Grandville, de son vrai nom Jean Ignace Isidore Gérard, est né à Nancy en 1803. Fils et neveu de miniaturistes, il travaille chez son père avant de partir à Paris, à l'âge de 23 ans. Après un stage chez Mansion, puis chez Hippolyte Lecomte, il commence à dessiner des costumes pour l'opéra-comique et collabore à des revues de peu d'importance. C'est en 1829, à 26 ans, qu'il se rend célèbre, avec la parution de ses Métamorphoses du jour, chez Bulla, dont les caricatures d'hommes à têtes d'animaux s'attirèrent sur le champ autant de louanges que d'imitateurs.
Grandville illustra alors de nombreux ouvrages, et de 1835 à
1847 fournira des centaines de dessins aux éditeurs. En 1838, l'éditeur
Fournier lui commande l'illustration du Gulliver de Jonathan Swift que je
propose aujourd'hui à la vente dans son édition originale.
Il s'agit d'un de ses plus beaux livres, aux dires des connaisseurs.
Aux côtés de Daumier et de Gavarni, Grandville collabore aussi à différents
périodiques en vogue, dont L'Artiste, Le Charivari, La Caricature. Ses planches
satiriques prennent pour cible ses contemporains et la société.
Ses violentes attaques contre la politique de la monarchie de Juillet lui valent des problèmes avec la censure. Quand en 1835 de nouvelles lois rendent la critique ouverte de l'ordre établi quasiment impossible, le caricaturiste se tourne alors essentiellement vers l'illustration de livres.
Grandville illustre successivement les Fables de La Fontaine
(édition Fournier et Perrotin de 1838), les chansons de Béranger, le Don
Quichotte de Cervantès, le voyage de Gulliver
de Swift , les Scènes de la vie privée et publique des animaux (1842), Les
aventures de Robinson Crusoé et les Fleurs animées que nous avons présentées dernièrement,
ici (1847).
L'ouvrage que je présente aujourd'hui est bien complet de
son frontispice sur chine et de ses hors texte. Il fut vraisemblablement relié
postérieurement [mais quand ?] si l'on en croit la présentation du cartonnage
et le fait que le frontispice sur chine ne soit pas volant mais relié en tout
début de deuxième volume… Conservé sans aucune rousseur, il ravira le
collectionneur !
Grandville est mort fou, à l'asile de Vanves en 1847. Les
surréalistes l'ont salué comme un de leurs précurseurs. Alexandre Dumas
décrivait son ami en ces termes : " Sourire sain et moqueur, yeux
pétillants d'esprit, bouche railleuse, petite taille, grand cœur et mélancolie
charmante répandue sur tout cela ". Un brave homme assurément… Pierre
SWIFT & GRANDVILLE. Voyages de Gulliver dans les
contrées lointaines. Paris, Furne et Cie et H. Fournier, 1838. 2 tomes en 2
volumes in 8 (21/13cm). Cartonnage vert empire, dos lisse avec titre et
auteur dans un encadrement doré, toutes
tranches mouchetées. Edition en premier tirage des illustrations de Grandville.
Le frontispice sur chine au tome II, 450 vignettes sur bois in-texte et hors
texte. Traduction nouvelle, notice biographique et littéraire sur Jonathan
Swift par Walter Scott. 279 pages et 319 pages. Bel exemplaire sans rousseurs. Vendu
2 commentaires:
J'aimerais bien dater cette reliure par curiosité. Un amateur peut-il m'aider ? Il s'agit d'un cartonnage recouvert d'une matière épaisse et rigide de type percale traitée. Les ornementations du titre font art-nouveau, la vignette au contreplat fait début 1900... Pierre
Merci la loupe et les légères usures aux coiffes. il s'agit bien d'une percale traitée façon granité. Pierre
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