mardi 27 septembre 2011

Mlle A. Celliez : Les Reines de France et d'ailleurs habillées de jolies percalines dorées...

Pourquoi les bibliophiles collectionnent-ils les cartonnages romantiques du XIXeme siècle et en particulier les cartonnages recouverts de percale et ornés de plaques dorées ? Je devrais pouvoir y répondre puisque je… En fait, je manque, pour cette fois, de clairvoyance et vous pourrez peut-être me donner une réponse satisfaisante.


Depuis le début du XIXeme siècle, le livre était devenu l'ami des foyers. Peu à peu, se généralisa l'habitude d'offrir des livres pour les anniversaires, les fêtes, les mariages et lors de distribution des prix dans les écoles. Pour établir un prix de vente accessible, il fallut imprimer et relier des milliers d'exemplaires. L'ère industrielle tombait à point ! Engel qui débuta avec son beau-frère Shaeck ; Lenegre secondé par Magnier ; Mame, établi à Tours et quelques années plus tard, Hachette se lancèrent dans la production mécanique des livres. La reliure industrielle s'imposa comme une nécessité venue à point faire la grande série des cartonnages romantiques.


Tout le monde a, dans les rayonnages de sa bibliothèque, ces magnifiques ouvrages souvent surchargés de dorures. Il est pourtant une catégorie de cartonnages romantiques qui échappe au "tout mécanique" et qui par l'obligation du caractère manuel du façonnage des plats est particulièrement recherchée des collectionneurs. Il s'agit des "percalines à plaques". Nous en avons d'ailleurs un émérite spécialiste en Provence qui s'est attaqué, vaste programme, à les classer et à les répertorier... J'ai l'intuition que ces ouvrages sont un bon placement financier et que le travail de quelques érudits va profiter à tous les collectionneurs et tous les bibliophiles qui en possèdent…


La percaline est une toile de coton légère et lustrée, d'origine anglaise, qui apparaît en France vers 1830. Elle existe en plusieurs couleurs. Elle est noire et bleue nuit dans les premières années puis remplacée par de la percaline rouge vers 1860. Elle est travaillée au cylindre pour lui donner un grain qui rappelle le grain d'une peau, comme le chagrin ou le maroquin mais elle peut aussi avoir des rayures ou des chevrons.


Les décors se font à l'aide de plaques à gaufrer et de plaques à dorer, propres à chaque ouvrage, et il faut imaginer sous la presse, les petites mains des employées posant, de façon précise, les petits ajouts colorés qui font ces si belles plaques polychromes que nous collectionnons…


J'en viens au texte. Bon ! Il arrive que celui-ci soit excellent, pertinent, intelligent, étayé de démonstrations éblouissantes et admirablement illustré. Mais des fois, il arrive que le plumage soit plus beau que le ramage… J'en conviens.


Je crois que le simple plaisir visuel d'une reliure ornée manuellement, sur ses plats et sur son dos, n'est pas étranger au plaisir de l'achat tout court. Des ouvrages souvent édités à petit nombre d'exemplaires d'ailleurs… Je développerai tout ceci à l'aide d'exemples cette semaine. Pierre


CELLIEZ (A.). Les Reines de France. Paris, P.-C. Lehuby, 1851. 1 volume grand in-8. Reliure éditeur pleine percaline dorée. Grande plaque estampée et dorée à 4 médaillons sur le 1er plat, dos entièrement décoré d'un motif doré, motif doré central sur le deuxième plat, tranches dorées. 1faux-titre, 1frontispice, 1titre, VIII + 764pp, 2 feuillets. 17 planches hors texte. De Clothilde à Marie-Antoinette. Deuxième édition "revue et corrigée" d'un ouvrage publié en 1847, plaque de 1847 réutilisée avec des médaillons différents sur le 1er plat, et un dos différent. Lehuby fut, dans les années 1840-1850, un des plus importants éditeurs parisiens de livres pour les jeunes, sans doute le premier à vendre de tels cartonnages d'éditeur en percaline dorée (ou mosaïquée). Cartonnage en très bel état, pas de rousseurs ni de frottements. Vendu


CELLIEZ (A.). Les Reines d'Angleterre. Paris, P.-C. Lehuby, 1852. 1 volume grand in-8. Reliure éditeur pleine percaline dorée. Plaque estampée et dorée avec un décor armorié sur le 1er plat, dos entièrement décoré d'un motif doré, nom de l'éditeur en queue, motif doré central sur le deuxième plat, tranches dorées. 1faux-titre, 1frontispice, 1titre, IV + 617pp, 1 feuillet. 16 planches hors texte. Cartonnage en état satisfaisant mais traces d'usure aux mors et sur la coiffe supérieure, des rousseurs sur les serpentes et dans le texte. 110 € + port

5 commentaires:

calamar a dit…

belle vitrine, qui mérite au moins un détour !

Pierre a dit…

Il y a là de quoi satisfaire l'amateur et le curieux. J'offre le café à ceux qui complimentent le boutiquier ;-)) Pierre

Nadia a dit…

Si c'est votre fidèle secrétaire qui le prépare, c'est encore mieux, non ?

Pierre a dit…

Pas de problème. Vous me l'envoyez par le réseau ?
Merci quand même de me le proposer ;-)) Pierre

Pierre a dit…

Jean-Michel qui n'arrive plus à poster de commentaire sur le blog (est-ce lié à mon serveur ou sa bécane, je ne le sais...) m'indique :

« Les livres sont beaux mais leur contenu paraît moins sûr.

Ce n'est pas Alphonse VI mais Alphonse VIII qui devint le gendre d'Aliénor d'Aquitaine en se mariant avec sa fille, Aliénor d'Angleterre, et dont il eut une autre fille que Blanche, Aliénor de Castille.

Vu d'ici tout cela se ressemble, mais ce n'est pas forcément une raison pour excuser l'erreur. Autant confondre, chez les Bonaparte, Louis-Napoléon et Napoléon-Louis. »

Cette erreur serait-elle de taille à donner de la plus-value à l’ouvrage ? Je n’aurais bien sûr rien relevé si, par un hasard étrange, je n’avais pas eu directement sous la main à l’heure où j’ai lu ta description le livre « Pour une image véridique d’Aliénor d’Aquitaine », qui tente de démontrer qu’Aliénor ne serait ni aussi traîtresse ni tant infidèle qu’on a bien voulu l’affirmer. Mais bon, il y a largement prescription de toute façon.


Merci Jean-Michel pour cette précision. Je démonte mon ordinateur pour réparer la connexion avec vous ;-)) Pierre