jeudi 15 septembre 2011

Les contes du chat perché de Marcel Aymé dans une jolie édition illustrée...


Marcel Aymé (1902-1967) est le sixième enfant d'une famille de maréchaux-ferrants, à cette époque l'équivalent de nos vétérinaires ruraux (le diplôme en moins), ce qui explique que j'ai une tendresse particulière pour l'écrivain. Après une enfance campagnarde, il vient à Paris, à partir de 1925. Il y exerce divers métiers notamment celui de journaliste. Après le succès d'un récit, où la sexualité est source d'un comique satirique, La Jument verte en 1933, il se consacre entièrement à l'écriture. Peinture de mœurs, l’œuvre romanesque de Marcel Aymé, savoureuse et volontiers satirique, est souvent le constat désabusé d'un monde médiocre.


Ce pessimisme discret apparaît dans Travelingue (1941), dans Uranus (1948) magnifiquement mis en scène à l'écran et Le Vin de Paris (1947), témoignages ironiques sur la période de l'occupation et de la Libération. Pour pallier l'ennui du monde moderne, Marcel Aymé a recourt à l'émerveillement : Personnages pittoresques et désopilants, Le Boeuf clandestin (1939), ou rapports familiers entre le réel et l'imaginaire comme dans La Vouivre (1943).


Son goût du langage populaire savoureux, qu'il soit parisien ou campagnard, son art du récit, en font un des écrivains les plus talentueux de son époque. Un réalisme fantastique colore ses récits du Passe-Muraille (1943) et ses Contes du chat perché (1934, augmentés en 1950 et 1958) que je présente aujourd'hui à la vente dans une édition récente (1971, tout juste 40 ans !) en deux volumes, illustrée par Palayer et réalisée d'après les maquettes de Massin.


Le thème des contes du chat perché est très simple si vous posez comme postulat que deux petites filles d'âge scolaire vivant dans une ferme avec leurs parents sont entourés d'animaux doués de parole (je sais…). Delphine et Marinette grandissent à la campagne, entourées de parents peu compréhensifs. Rien de tel donc, pour s'évader, que de fréquenter la gent animale, encline aux gamineries. Et voilà dans la cour de la ferme, parlant à qui mieux mieux, un éléphant, une panthère noire, un paon, un canard faussement sage, un cochon rêvant de devenir détective... Toujours prêts à assister les fillettes dans leurs joyeuses aventures, ces animaux doués de raison ont bien peu à apprendre des hommes !


Marcel Aymé déclarait avoir écrit ces contes pour « les enfants âgés de 4 à 75 ans ». N'exagérons rien ! Les grands-parents achètent ces livres pour raconter des histoires merveilleuses à leurs petits-enfants enfants avant de les mettre au lit, les enfants les lisent tant que les mêmes grands-parents ne leur ont pas offert la nouvelle "plaischtéchonne" à Noël, les ados trouvent ça complètement nul, les papa préfèrent s'offrir deux places au stade vélodrome pour le même prix et maman aimerait bien que cette somme serve à réparer le robinet de la douche qui fuit depuis un mois…


Les contes bleus sont des contes écrits avant guerre, les contes rouges après 1963. Je n'ai aucune idée du pourquoi-du-comment-du-choix-des-couleurs… Donc, deux très beaux ouvrages pour grands-parents sympas. Pierre


AYME (marcel). Les Contes bleus Du Chat Perché : Le loup – Le cerf et le chien – L'éléphant – Le canard et la panthère – Le mauvais jars... NRF, Paris 1974, grand in-8° carré, cartonnage éditeur illustré relié par Babouot d'après la maquette de Massin. Images de Palayer. Comme neuf.

AYME (marcel). Les Contes rouges Du Chat Perché - Sept Contes : La Patte Du Chat - Les Vaches - Le Chien - Les Boites De Peintures - Les Boeufs - Le Problème - Le Paon. NRF, Paris 1971, grand in-8° carré, cartonnage éditeur illustré relié par Babouot d'après la maquette de Massin. Images de Palayer. Comme neuf. L'ensemble des deux ouvrages : Vendu

10 commentaires:

Pierre a dit…

J'ai mis un fin limier sur la piste du pourquoi-du-comment-du-choix-des-couleurs… Le bleu est résolu, semble t-il. Il reste le rouge. Une facétie de plus de Marcel Aymé ? Pierre

Anonyme a dit…

Et que nous dit le fin limier ?
Textor

calamar a dit…

la premier tirage de ces illustrations, que je ne connaissais pas, est de 1963, semble-t-il. Les Contes du Chat Perché sont un bon sujet de collection, notamment les éditions illustrées par Nathalie Parain. Et en plus ce n'est pas très rare !
Pour les couleurs, j'avais entendu une explication certainement fausse : bleu pour les Contes pour garçons, rouge pour les Contes pour filles. Mais je n'y crois pas du tout.

Pierre a dit…

Jean-Michel a dit :

Après une petite réflexion, une hypothèse :

Chronologiquement les « Contes bleus » furent les premiers à être écrits et furent nommés ainsi d’une façon tout à fait normale, car c’étaient bien des contes bleus, c’est-à-dire des contes féeriques.

On pourrait voir une facétie de Marcel Aymé pour les « Contes rouges », celui-ci remotivant le mot pour lui donner la stricte définition d’une couleur n’ayant plus rien à voir avec la connotation idéalisée du bleu, couleur du rêve, et le rouge s’opposant tout naturellement au bleu pour « faire joli ». Marcel Aymé devient un candide n’ayant pas lu les contes mais chargé malgré tout de trouver un titre à cette deuxième série.

Il faut bien préciser quand même que ce n’est qu’une hypothèse, une fulgurance d’esprit, comme un jet de vapeur qui sortirait d’une locomotive trop chargée, aucune attestation ne venant la corroborer...

Textor a dit…

Ou alors c'est un clin d'oeil à Picasso, période bleue, période rose ...

Nadia a dit…

Tiens, Monsieur Textor n'est plus anonyme...

Anonyme a dit…

Pourquoi marcel aymé à donner le titre les contes bleu du chat perché?

Pierre a dit…

Les réponses sont dans les commentaires. A noter que Yan d'Argent, illustrateur du début du vingtième siècle, avait déjà utilisé ces déterminismes de couleur pour ses contes. Pierre

Anonyme a dit…

Non mais les contes bleu du CHAT PERCHÉ

calamar a dit…

les chats aiment bien se percher. Celui de Delphine et Marinette se poste toujours sur le sommet du mur qui entoure la cour de la ferme.