissonnants ? estampés à froid ou montés au pochoir ?
Joli livre, qui n'est pas resté longtemps sur votre étal de bouquiniste (heu, pardon de libraire !) :)
Textor

Anonyme a dit…

Je ne suis pas du tout spécialiste (mais alors vraiment pas du tout), et le terme "branchage" m'évoque en effet plutôt un entrelacs de tiges feuillues.
J'aurais plus volontiers décrit : un semis (avec un "s") de rameaux.

Jean-Michel

Pierre a dit…

Très bien trouvé Jean-Michel. un "s" à semi, bien sûr. La première version était un "semé" et j'ai fait un changement de voyelle sans vérification... Il faut dire qu'il y a débat pour savoir si l'on écrit "semé" ou "semis" (chez les libraires ; pas à l'assemblée nationale) ! Pierre

Pierre a dit…

Bien vu, Textor ! Le livre n'est resté que trois heures à la vente. La raison en est due [je crois] à l’élégance des plats, au bon état de conservation des cahiers, aux biographies qui sont fouillées et au prix raisonnable de l'ensemble : Tout ce qui fait l’intérêt d'un livre ancien. Ce principe est valable pour le commerce de tous les exemplaires anciens ! Le problème n'est pas de vendre des ouvrages recherchés mais d'en trouver de bons... Pierre