samedi 25 juillet 2009
Rabelais en Avignon
Les amis de Philippe Gandillet sont mes amis.
Et quand ils reviennent du festival d'Avignon, ils me racontent leurs journées en s'inspirant d'un écrivain qui y a séjourné avant eux… Merci, JPP.
" Philippe Gandillet - légèrement indisposé par la mise en application de diverses recettes choisies dans Le Cuisinier Royal auxquelles son organisme délicat, inutilement mortifié de surcroît par une ascèse superfétatoire, n'a su résister – m'a fait l'honneur de me demander quelques billets de saison en intermède de ses brillantes causeries du lundi (Sainte Beuve, ora pro nobis),
C'était beaucoup d'honneur pour le béotien que je suis. Mais cédant à sa pressante et amicale demande, je ne pus qu'accepter.
De retour dans ma thébaïde, il me fallut bien trouver un sujet. Restons local, me dis-je. En la belle cité des Papes, se tient le festival du même nom et je songeais alors au Veme livre de Pantagruel et à l'Isle Sonnante dont Rabelais fit si parlante description. Que les lecteurs bénévoles « beuveurs infatigables et autres » se rapportent au Prologue de cet ouvrage.
Aborder Avignon, en ce mois de juillet, est saisissant : « Le bruit de loing venant, fréquent et tumultueux » n'est certes plus celui de « cloches grosses, petites et médiocres, ensemble sonnantes dès jours de grandes festes » mais celui de force cris, interpellations de toutes sortes, piètinements d'une multitude, sons d'instruments divers et improbables, discours logorrhéiques plus variés qu'à Babel proférés de tous côtés par bonimenteurs et batteleurs qui vous assaillent et vous étonnent.
Et si Pantagruel et ses compagnons durent péniblement jeûner quatre jours avant de pénétrer sur l'Isle, cela leur serait encore plus difficile aujourd'hui tant sont tentantes les sollicitations des aubergistes et restaurateurs qui concourent à la presse emplissant les rues.
Mais les oiseaux qui peuplent la ville ne sont plus Clergeaux, Monagesses, Prestregaux et autres Abbegesses et Evesgaux. On y rencontre maintenant histrions, théatreux saltimbanques, gens de trétaux et de musique, intellectuels de haut lignage et bien en cour comme matamores inconnus prêts à croquer le monde, courtisans du In et peuple du Off. Ce ne sont plus chapelles,églises ou couvents qui abritent ces volatiles colorés mais théatres petits ou grands,salles de tout volume,garages reconvertis,anciens cinémas,cours d'école ou de lycée voire d'honneur jusqu'à celle du Palais des Papes,
Et tout ce monde parle, chante, mime, saute, déclame, s'agite dans un joyeux désordre d'affiches hautes en couleurs tapissant les murs de la vieille cité qui s'encanaille chaque été dans ce magnifique bouillonnement (forcément de culture…)
Puis bien sûr « les oiseaux de l'Isle Sonnante estoient tous passagers (et) une fois avolés retournent au monde où ils furent connus...bien tard et à regret...Celà de rien ne nous mélancholie... »
Craignant maintenant de lasser les aimables visiteurs de ce site, je les renvoie à l'oeuvre bien supérieure de mon ancien et estimé confrère le bon docteur Rabelais et aux faicts et dicts héroiques du Bon Pantagruel. "
RABELAIS François ; Oeuvres, 6/6 Tomes, 1971, Ed. Michel de l'Ormeraie 1970 Grand in 8, reliure éditeur skaivertex bordeaux, motifs en dorure, tranches dorées, Etat quasi neuf, dos insolé. Livres Rares et Précieux (avec certificat), illustrations de Gustave Doré, composé par Feu Mr Alcofribas. T1: Livre très horrifique du grand Gargantua, 263 pages. T2: Pantagruel Roy des Dipsodes, 201 pages. T3: Des faicts et dicts du Bon Pantagruel, 242 pages. T4: Des faicts et dicts du Noble Pantagruel, 279 pages. T5: Des faicts et dicts du Bon Pantagruel, 217pages. T6: Pantagrueline prognostication certaine, véritable et infaillible pour l'an perpétuel, 262 pages. Vendu
Le festival d'Avignon se termine. Le festival D'Aix et les Chorégies d'Orange nous combleront-ils aussi ?… Pierre
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1 commentaire:
J'étais en Avignon ce samedi soir et j'ai découvert un restaurant à l'enseigne de "l'Isle sonnante". J'ai trouvé l'endroit épatant pour un repas entre amoureux des livres. On peut aussi y amener sa femme, semble-t'il !
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