lundi 13 juillet 2009
Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Allais
J'ai trouvé ce matin dans ma boite aux lettres un ouvrage d'Alphonse Allais que Pierre Brillard me demande de présenter sur son blog. Quel heureux hasard !
Je ne sais pas si je vous ai dit que j'étais originaire d'un petit village près d'Honfleur où est né ce célèbre humoriste. Il me semble vous l'avoir mentionné mais je n'en suis pas sûr. Où alors, si je l'ai fait, vous ne vous en rappelez plus. C'est égal. Je ne l'ai pas personnellement connu. Il était toujours décédé quand je suis repassé plus tard à Honfleur mais j'y ai rencontré un artiste assez étrange qui a contribué, en son temps, à la magnificence de la sculpture Française.
Vous me direz que les artistes sont souvent étranges et parbleu nous voyons quotidiennement les résultats surprenants de leur imagination débordante au milieu des ronds points financés par les conseils généraux de tous nos départements !
Mais je m'égare. C'est la proposition surprenante que m'a faite ce Monsieur qui va retenir votre attention et vous couper le souffle.
Je vous assure mes amis que tout ce que je vais vous relater est strictement véridique. Il n'est qu'à demander à Tartarin si je mens…
Il faut vous préciser que, dans un souci de perfection artistique, les monuments nationaux avaient demandé aux grands artistes de l'époque de restaurer les plus beaux fleurons de nos musées pour les présenter tels qu'ils étaient dans leur état d'origine. Cet artiste, appelons le Jean-Paul pour ne pas dévoiler son vrai prénom qui est René, devait refaire les bras de la Vénus de Milo.
J'étais donc à Honfleur. Quel pays délicieux quand le climat est doux et que l'on peut retrousser ses manches pour profiter du doux zéphyr normand ! Ce monsieur m'arrête, se présente et très poliment m'indique que mes avant-bras correspondent à s'y méprendre à ceux qu'il avait imaginé pour notre Vénus. Qu'auriez-vous fait ?
Il se trouve que j'avais un peu de temps de libre devant moi et qu'une rétribution, somme toute alléchante, m'était allouée par le gouvernement français. Nous avons donc retroussé nos manches, lui et moi, pour offrir au plus vite les prothèses demandées aux musées nationaux.
Le jour de l'inauguration vint. Après quelques discours lénifiants, le voilage tomba pour révéler à l'assistance médusée l'harmonie de la composition et l'anatomie complète de notre Vénus. Ce n'est pas pour me vanter mais il faut reconnaître que j'ai de très jolis avant-bras.
- Messieurs ? fit alors un jeune sous-préfet boutonneux au fond de la salle.
- Je ne voudrais pas jouer les oiseaux de mauvais augure mais pour refaire les bras de la Vénus de Milo à l'identique, encore eusse-t'il fallu savoir comment ils étaient avant leurs disparition !
Je ne suis pas un adepte, vous le savez, de l'imparfait du subjonctif mais il faut reconnaître que la réflexion était tapée du bon sens. Ces Messieurs de l'institut furent convoqués dans l'heure et c'est ainsi que, dès le lendemain, notre Vénus perdit mes jolis bras qui lui allaient si bien.
L'affaire fut rapidement classée. Vous ne le saviez pas ?
J'allais oublier les livres de Pierre.
ALLAIS Alphonse. Les meilleures chroniques présentées par P Varenne, 1935, in 8, broché, Defontaine éditeur, illustrations de P Le Trividic, exemplaire sur velin N° 632 sur 890, dos un peu fatigué (moi aussi), le reste parfait (moi aussi). 35 € port compris.
SARCEY Francisque. Quarante ans de théâtre - Corneille… et la tragédie, 1900, in 12, percaline verte, dos à lettres dorées, buste de Sarcey en frontispice, bibliothèque des annales, très bon état, 25 € port compris.
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